"Oma Wiener Lager": une bière pour et par des retraités viennois
Jouer aux cartes, faire des étirements? Dans cette maison de retraite viennoise, on préfère se retrouver pour... brasser de la bière.
Le rituel se déroule tous les jeudis matin et les pensionnaires ne le manqueraient pour rien au monde.
"On se réunit, on parle (de la fabrication de la bière), on fait des blagues et voilà une nouvelle journée de passée... une belle journée!", raconte à l'AFP, tout sourire, Rupert Jaksch, 87 ans.
L'aventure a commencé il y a deux ans dans cette résidence lumineuse et fleurie, située en périphérie de la capitale autrichienne, pour distraire quelques-uns des 300 occupants.
"C'est un exemple parmi d'autres d'activités permettant aux résidents d'entraîner leurs capacités motrices, de faire travailler leur cerveau", souligne Christoph Gruber, qui gère le projet au sein de la structure, Kuratorium Wiener Pensionisten-Wohnhaeuser (KWP).
C'est lui qui, avec d'autres membres du personnel, procède aux différentes étapes de fabrication: mélange du malt avec de l'eau, cuisson, ajout de la levure...
Il en résulte deux types de bières, dont l'une nommée "Oma" (Mamie) et "Opa" (Papi) basée sur une recette viennoise de 1841 et utilisant exclusivement des ingrédients autrichiens, explique fièrement M. Gruber.
A ses côtés, les retraités - qui n'avaient, avant ce projet, jamais expérimenté le brassage de bière - apposent consciencieusement les étiquettes.
Chaque semaine, 50 litres sortent des cuves pour remplir 150 bouteilles, vendues deux euros l'unité dans les 30 cantines du groupe à Vienne.
Pour l'instant, il n'y a pas d'expansion en vue même si la boisson est souvent en rupture de stock tant elle est prisée.
"J'aime son goût légèrement sucré", confie Rupert Jaksch, cheveux blancs et ventre rond, tout en savourant une rafraîchissante gorgée.
Ingeborg Zeller, 88 ans, en sirote parfois mais ce matin, elle ne trinque pas avec ses compagnons: elle vient surtout pour "rester occupée", dit-elle.
M.E. De La Fuente--ESF