La Poste enterre le timbre rouge traditionnel, qui se dématérialise
Le timbre rouge pour un courrier distribué le lendemain vit ses derniers mois: La Poste va le supprimer l'an prochain, une suppression symbolique de l'effondrement des envois de courrier en France à l'ère du numérique.
Le groupe public va revoir au 1er janvier 2023 la gamme des services postaux de base, pour faire des économies et tâcher de suivre l'évolution des usages, face à l'essor des messageries électroniques et des paiements en ligne à la place des chèques envoyés par courrier.
Il s'agit pour le patron de la branche Service-Courrier-Colis Philippe Dorge de "conforter l'avenir du courrier" et de "pérenniser le service universel postal", qui garantit notamment une distribution six jours sur sept et des tarifs abordables pour les envois les plus courants.
Concrètement, le timbre rouge de la "lettre prioritaire", qui permet d'affranchir un pli pour une distribution le lendemain (à J+1), va céder la place à une nouvelle formule hybride, baptisée e-Lettre rouge, dématérialisée, pour l'expédition des envois vraiment urgents.
Il faudra envoyer un document, jusqu'à trois feuillets, avant 20H00 sur le site laposte.fr ou depuis un bureau de poste, sur un automate ou avec l'aide d'un conseiller. Le document sera imprimé à proximité du destinataire, mis sous enveloppe et distribué le lendemain. "En toute confidentialité", assure M. Dorge à l'AFP.
Il s'agirait d'une première mondiale, selon La Poste. Ce service coûtera 1,49 euro, contre 1,43 euro pour le timbre rouge actuel.
"Les volumes de J+1 ont été divisés par 14 depuis 2008", avec actuellement 300 millions d'envois sur les 7 milliards de lettres acheminées dans l'année par La Poste (deux fois moins qu'en 2013), explique M. Dorge. Ce qui commence à coûter cher et à peser sur l'environnement puisque le groupe utilise des avions, camions et camionnettes de moins en moins remplis.
"Les clients ont d'autres attentes aujourd'hui", insiste le responsable, dont les services ont interrogé 22.000 clients. "Il y a moins de besoin de rapidité."
- Ecopli trépasse -
Autre changement notable au 1er janvier 2023: un courrier acheminé avec un timbre vert, le plus utilisé pour les envois du quotidien, sera plus lent, distribué à J+3 et non plus à J+2.
En revanche son prix restera inchangé, à 1,16 euro pour les envois jusqu'à 20 grammes. Ce timbre sera aussi proposé l'an prochain sous une forme numérique, avec un code alphanumérique de huit caractères, vendu en ligne au même prix, qu'il suffira de recopier sur l'enveloppe.
Quant à l'"Ecopli" --formule la moins chère, peu utilisée, pour un envoi en quatre jours environ à actuellement 1,14 euro--, il va disparaître.
Pour les envois les plus importants exigeant une traçabilité, La Poste va proposer une "Lettre turquoise services plus" distribuée à J+2, avec des notifications de suivi et une compensation forfaitaire en cas de retard important. Elle sera proposée à partir de 2,95 euros, en fonction du poids.
La "lettre internationale" pour les envois à l'étranger coûtera 1,80 euro jusqu'à 20 grammes (+9%).
Les tarifs des colis postaux classiques envoyés en France (Colissimo) augmenteront parallèlement de 2,4% au 1er janvier, mais le paquet de moins de 250 grammes restera au même prix de 4,95 euros.
Chaque foyer français dépensera en moyenne environ 37 euros en produits postaux cette année contre 38 euros en 2021 et 45 euros en 2016, selon le groupe public.
"L'impact de la nouvelle tarification de la lettre sur le budget des ménages sera faible voire nul, compte tenu de la baisse de la consommation de courrier", précise-t-il.
Cette évolution, validée par l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), vise à réduire le déficit du service universel postal, une obligation légale qui coûte plus d'un milliard d'euros au groupe public. L'Etat doit en prendre 500 millions à sa charge.
La Poste compte aussi réduire de 25% ses émissions de CO2 pour le transport du courrier d'ici 2030 par rapport à la situation actuelle, en remplissant mieux ses camions et en n'utilisant plus d'avions dans l'Hexagone (dès l'an prochain). Elle devrait alors transporter 3 à 4 milliards de plis, selon M. Dorge.
A.Amaya--ESF