Toujours plus de centrales à charbon en Chine, dénonce Greenpeace
La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, a accéléré l'approbation de nouvelles centrales à charbon cette année, a dénoncé Greenpeace mercredi, les autorités tentant ainsi d'éviter des pénuries d'électricité.
Le pays le plus peuplé de la planète a promis en 2020 de commencer à réduire ses émissions de carbone avant 2030 mais sa production d'électricité repose encore à 56% sur le charbon, une source d'énergie particulièrement nocive pour le climat.
L'an dernier, le président Xi Jinping avait promis que le recours au charbon diminuerait à partir de 2026, mais les écologistes craignent que cet objectif soit menacé alors que le gouvernement chinois fait face à des difficultés économiques.
Au premier trimestre, les régulateurs chinois ont autorisé des mines à charbon pour une capacité totale de 8,63 gigawatts, selon Greenpeace. C'est déjà presque la moitié de la capacité approuvée sur l'ensemble de l'année 2021.
"Augmenter la capacité de production d'électricité à partir du charbon n'assurera pas la sécurité énergétique de la Chine", a estimé dans un communiqué Wu Jinghan, qui suit pour Greenpeace en Chine les questions climat et énergie.
"La Chine a une surcapacité de centrales électriques à charbon", a-t-il souligné. "Les insuffisances en matière d'énergie sont dues à une mauvaise intégration de la production, du réseau, de la charge et du stockage".
Les approbations de nouvelles centrales à charbon avaient baissé mi-2021 mais ont rebondi ensuite alors que la Chine était confrontée à de larges coupures d'électricité dues à un manque d'approvisionnement.
La consommation d'électricité a grimpé cet été en Chine, qui souffre d'une vague de chaleur poussant les habitants et bureaux à augmenter leur recours à la climatisation.
L'objectif fixé par les autorités chinoises est d'augmenter la capacité de production de charbon de 300 millions de tonnes cette année, et le Conseil d'Etat a annoncé en mai un investissement de 10 milliards de yuans (1,4 milliard d'euros) dans la production de charbon.
Mais "une surcapacité dans cette seule source d'énergie est un obstacle majeur à la sécurité énergétique de la Chine ainsi que sa transition énergétique", prévient M. Wu.
La hausse des cours des matières premières depuis le début de l'invasion russe en Ukraine pousse justement la Chine à se soucier encore plus de sa sécurité énergétique, à un moment où elle souffre économiquement des restrictions sanitaires et d'une crise dans l'immobilier.
V.Duran--ESF