L'Ukraine s'attend à une nouvelle offensive russe, l'UE craint des coupures de gaz plus importantes
L'Ukraine a prévenu lundi que les forces russes s'apprêtaient à lancer une nouvelle offensive sur des villes-clés du Donbass, dans l'est, tandis que des attaques sur Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne, ont fait six morts.
L'Europe est de son côté entrée dans une période de grande incertitude quant à la poursuite des livraisons de gaz par la Russie, le géant russe Gazprom entamant les travaux de maintenance des deux gazoducs Nord Stream 1, qui acheminent le gaz livré à l'Allemagne et à d'autres pays de l'ouest du continent européen.
Cet arrêt pour dix jours ne devait en théorie n'être qu'une formalité technique. Mais dans le contexte de la guerre en Ukraine et du bras de fer entre Moscou et les Occidentaux sur l'énergie, personne ne peut parier sur la suite.
Kramatorsk, le centre administratif du Donbass encore sous contrôle ukrainien, et la cité voisine de Sloviansk sont considérées comme les prochaines cibles des militaires russes dans leur plan de conquête totale du bassin minier du Donbass, quatre mois et demi après le début de l'invasion de l'Ukraine.
- 26 morts à Tchassiv Iar -
Dans le même temps, le bilan du bombardement dimanche d'un immeuble d'habitation de Tchassiv Iar, dans l'est de l'Ukraine, est passé à 26 morts, a déclaré la branche locale du Service ukrainien des situations d'urgence. Neuf personnes ont par ailleurs été secourues.
Des journalistes de l'AFP ont vu lundi des dizaines de sauveteurs s'affairer dans les décombres de ce bâtiment partiellement détruit, aidés par une pelleteuse mécanique.
Les secours n'ont pas précisé combien de personnes se trouvaient encore sous les décombres.
Tchassiv Iar, une localité de 12.000 habitants, est située dans la région de Donetsk qui constitue l'objectif prioritaire des soldats russes après leur conquête revendiquée de la région voisine de Lougansk pour occuper l'ensemble du Donbass.
Celui-ci est partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes soutenus par Moscou après l'annexion russe de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Le porte-parole du ministère de la Défense russe, Igor Konachenkov, a pour sa part assuré lundi que "plus de 300" combattants ukrainiens avaient été tués dans des frappes près de Tchassiv Iar, sans toutefois donner de dates.
Selon le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, au moins 591 civils ont été tués et 1.548 autres blessés à ce jour dans la région depuis le début de l'invasion russe le 24 février. Vendredi, il avait dit que Moscou préparait de "nouvelles actions" dans l'est.
L'armée ukrainienne a fait état de nombreux bombardements dans tout l'est de l'Ukraine, mais d'une pause dans les attaques terrestres russes.
"L'ennemi dans notre zone opérationnelle reste derrière les lignes de défense, n'avance pas par voie terrestre, n'a pas les possibilités et les capacités de créer de nouveaux groupes de frappe", a déclaré le Commandement opérationnel Sud, tôt lundi.
- Frappes sur Kharkiv -
A Kharkiv, dans le nord-est, "des bâtiments civils - un centre commercial et des logements - ont essuyé le feu ennemi. Plusieurs missiles ont touché des maisons. Des garages et des voitures ont aussi été détruits", a déclaré le responsable de l'administration de la ville, Oleg Synegoubov.
"Vers 10H00 (07H00 GMT), le pays agresseur a tiré à l'artillerie à partir de systèmes de lance-roquettes multiples sur des zones d'habitation", a déclaré le parquet régional dans un communiqué : "31 personnes ont été blessées dont deux enfants de quatre et 16 ans. Six civils, dont un adolescent de 17 ans et son père, ont été tués".
Dans son discours de dimanche soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a condamné "tous ceux qui ordonnent de telles frappes, tous ceux qui les exécutent en visant nos villes ordinaires, nos zones d'habitation, tuent de manière absolument délibérée" et a promis de les traduire en justice.
"L'armée ukrainienne tient bon", a-t-il assuré. "Mais, bien sûr, il reste encore beaucoup à faire".
En outre, des avions russes ont tiré quatre missiles sur la région d’Odessa, une cité portuaire sur la mer Noire, dans le sud de l'Ukraine, et il n'y a pas d’informations pour le moment sur d'éventuelles victimes, a annoncé le chef adjoint de l'administration présidentielle, Kirill Timochenko.
Selon Serguiï Khlan, un conseiller du chef de l’administration militaire fidèle à Kiev dans la région de Kherson (sud), un centre de commandement militaire russe, des radars et des systèmes de défense antiaérienne ont été détruits dans la nuit par l’armée ukrainienne à Tavryisk, une localité occupée par les Russes située à une soixantaine de kilomètres à l’est de Kherson.
- "Nous n'avons même pas commencé !" -
"Les avantages quantitatifs de l'armée russe sont compensés par la précision des missiles et de l'artillerie dont dispose l'Ukraine", a affirmé lundi sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité et de défense nationale ukrainien, Oleksiï Danilov.
"Les armes occidentales livrées aux forces armées ukrainiennes sont déjà en train de changer le cours de la guerre. Et nous n'avons même pas commencé !", a-t-il ajouté.
Les autorités d'occupation de la région de Kherson ont par ailleurs assuré lundi avoir déjoué une tentative d'attentat contre leur dirigeant dans ce territoire que Kiev tente de reprendre.
Ces dernières semaines, les attaques contre les responsables mis en place par Moscou se multiplient dans les régions occupées de Kherson et de Zaporijjia, également dans le sud de l'Ukraine. Fin juin, un fonctionnaire de l’administration d'occupation a été tué à Kherson.
La Russie dénonce des actes de "terrorisme" diligentés par l'Ukraine.
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P.Colon--ESF