Colombie: législatives et primaires présidentielle, Petro candidat de la gauche
Les Colombiens ont voté dimanche sans incident majeur pour renouveler les deux chambres du Parlement et désigner les candidats à la présidentielle du 29 mai, où, sans surprise, Gustavo Petro sera le candidat de la gauche, selon les premiers résultats de ces primaires.
Les électeurs renouvelaient pour quatre ans les 296 membres du Sénat et de la Chambre basse, un parlement sortant contrôlé par une droite au pouvoir à bout de souffle, traditionnel fief des baronnies régionales à l'image considérablement ternie par des affaires de corruption.
Les bureaux de vote ont fermé sur tout le territoire à 16H00 (21H00 GMT), (...) ils ont fonctionné correctement dans tout le pays", a commenté dans la foulée le patron de l'autorité électorale, Alexander Vega.
Toute la journée, les électeurs se sont pressés sans incident majeur dans les bureaux de vote surveillés par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP à Bogota, Medellin (nord-ouest), Cali (sud-ouest) ou encore Cucuta, à la frontière avec le Venezuela.
- Cyberattaque -
Dans un pays où la violence des groupes armés s'est accrue de façon alarmante ces dernières années, le gouvernement s'est félicité d'une "normalité totale" dans le déroulement du vote dans les 12.500 bureaux répartis sur le territoire.
Deux soldats ont néanmoins été tués et deux autres blessés dans des attentats à la bombe dans le sud du pays, selon l'armée.
L'autorité électorale a confirmé une cyberattaque contre son site internet peu avant l'ouverture du scrutin, mais a pu la maîtriser rapidement.
Alors que la Colombie est sortie accablée par les ravages économiques de la pandémie et blessée par la répression des manifestations massives du printemps 2021 contre le pouvoir, les analystes prévoyaient un vote sanction contre le gouvernement sortant et le parti de droite du "Centre démocratique".
Si la violence armée dans les provinces inquiète, elle n'est paradoxalement pas au coeur des débats. La pauvreté, la baisse du pouvoir d'achat ou l'insécurité urbaine ont semblé plus préoccuper pendant la campagne, les Colombiens disant toujours leur lassitude des partis traditionnels.
"Je vote pour changer ce Congrès où ce sont toujours les mêmes qui ne font rien" depuis des années, a déclaré à l'AFP l'infirmière Carolina Lopez, 30 ans, peu après avoir voté dans le centre de la capitale.
- Premier tour avant l'heure -
Les électeurs avaient aussi la possibilité de prendre part aux primaires des principaux partis pour choisir les candidats à la présidentielle du 29 mai, à laquelle le chef de l'Etat sortant ne peut se représenter.
Ces primaires, parfois qualifiées de premier tour avant l'heure, ont d'ailleurs monopolisé l'essentiel des débats de la campagne, alors qu'une multitude de candidats entendaient briguer la magistrature suprême.
Les électeurs pouvaient désigner, au choix, le candidat d'une des trois coalitions de centre-droit, de centre-gauche, ou de gauche.
Vers 18H00 locales, au fil des des résultats, le candidat de la gauche Gustavo Petro, guérillero reconverti au "progressisme" social-démocrate, arrivait sans surprise très largement en tête du camp de gauche, le "Pacte historique", avec 80% des votes.
Selon tous les sondages publiés ces derniers mois, M. Petro, 61 ans, fait figure de favori à la présidentielle face au camp conservateur divisé, miné par l'impopularité du gouvernement Duque et l'usure de son vieux champion, l'ex-président Alvaro Uribe, empêtré dans les démêlés judiciaires.
Son accession au pouvoir constituerait un séisme politique en Colombie, qui a toujours été dirigée par la droite conservatrice.
L'ancien maire de Medellin Federico Gutierrez était également en bonne place (54%) pour remporter l'investiture du centre-droit ("Equipe pour Colombie"), tandis qu'au centre-gauche ("Centre espérance"), l'ex-gouverneur du puissant département d'Antoquia Sergio Fajardo menait la course avec 32%.
D'autres candidats sont déjà en course, dont le représentant de la droite Oscar Zuluaga, qui ne décolle pas dans les intentions de vote, et l'ex-otage Franco-colombienne Ingrid Betancourt.
"Aujourd'hui, le changement commence dans les urnes, par un vote qui apporte l'espoir et la vie en Colombie", a commenté M. Petroà l'issue de son vote dans le centre de Bogota.
Nous voulons "vaincre tout type de projet populiste, autoritaire et corrompu qui est en route", a lancé de son côté M. Gutierrez, l'un des plus farouches opposants de M. Petro, tandis que M. Fajardo a appelé à la mobilisation "contre la corruption", l'un des thèmes brandis par presque tous les candidats.
B.Vidal--ESF