Deux géants français de l'énergie et du transport annoncent des remises pour favoriser le pouvoir d'achat
Des remises pour éviter d'être taxés: TotalEnergies et le géant du transport maritime CMA CGM ont annoncé vendredi de nouvelles mesures pour favoriser le pouvoir d'achat, le gouvernement ayant demandé aux entreprises de participer à l'effort contre l'inflation.
TotalEnergies va appliquer une remise à la pompe de 20 centimes par litre entre septembre et novembre dans toutes ses stations-services, puis de 10 centimes par litre sur le reste de l'année, a annoncé vendredi le géant gazier et pétrolier français dans un communiqué.
Cette ristourne s'ajoute à l'aide de 18 centimes accordée par le gouvernement pour faire face à la flambée des prix du carburant. L'aide gouvernementale devrait passer à 12 centimes en octobre puis à 6 centimes en novembre, avant de disparaître le mois suivant.
La CMA CGM va réduire de son côté ses taux de fret de 750 euros par conteneur 40 pieds vers la métropole et les Outre Mer, soit jusqu'à 25% de ses prix, au lieu de 500 euros prévus initialement. La mesure est étendue à l’ensemble de ses clients en métropole à partir du 1er août et pour un an, alors qu'elle devait être réservée à des enseignes de grande distribution, a précisé le groupe dans un communiqué.
TotalEnergies et la CMA CGM sont dans la ligne de mire de parlementaires, à gauche mais aussi dans la majorité, qui veulent créer une taxe pour les entreprises ayant réalisé d'importants bénéfices grâce à l'inflation.
TotalEnergies a annoncé début février un bénéfice net de 16 milliards de dollars en 2021, le plus élevé depuis au moins 15 ans, lié à la forte hausse des prix du pétrole.
La CMA CGM a publié début juin un bénéfice net de 7,2 milliards de dollars pour le seul premier trimestre. Sorti du rouge en 2020, le troisième armateur mondial est porté par la surchauffe du transport maritime et la désorganisation des chaînes logistiques mondiales.
- Concertation avec le ministère -
Le PDG de la CMA CGM, Rodolphe Saadé, s'était défendu mercredi lors d'une audition au Sénat, soulignant qu'il était "prêt à aider", mais qu'il ne voulait pas être "le seul à payer" face à la concurrence internationale.
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a réagi vendredi matin en saluant la décision de TotalEnergies; c'est "une décision juste, une décision forte et une décision bonne pour les consommateurs", a-t-il déclaré sur RMC/BFMTV.
"Ce que rend Total est très significatif par rapport aux bénéfices" réalisés dans le raffinage en France cette année par le groupe, a-t-il ajouté, alors que TotalEnergies est accusé par plusieurs élus de l'opposition et de la majorité de réaliser des "superprofits" avec la flambée des prix du gaz et du pétrole.
TotalEnergies avait déjà proposé en février une remise de 10 centimes par litre dans ses stations-services en zone rurale, représentant une contribution d'environ 50 millions d'euros, soit 30% de sa marge sur ses activités gaz électricité et carburants en France. Il avait ensuite élargi l'offre à toutes ses stations en avril.
Bruno Le Maire avait appelé en juin à poursuivre voire augmenter cette remise, que le pétrolier avait fait passer à 12 centimes, mais en la restreignant à ses seules stations-services sur autoroute.
"Notre priorité va aux consommateurs car nous préférons faire une contribution immédiate et directe pour nos clients, plutôt qu'une taxe indirecte qui pénaliserait nos raffineries", a commenté vendredi dans le communiqué Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
Ces mesures ont été "définies en concertation avec le ministère de l’Économie", et "ont fait l’objet de discussions avec des clients du groupe et certaines fédérations dont la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises)", a précisé vendredi la CMA CGM. "Il est essentiel que ces baisses soit répercutées sur les prix des produits destinés aux consommateurs finaux et que les services du ministère puissent s’en assurer", a souligné la compagnie.
S.Martinez--ESF