Le Canada dévoile un budget resserré axé sur le logement et des dépenses militaires en hausse
Le Canada va augmenter ses dépenses militaires en raison de la guerre en Ukraine, selon un budget dévoilé jeudi qui prévoit aussi un volet pour attirer les investissements étrangers et des mesures en faveur du logement pour lutter contre l'érosion du pouvoir d'achat.
"Nous dépensons maintenant plus pour la défense que nous l'avions prévu avant l'invasion russe en Ukraine", a déclaré Chrystia Freeland, la ministre des Finances, ajoutant que cette guerre constituait "la menace la plus sérieuse du monde aujourd'hui".
Celle qui est la première femme à la tête du ministère des Finances a débuté son discours au Parlement en revenant sur les 25 derniers mois marqués par le choc de la pandémie de Covid-19 et le retour de la guerre en Europe.
Après deux années, qui ont constitué un "choc économique épouvantable" et amené à des dépenses exceptionnelles de l'état canadien, Ottawa a prévu de resserrer globalement les cordons de la bourse mais d'investir dans son armée.
Huit milliards de dollars supplémentaires sont attribués pour renforcer le budget de la défense, qui reste toutefois en dessous des 2% du PIB demandé par l'Otan.
Le gouvernement doit être "prêt à faire face à un monde désormais plus dangereux", a poursuivi la ministre Chrystia Freeland, ajoutant que "le combat des Ukrainiens est le nôtre, une lutte pour la démocratie".
Le Canada, comptant l'une des plus importantes diasporas ukrainiennes au monde, prévoit également de renforcer l'aide directe à l'Ukraine grâce à un prêt d'un milliard de dollars canadiens via le FMI et une nouvelle enveloppe de 500 millions pour de l'aide militaire.
Le pays, qui table sur un déficit budgétaire de 113,8 milliards de dollars canadiens (83 milliards d'euros) en 2021-2022, a revu par ailleurs à la baisse sa prévision de croissance pour 2022 à 3,9%, notamment en raison des difficultés mondiales d'approvisionnement et de la guerre en Ukraine.
La ministre s'est toutefois félicitée de la reprise économique des derniers mois, le pays a recréé les emplois perdus pendant la pandémie et compte un taux de chômage à des niveaux proches du plus bas historique.
- Crise du logement -
Pour ce premier budget du troisième mandat de Justin Trudeau depuis sa réélection en septembre dernier, l'accent est mis sur la crise du logement, un problème "fondamental" qui va nécessiter un "grand effort national".
Avec la croissance démographique "la plus rapide du G7" en 2020 et un manque criant de logements, Ottawa table sur le "plan le plus ambitieux que le Canada ait jamais eu à mettre en œuvre" pour favoriser entre autres l'émergence de nouveaux chantiers de construction.
Le gouvernement compte également interdire pendant deux ans l'achat de maisons par des investisseurs étrangers pour tenter de contrer l'augmentation fulgurante des prix de l'immobilier de ces dernières années.
Toutefois le Canada table sur des investissements étrangers dans sa politique climatique. Il espère attirer "des milliards de dollars en capital privé dont nous avons besoin pour transformer notre économie à grande vitesse et à grande échelle", grâce à un nouveau fonds de croissance, a dit Chrystia Freeland.
Ce fonds de 15 milliards de dollars sur cinq ans, doit devenir l'"élément clé de l'économie à zéro émission nette du Canada" et accélérer l'investissement de capitaux privés dans des projets de décarbonisation et de technologies propres.
Pour doper les véhicules électriques, le gouvernement veut débloquer une enveloppe de plus de 3 milliards de dollars canadiens "pour rendre les véhicules zéro émission plus abordables".
Le budget 2022 prévoit en outre une enveloppe de plus de cinq milliards de dollars pour les soins dentaires des Canadiens, une mesure proposée par le Nouveau Parti démocratique (NPD, gauche), allié des Libéraux de Justin Trudeau.
Les deux partis ont récemment signé un accord politique pour permettre au gouvernement de rester en place jusqu'aux élections de 2025, malgré sa minorité au parlement.
Le budget, présenté jeudi, sera soumis à un vote à la Chambre des communes dans les semaines qui viennent.
M.F.Ortiz--ESF