Pour la tech, l'euphorie de la pandémie, c'est fini
Amazon et Apple ont un peu rassuré le marché jeudi avec des ventes meilleures que prévu, après de nombreuses performances décevantes des autres entreprises technologiques qui bataillent face à la crise économique.
Le géant du commerce en ligne a réalisé plus de 121 milliards de dollars de chiffre d'affaires au deuxième trimestre, en hausse de 7%, malgré une comparaison défavorable avec l'année dernière.
Son action bondissait de plus de 10% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse.
"Malgré l'inflation qui fait monter le prix du carburant, de l'énergie et des transports, nous faisons des progrès sur les coûts plus contrôlables (...), notamment en améliorant la productivité de notre réseau de centres de tri et de logistique", a indiqué Andy Jassy, le patron d'Amazon, cité dans un communiqué.
Amazon n'a pas déçu du côté du cloud (informatique à distance): son service AWS, leader mondial de ce marché, a engrangé 19,55 milliards de recettes, un résultat supérieur aux attentes des analystes.
Mais son bénéfice opérationnel - indicateur clef de la rentabilité - est ressorti à 3,3 milliards de dollars, au lieu de 7,7 milliards l'an passé à la même période.
"Cela n'a pas du tout été un trimestre doré", a réagi Andrew Lipsman, analyste du cabinet insider Intelligence.
- L'iPhone toujours prisé -
"L'activité de e-commerce peine à retrouver une croissance positive, et celle d'AWS et de la publicité ralentissent", constate-t-il.
L'expert se montre néanmoins optimiste - Amazon prévoit un chiffre d'affaires compris entre 125 et 130 milliards de dollars pour le trimestre en cours.
Apple a publié jeudi un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux attentes (83 milliards, en hausse de 2%), grâce aux ventes toujours solides de l'iPhone. Son bénéfice net a reculé de 10,5% à 19,4 milliards de dollars.
Certains analystes craignaient, au vu du ralentissement économique, de voir la demande pour le smartphone assez onéreux s'atténuer.
Le groupe avait prévenu en avril que les perturbations engendrées par la résurgence de cas de coronavirus en Chine et la pénurie de silicone nécessaire à la fabrication des puces devaient le priver de 4 à 8 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
Mais finalement, ces perturbations logistiques "ont été moins importantes que prévu", a indiqué le patron du groupe, Tim Cook, lors d'une conférence téléphonique.
Intel a eu plus de mal à affronter la tourmente.
Le géant américain des semi-conducteurs a vu son chiffre d'affaires baisser de 22%, à 15,3 milliards de dollars et a largement revu ses prévisions annuelles à la baisse.
- "Faire plus avec moins" -
En quelques mois, l'environnement économique des géants des technologies s'est radicalement dégradé.
La crise sanitaire et les confinements ont entraîné une explosion des habitudes en ligne, de la consommation au travail et au divertissement. La transition numérique continue - la plupart des plateformes gagnent de nouveaux utilisateurs - mais à un rythme ralenti, comparable à celui d'avant la pandémie de Covid-19.
A ce phénomène s'ajoutent de nombreuses contraintes macroéconomiques, à commencer par l'inflation et les difficultés sur la chaîne d'approvisionnement.
Google, Meta (Facebook, Instagram), Snap et Twitter, qui dépendent de la publicité, pâtissent donc des coupes dans les budgets marketing des annonceurs.
Amazon et Apple font eux face à des dépenses un peu réduites des consommateurs sur certains produits et à la hausse des coûts.
Le groupe de Seattle, deuxième employeur aux Etats-Unis derrière Walmart, a doublé ses effectifs de 2019 à 2021.
Mais depuis le printemps, Amazon est "passé d'une situation de sous-effectif à une situation de sur-effectif", avait noté, Brian Olsavsky, le directeur financier du groupe.
Elle compte désormais 1,52 million de personnes, environ 100.000 de moins qu'à la fin du premier trimestre.
D'autres sociétés technologiques ont décidé de ralentir le rythme des embauches, comme Google, Microsoft et Snap.
"Nous allons devoir faire plus avec moins de ressources", a déclaré mercredi le patron de Meta, Mark Zuckerberg, après que le géant des réseaux sociaux a vu son chiffre d'affaires trimestriel diminuer pour la première fois de son histoire.
Netflix, qui a perdu près d'un million d'abonnés entre fin mars et fin juin, a licencié plus de 400 employés sur la même période.
G.Aguado--ESF