L'Ukraine s'efforce d'évacuer les civils dans l'Est, Zelensky annonce le pire à Borodianka
Les autorités ukrainiennes s'efforcent d'évacuer les civils des régions de l'Est, menacées par une offensive russe, le président Volodymyr Zelensky affirmant que les destructions à Borodianka sont pires encore que celles constatées récemment près de la capitale après le départ des forces russes.
Alors que la Russie multiplie ses attaques dans le sud et l'est, Kiev -- où sont attendus vendredi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell --, constate la véritable étendue des dégâts dans des régions désormais abandonnées par les forces de Moscou.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que les destructions à Borodianka, près de Kiev, étaient pires par rapport à Boutcha, où les images de cadavres dans les rues ont suscité une indignation internationale.
Vingt-six corps ont été extraits par les secouristes ukrainiens des décombres de deux immeubles d'habitation à Borodianka, au nord-ouest de Kiev, a annoncé jeudi sur Facebook la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova.
Dans un message vidéo jeudi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que la situation à Borodianka est "bien plus horrible" qu'à Boutcha. "Il y a plus de victimes".
Mais c'est aussi à l'est du pays, désormais cible prioritaire de Moscou, que l'attention se porte. Le porte-parole du Kremlin a reconnu jeudi que les forces russes avaient déjà subi dans cette région "des pertes militaires importantes", évoquant une "immense tragédie".
Redoutant une offensive contre ces régions, les autorités ukrainiennes ont à nouveau appelé la population civile à les quitter.
Les forces russes ont "endommagé la voie ferrée à Shastya. Désormais, l'évacuation aura lieu uniquement par bus", a indiqué le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.
Et a Donestk, le chef de l'administration militare régionale Pavel Kirilenko a indiqué que trois trains d'évacuation avaient été immobilisés temporairement après une frappe russe contre une voie ferrée.
- "Ca tombe de partout" -
Un autre nouvel appel concernait notamment la ville de Severodonetsk, la plus à l'est tenue par les forces ukrainiennes, pilonnée par les troupes russes et où des journalistes de l'AFP ont vu jeudi des civils évacués par cars, pendant que des explosions retentissaient régulièrement à sa périphérie.
"Ça tombe de partout. Ce n'est plus possible", raconte Denis, un quadragénaire pâle comme un linge, le visage émacié, à qui on donnerait la soixantaine.
Un "grand nombre" d'évacués sont déjà arrivés à Dnipro, a annoncé jeudi le maire de cette ville industrielle d'un million d'habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la limite des régions orientales du pays.
Accusée de "crimes de guerre" en Ukraine, la Russie a fait l'objet jeudi d'un embargo de l'UE sur son charbon, la première fois que les Européens frappent le secteur énergétique russe, dont ils sont très dépendants.
L'UE importe 45% de son charbon de Russie pour une valeur de 4 milliards d'euros par an. Cet embargo entrera en vigueur début août.
Bruxelles prévoit l'interdiction d'exportations vers la Russie à hauteur de 10 milliards d'euros, de nouvelles sanctions contre des banques russes ainsi que la fermeture des ports européens aux navires russes.
Parallèlement, l'UE est prête à débloquer 500 millions d'euros de plus pour financer des armes pour l'Ukraine.
De leur côté les pays du G7 ont annoncé de nouvelles sanctions, dont une interdiction de tout nouvel investissement dans des secteurs clefs de la Russie.
Washington a ouvert la voie à des droits de douane punitifs contre la Russie et le Belarus, en leur révoquant jeudi le statut commercial par un vote au Congrès.
- "Insulte à l'humanité" -
Dans un communiqué, Joe Biden a estimé que "les mensonges de la Russie ne tiennent pas face aux preuves incontestables de ce qui se passe en Ukraine."
Les indications de viols, de tortures, d'exécutions sont une "insulte à l'humanité", a-t-il ajouté.
L'Ukraine et ses soutiens accusent les troupes russes d'être responsables de ces "crimes de guerre".
La Russie dément toute exaction, dénonçant une "provocation" ukrainienne.
Jeudi soir, un missile russe a frappé des infrastructures dans la région d'Odessa, a indiqué sur Telegram le Conseil municipal de cette ville du sud de l'Ukraine, sans faire dans l'immédiat état de victimes.
A Marioupol (sud-est), cité portuaire assiégée et dévastée par l'armée russe depuis fin février et où se terrent toujours quelque 100.000 habitants, le "nouveau maire" proclamé par les forces pro-russes a annoncé jeudi qu'"environ 5.000 personnes" étaient mortes parmi la population civile.
Les autorités ukrainiennes ont avancé des bilans beaucoup plus lourds.
- "Soutien significatif" en armes de l'Otan -
Et pour se préparer à contrer l'offensive attendue dans le Donbass, Kiev réclame l'aide des Occidentaux.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères s'est rendu à Bruxelles pour demander des livraisons immédiates d'armes à ses homologues de l'Alliance atlantique.
Le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, a évoqué un "soutien significatif", estimant "préférable de ne pas se montrer trop précis sur les armements qui seront fournis".
Le volet diplomatique de la crise ne laisse transparaître aucun signe de progrès. La Russie a affirmé jeudi que l'Ukraine était revenue sur certaines des propositions qu'elle avait faites au cours de pourparlers fin mars à Istanbul et que la Russie avait dit accueillir positivement.
Kiev a immédiatement répliqué, en appelant Moscou à "réduire son degré d'hostilité" dans les négociations. Et M. Kouleba a accusé son homologue russe Sergueï Lavrov de se rendre "complice des crimes" commis par l'armée russe en les justifiant.
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E.Campana--ESF