Présidentielle: Macron et Le Pen préparent un débat crucial
Priorité au débat. Les deux finalistes de l'élection présidentielle se concentrent mardi sur la préparation de leur duel télévisé du lendemain, un rendez-vous crucial que Marine Le Pen avait complètement raté il y a cinq ans face à un Emmanuel Macron qui a cette fois un bilan à défendre.
A cinq jours du second tour, les sondages donnent toujours le président-candidat vainqueur dans une fourchette allant de 53 à 56%, soit une dizaine de points de moins qu'en 2017 (66%). Les deux candidats doivent élargir leur base électorale, notamment à gauche, tout en allant chercher les indécis et ceux tentés par l'abstention.
Marine Le Pen "a l’expérience maintenant, elle a beaucoup travaillé, elle maîtrise les sujets, ce n’est pas une question de peur, c’est une question de concentration", a estimé le vice-président du RN et maire de Perpignan Louis Aliot sur France 2.
Il y a cinq ans, la candidate d'extrême droite était arrivée mal préparée et fatiguée au débat de l'entre-deux-tours après avoir multiplié les déplacements. Changement de stratégie en 2022: aucun événement ne figure mardi à son agenda. Elle prépare chez elle, dans son bureau, ce passage obligé de la présidentielle depuis 1974.
- "Incarner la fonction" -
Elle doit montrer qu’elle est "à la fois crédible, qu'elle sait rassembler, mais surtout qu'elle incarne la fonction, ce que n'a pas réussi à faire M. Macron", a affirmé Louis Aliot, espérant que le débat soit "solennel, sérieux, argument contre argument" sans "agressivité générale". La candidate RN oeuvre à lisser son image tout en gardant un programme radical, notamment sur l'immigration.
S'il semble vouloir dédramatiser l'événement, Emmanuel Macron "se prépare sérieusement parce que c'est un débat important" et cela va permettre de "rentrer dans le détail des propositions", a précisé sur CNews Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement et soutien d'Emmanuel Macron.
D'autant plus que "le programme de Mme Le Pen est extrêmement difficile à suivre, ça change tous les jours", a renchéri le Premier ministre Jean Castex sur France Inter, après notamment les importantes évolutions ces derniers jours des positions de la candidate RN sur l'interdiction du voile islamique dans l'espace public.
Contrairement à 2017, le président sortant devra cette fois défendre le bilan d'un quinquennat marqué par la crise des "gilets jaunes" et la pandémie du Covid-19 face aux attaques de sa rivale qui dénonce "une forme de profond mépris à l'égard des Français" et a fait de la défense du pouvoir d'achat le thème principal de sa campagne.
- "Pire toujours possible" -
Mais de son côté "Marine Le Pen n’a jamais rien géré, jamais rien gouverné. (...), le pire est toujours possible et (...) la politique de Mme Le Pen, car les Le Pen restent Le Pen, serait dramatique pour notre pays", a affirmé Jean Castex.
Le duel mercredi à 21H00 est d'autant plus attendu que le président sortant n'a participé à aucun débat avant le premier tour, le RN l'accusant de "fuir" la discussion. Le chef de l'Etat a répondu qu'aucun de ses prédécesseurs en fonction ne s'était prêté à l'exercice.
Dans cette dernière ligne droite, les deux candidats s'efforcent aussi de séduire les partisans de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour avec près de 22% des voix, et qui a appelé aussitôt à ne pas accorder "une seule voix" à la candidate d'extrême droite.
Il doit s'exprimer sur BFMTV mardi en fin d'après-midi, après la consultation réalisée auprès de ses soutiens en vue du second tour, où le vote blanc ou nul est arrivé en tête avec 37,65% devant le vote Macron (33,4%) et l'abstention (29%), le soutien à Mme Le Pen n'ayant pas été proposé.
Pour le politologue Brice Teinturier, "le scénario le plus probable, c'est une victoire d'Emmanuel Macron (...) dans une zone autour de 54/56%".
Et "il faut trois conditions pour avoir un scénario extraordinairement serré ou une victoire de Marine Le Pen", a-t-il avancé sur France Inter.
"Il faut que les abstentionnistes du premier tour votent davantage pour Marine Le Pen que pour Emmanuel Macron", puis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon "votent autant pour Marine Le Pen que pour Emmanuel Macron", résume-t-il.
Dernière condition pour un second tour serré, voire une surprise, selon Brice Teinturier : que Marine Le Pen parvienne à conserver une plus grande part de ses électeurs du premier tour que ce qu'Emmanuel Macron ne conserverait des voix s'étant portées sur lui le 10 avril.
"Si vous combinez ces trois variables, vous pouvez avoir quelque chose de beaucoup plus serré" et "la victoire de Marine Le Pen, on ne peut pas l'exclure, a priori", a conclu le directeur d'Ipsos.
bur-arz-cpy/cs/dch
G.Bardales--ESF