Des Ehpad Orpea en grève contre le non-versement d'une prime
Une trentaine d'Ehpad du groupe Orpea, sur 229 en France, étaient touchés vendredi à des degrés divers par un mouvement de grève contre le non versement d'une prime d'intéressement, selon la CGT.
Un tel niveau de mobilisation est peu courant dans une entreprise où "habituellement la pression de la direction est forte", mais "les salariés ont passé le cap de la peur", a dit à l'AFP Dominique Chave, secrétaire général de la CGT "santé privée".
Les salariés en grève - certains pour quelques heures, d'autres pour la journée entière - protestent contre la décision annoncée mi-mai par la direction du groupe de ne pas verser cette année de prime d'intéressement, en raison de résultats financiers moins bons qu'attendu. Cette prime avait atteint 750 euros net en 2020, puis 350 euros en 2021, selon le syndicat majoritaire Arc-en-Ciel.
La suppression de la prime en 2022 "a été accueillie comme une déclaration de guerre", d'autant que ce bonus permettait souvent aux salariés, très mal payés, de financer leurs vacances, a souligné M. Chave.
La direction de l'entreprise a précisé vendredi à l'AFP qu'elle espérait cependant verser cette année une "prime exceptionnelle de pouvoir d'achat" (Pepa), dite prime "Macron", de 1.000 euros par salarié. Cette décision a d'ailleurs été actée "avant même l'annonce" de la grève, selon la direction, dans la tourmente depuis la sortie en janvier du livre-enquête "Les Fossoyeurs".
Les primes "Macron", versées par les entreprises, sont exonérées d'impôt et de cotisations sociales. Pour être mis en place, le dispositif doit toutefois être validé par un décret gouvernemental.
"Pour nous, une prime Pepa ne compensera pas la prime d'intéressement. D'autant que certains salariés risquent de ne pas y avoir droit", a dit à l'AFP Isabelle Signori, élue Arc-en-Ciel et secrétaire du CSE d'Orpea. Le syndicat Arc-en-Ciel, qui avait déjà organisé des débrayages fin mai, avait appelé vendredi à un rassemblement devant le siège du groupe à Puteaux (Hauts-de-Seine), au côté de l'Unsa.
Selon les syndicats, la colère des salariés a été ravivée par de récentes révélations dans les médias selon lesquelles plusieurs cadres d'Orpea se sont enrichis via des montages financiers complexes en Suisse, au Luxembourg ou dans des paradis fiscaux. "Et nous, on n'a rien ? On ne peut plus entendre ça!", a dit à l'AFP Karima Mokeddem, représentante syndicale Unsa, qui participait au rassemblement à Puteaux.
Une délégation d'élus syndicaux a été reçue vendredi matin, selon la direction qui a "pris l'engagement de refondre la politique salariale et de rénover le dialogue social". L'entreprise a promis également de modifier les modalités d'octroi de la prime d'intéressement, afin qu'elle ne dépende plus seulement des résultats financiers annuels.
X.Cabello--ESF