Aéroports parisiens: vers une sortie de crise, juste avant les grands départs
Fin de conflit dans les aéroports parisiens? Direction et syndicats affichent leur optimisme tandis que les salariés doivent se prononcer vendredi sur une proposition d'accord, in extremis avant les grands départs.
La perspective d'annulations de vols touchant des milliers de passagers s'était déjà éloignée jeudi avec la signature d'un accord entre le Groupe ADP, gestionnaire des aéroports de Roissy, Orly et du Bourget, et les pompiers de l'entreprise.
La grève des soldats du feu, entamée le 30 juin, s'était traduite la semaine dernière par l'annulation de centaines de vols au départ ou à l'arrivée de Roissy, premier aéroport français. L'autre grande plateforme d'Ile-de-France, Orly, n'était pas concernée.
La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait imposé ces annulations préventives, représentant jusqu'à 20% des vols entre 07H00 et 14H00, au nom de la sécurité: la réduction du nombre des pompiers disponibles avait rendu nécessaire de fermer une partie des pistes de Roissy.
Cette mesure ne sera donc pas nécessaire ce week-end, qui marque le début des vacances scolaires d'été, a confirmé une porte-parole de la DGAC.
Le Groupe ADP, contrôlé par l'Etat, n'a pas donné de détails sur l'accord avec les pompiers, alors que "les négociations se poursuivent dans un climat constructif" avec les représentants d'autres personnels qui ont déposé un préavis de grève de vendredi à dimanche inclus.
Ces salariés demandent une "augmentation générale des salaires de 6%", rétroactive au 1er janvier, outre des revalorisations supplémentaires pour certaines catégories de personnel, ainsi qu'une revalorisation des indemnités de transport et une "amélioration des conditions de travail".
Jeudi soir, des organisations syndicales ont elles aussi fait part de leur optimisme, alors qu'une offre de la direction doit être soumise à une assemblée générale du personnel vendredi matin.
- "Sortie de crise honorable" -
Il s'agit d'une "proposition plutôt intéressante qui permet de revenir sur les réductions de salaires consenties par les salariés en 2021, et prévoit une augmentation correspondant au niveau de ce qui a été vu dans d'autres entreprises de transport", a détaillé à l'AFP le délégué syndical de la CGT chez ADP, Daniel Bertone.
Mercredi, la direction de la SNCF a ainsi accordé une augmentation à ses salariés qui sera de 3,7% pour les petits salaires et 2,2% pour les cadres, sur fond de forte inflation qui grignote le pouvoir d'achat.
Sans préjuger de la décision des salariés d'ADP vendredi, "la CGT trouve qu'il y a eu des avancées" et que la résolution du conflit est "en bonne voie", a ajouté M. Bertone. Son homologue à la CFE CGC, Rachid Eddaidj, a évoqué la perspective d'une "sortie de crise honorable".
Les syndicats font valoir que les augmentations demandées compenseraient l'inflation qui s'approche des 6% sur un an, alors que les salariés d'ADP avaient accepté de réduire leurs traitements pour permettre à l'entreprise de traverser la crise du Covid-19 qui a divisé par trois le nombre des clients des aéroports parisiens en 2020.
Le groupe a aussi mené un plan de départs volontaires et s'était engagé à ce que les salaires retrouvent leur niveau d'avant-crise dès que les effets de celle-ci sur le trafic se seraient dissipés.
Or, certains trajets ont déjà dépassé leurs niveaux d'activité de 2019, en particulier les liaisons vers l'outre-mer ou encore celles, saisonnières, vers l'Europe du Sud.
Des salariés de sous-traitants d'ADP ont eux aussi fait grève la semaine dernière et jusqu'ici promis de se remobiliser pendant le week-end des 16 et 17 juillet.
Mercredi, le nouveau ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, avait annoncé avoir reçu le PDG d'ADP Augustin de Romanet et assuré sur Twitter que "le gouvernement est mobilisé pour éviter les perturbations, encourager le dialogue social et renforcer les précautions sanitaires, dans l'intérêt de tous".
Eurocontrol, l'organisme de surveillance du trafic aérien du Vieux continent, estime que celui-ci pourrait retrouver en août jusqu'à 95% de son niveau de 2019.
Pourtant, l'été s'annonce très difficile pour le secteur, qui peine à retrouver son efficacité opérationnelle et connaît de nombreux mouvements sociaux à travers l'Europe.
F.Gomez--ESF