La démocratie et ses fragilités en fil rouge du Sommet des Amériques
Alors que les Etats-Unis se confrontent à nouveau à l'assaut du Capitole et que Joe Biden veut plaider avec son homologue Jair Bolsonaro pour la tenue d'élections "libres" au Brésil, la question de la démocratie et de ses fragilités était jeudi le fil rouge du "Sommet des Amériques".
Le président américain a clamé, avant une rencontre bilatérale avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau, que les continents nord-américain et sud-américain étaient déjà les "plus démocratiques du monde".
"Il n'y a aucune raison pour (qu'ils) ne deviennent pas encore plus démocratiques et prospères", a-t-il assuré, en marge de ce grand sommet régional, qui se tient cette semaine à Los Angeles.
Mais tout dans l'actualité rappelle au démocrate de 79 ans que la démocratie reste un acquis fragile, y compris pour les Américains.
- 6 janvier -
Après quasiment un an d'enquête, une commission parlementaire présente jeudi ses premières conclusions sur l'assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021, qui a marqué l'histoire des Etats-Unis, et du monde.
Lors d'une audition prévue à 20H00 locales (00H00 GMT vendredi), cette commission promet de révéler comment le chaos de cette journée "a été le fruit d'une campagne coordonnée pour renverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020 et empêcher le transfert du pouvoir de Donald Trump à Joe Biden".
Ce dernier a affirmé jeudi qu'il ne "jugerait pas" des responsabilités des uns et des autres tout en estimant que l'assaut lui-même était "une violation claire et flagrante de la Constitution".
Ironie du calendrier, c'est aussi jeudi que Joe Biden doit avoir sa première rencontre bilatérale avec le président brésilien d'extrême-droite Jair Bolsonaro, souvent comparé à l'ancien président Donald Trump.
Le chef d'Etat brésilien, cette semaine encore, a mis en doute publiquement la validité de la victoire de son homologue américain.
Jair Bolsonaro, qui brigue un second mandat mais qui est distancé dans les sondages par l'ancien président Lula, attaque par ailleurs régulièrement le système électoral de son propre pays. Comme s'il se préparait déjà à contester une défaite.
- Elections "libres" -
"Je m'attends à ce que le président (Biden) aborde le sujet d'élections ouvertes, libres, justes, transparentes et démocratiques" lors de la réunion bilatérale, prévue à 15h30 locale, a annoncé Jake Sullivan.
L'organisation même du Sommet des Amériques, le second se déroulant aux Etats-Unis depuis la première édition de 1994, a montré que la question de ce qu'est la démocratie, et des moyens de la défendre, ne fait pas consensus au niveau régional.
Plusieurs dirigeants, et en particulier le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, boycottent l'événement. Ils protestent contre l'exclusion - au nom de la démocratie, justement - de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua.
Joe Biden répète quant à lui sur tous les tons que le meilleur moyen de défendre les valeurs démocratiques est de permettre à la classe moyenne d'accéder à la prospérité ou au moins à la sécurité économique.
Devant des représentants d'entreprises, il a appelé jeudi à "revoir" les conceptions économiques et à "donner le coup de grâce" à la théorie dite du "ruissellement", selon laquelle l'enrichissement des plus fortunés bénéficierait automatiquement à toute la société.
- Climat -
Autre sujet majeur du Sommet des Amériques: le climat.
Washington a annoncé un partenariat avec les pays des Caraïbes afin de "soutenir l'adaptation" au changement climatique et la "sécurité énergétique", selon un communiqué de la Maison Blanche.
Les Etats-Unis vont également promouvoir une initiative régionale visant à porter à 70% la proportion des énergies renouvelables dans la capacité installée de production électrique d'ici 2030.
Selon la Maison Blanche, cinq pays, dont le Brésil et l'Argentine, vont se rallier d'une manière ou d'une autre à cette initiative.
Enfin, l'administration Biden a l'intention de donner 12 millions de dollars pour soutenir le Brésil, la Colombie et le Pérou afin de protéger la forêt amazonienne.
En avril 2021, la Banque mondiale avait souligné l'impact dévastateur du changement climatique en Amérique latine et dans les Caraïbes, estimant que cela pourrait précipiter 3 millions de personnes par an dans la pauvreté d'ici 2050.
M.L.Blanco--ESF