A la Seine musicale, la passion folle pour l'esport et League of legends
Réunies devant les milliers de spectateurs survoltés de la Seine musicale, les dix meilleures équipes françaises de League of legends se sont affrontées sur scène jeudi: un événement qui confirme la montée en puissance de la LFL, le championnat de France du célèbre jeu vidéo.
Dans les couloirs de la grande salle de spectacle, immense vaisseau de verre posé sur l'Ile Seguin à Boulogne-Billancourt à quelques kilomètres de Paris, les supporters de Vitality et ceux de la Karmine Corp, deux des équipes d'esport les plus populaires de France, se chambrent par combats de chants et de tambours interposés.
"On va les manger", sourit Christelle Alexia, 26 ans, fan de la KCorp et de League of legends, un jeu vidéo sur PC extrêmement populaire qui se joue à cinq contre cinq où l'objectif est de détruire la forteresse de l'équipe adverse.
La compétition se joue le plus souvent en ligne mais depuis l'an dernier, des journées de championnat sont organisées ponctuellement en présentiel.
Habituée à suivre les matches devant son ordinateur, Christelle fait partie des quelque 3.500 personnes qui ont sauté sur l'occasion du "LFL day" pour venir applaudir en vrai ses gamers préférés.
- Référence -
"Ca permet à la communauté de se réunir, de créer quelque chose ensemble", explique-t-elle à l'AFP. "On peut faire de belles choses, il y a des drapeaux, des affiches, des chants. Ca crée vraiment un engouement, ça rend les choses plus concrètes."
"Vu que c'est un jeu vidéo, c'est virtuel, et le fait de se réunir, c'est trop bien, et ça donne de l'ampleur à la chose", ajoute-t-elle.
Pour les joueurs aussi, "ça change pas mal de choses", raconte Duncan Marquet, alias "Skeanz", l'un des gamers de l'équipe Vitality. "Parce que forcément avec le public, tu entends la foule, c'est plus dur de se concentrer."
"On entend le public quand il commence à crier. Ce que je ressens le plus, c'est quand les gens tapent des pieds, tu le sens énormément et tu as plus de pression", décrit-il. "Mais ça motive aussi, forcément tu as plus envie de gagner devant des personnes."
Créée en 2019, la LFL connaît depuis une croissance constante. Censée être une ligue régionale mineure, elle s'impose progressivement comme une référence en Europe et suscite une ferveur digne du sport traditionnel.
"Les fans sont organisés comme des supporters de clubs de foot", explique Bertrand Amar, le patron de la branche esport de Webedia, la structure qui produit la compétition. "Ils viennent en groupe, réservent des blocs de places dans la salle, organisent des déplacements, des soirées, c'est assez dingue!"
- Succès grandissant -
Dans une ambiance bouillante mais bon enfant, les spectateurs hurlent devant les exploits au clavier des joueurs de Solary, Team BDS, Gameward ou Oplon. Pendant ce temps, "Chips" et "Noi", les commentateurs emblématiques de League of legends, s’époumonent pour faire vivre aux spectateurs les assauts lancés contre le Dragon ou le Baron Nashor.
Mais le match le plus attendu est sans conteste le duel de fin de soirée entre Vitality, équipe historique de l'esport français, et la Karmine Corp, le nouveau phénomène. L'affrontement tourne finalement à l'avantage des joueurs de l'équipe à l'abeille de Vitality après un sprint final épatant.
Devant le succès grandissant de la ligue, les organisateurs prévoient de monter de plus en plus d'événements en public, qui sont aussi l'occasion pour les joueurs de communier avec leurs fans au-delà des interactions virtuelles habituelles.
"Rencontrer les personnes qui te supportent, qui t'envoient des messages, c'est sympa", estime "Skeanz". "Après, il y a des joueurs plus timides qui vont rester dans leur coin et qui ne vont pas oser partir voir les fans mais moi c'est quelque chose que j'aime bien."
"Je pense que c'est important pour les joueurs", poursuit Christelle Alexia. "Parce que ça leur montre qu'il y a des gens derrière pour les soutenir."
G.Alamilla--ESF