Wall Street ouvre en baisse, attentiste avant la saison des résultats
La Bourse de New York évoluait en baisse lundi peu après l'ouverture, rattrapée par la perspective d'un fort ralentissement économique, crispée par de nouveaux confinements en Chine et prudente avant le début de la saison des résultats qui commence cette semaine.
Vers 13H55 GMT, le Dow Jones cédait 0,44%, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, lâchait 2,25%, et l'indice élargi S&P 500, perdait 1,16%.
Les indices new-yorkais suivaient la tendance imprimée plus tôt par les places asiatiques puis européennes.
"De retour de week-end, l'humeur est tendue par les craintes liées à la croissance", a expliqué, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com.
Le marché s'inquiétait d'une nouvelle vague de confinements en Chine qui s'est étendue lundi à Macao où les habitants n'ont plus le droit de sortir que pour des achats de première nécessité ou pour se faire tester.
La nouvelle a frappé de plein fouet les groupes de casinos et hôtellerie MGM Resorts International (-2,62%), Wynn Resorts (-6,77%) et Las Vegas Sands (-8,17%), qui étaient tous aux abois dans les premiers échanges.
Wall Street suivait aussi le dossier énergétique en Europe, qui redoute que l'acheminement du gaz russe ne reprenne pas à l'issue des travaux de maintenance entamés lundi par la compagnie Gazprom sur les deux gazoducs Nord Stream 1.
"Il y a beaucoup à encaisser en ce moment", a commenté Maris Ogg de Tower Bridge Advisors. "Et bien sûr, le marché n'aime pas l'incertitude."
"Donc c'est plaisant de voir un rebond ici ou là", à l'instar de la séquence enregistrée la semaine dernière, avec trois hausses du S&P 500 en quatre séances, "mais il ne semble pas que la tendance de long terme ait changé", a estimé l'analyste.
L'heure était à la prudence, lundi, comme en témoignait le marché obligataire, marqué un par un net recul des taux, signe du goût des investisseurs pour ces actifs jugés plus sûrs.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans descendait en-dessous de 3%, à 2,98%, contre 3,08% vendredi.
La courbe des taux, graphique qui relie les rendements pour les principales échéances obligataires, était toujours inversée, avec un taux à 2 ans au-dessus du 10 ans, un phénomène souvent interprété comme annonciateur d'une récession.
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, remontait sensiblement de 7%.
La saison des résultats démarre cette semaine à Wall Street, avec PepsiCo mardi, Morgan Stanley jeudi, ainsi que Wells Fargo et BlackRock vendredi.
Selon Sam Stovall, du cabinet CFRA, les analystes ont récemment revu leurs estimations à la baisse, mais s'attendent toujours, en moyenne, à une hausse de 5,2% des bénéfices trimestriels sur un an.
Néanmoins, ils voient également les marges se contracter de 4,9%, toujours par rapport à la même période de 2021.
"Les investisseurs se demandent quand les analystes vont commencer à abaisser leurs estimations" pour l'ensemble de l'année 2022, "comme l'ont fait les économistes pour les prévisions de croissance", a commenté, dans une note, Sam Stovall.
Maris Ogg a rappelé que plusieurs sociétés américaines avaient déjà pris les devants et averti les opérateurs d'un changement de trajectoire, notamment Microsoft ou Salesforce.
"On sait déjà que les entreprises vont nous dire que le deuxième trimestre était correct, mais qu'elles font face à un dollar fort, à l'inflation, à la hausse du coût de la main d'oeuvre", ce qui devrait amputer leurs résultats du second semestre, a-t-elle dit. "Donc je m'attends à ce que les prévisions soient abaissées."
A la cote, Twitter dévissait (-6,68% à 34,35 dollars) après l'annonce du retrait d'Elon Musk, qui a indiqué vendredi, après Bourse, renoncer à l'acquisition du réseau social. Le dossier paraît maintenant devoir se déplacer devant les tribunaux, ce qui devrait prolonger la période d'incertitude autour de l'avenir de la plateforme, déjà fragilisée.
Tesla (-4,17% à 720,77 dollars), que dirige Elon Musk, ne faisait guère mieux, sapé par le climat généralisé d'aversion pour le risque, qui pénalisait les valeurs technologiques et de croissance.
R.Salamanca--ESF