Saga du "partygate" : Johnson attendu au Parlement
Le Premier ministre britannique Boris Johnson doit s'expliquer mardi après-midi au Parlement après l'amende qui lui a été infligée pour avoir enfreint les restrictions anti-Covid, à charge pour lui de convaincre les élus de sa bonne foi.
Il devrait évoquer cette amende parmi d'autres sujets, dont la guerre en Ukraine, pour essayer d'en minimiser l'importance.
Boris Johnson est le premier chef de gouvernement britannique en exercice sanctionné pour avoir enfreint la loi et il risque d'autres amendes dans le cadre de l'enquête sur le "partygate", nom du scandale des fêtes organisées dans les cercles du pouvoir pendant les confinements mis en place contre la pandémie.
En raison de la trêve parlementaire de Pâques, le dirigeant conservateur n'a pas encore affronté les députés depuis qu'il a dû payer une amende de 50 livres sterling (60 euros), il y a une semaine, pour avoir participé à un anniversaire surprise pour ses 56 ans le 19 juin 2020 à Downing Street. Un événement de "moins de 10 minutes", selon lui, qui a également valu à son épouse Carrie et son ministre des Finances Rishi Sunak d'être sanctionnés.
Après l'annonce de cette sanction, Boris Johnson avait, de nouveau, présenté ses excuses et, de nouveau, exclu de démissionner.
Un temps sur un siège éjectable, "BoJo" a retrouvé un second souffle en mettant en avant son rôle en première ligne des sanctions occidentales contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine. Nombre de députés de son propre camp, y compris certains qui avaient demandé son départ, jugent désormais peu opportun de le chasser de Downing Street dans ce contexte.
Le mécontentement reste néanmoins tenace, y compris dans les rangs de la majorité, comme en témoigne la démission du sous-secrétaire d'Etat à la Justice David Wolfson.
Et le feuilleton, qui exaspère des Britanniques éprouvés par les sacrifices et les restrictions endurés durant la pandémie, semble loin d'être terminé.
- "Menteur" -
La police de Londres, qui a déjà infligé plus de 50 amendes, poursuit ses investigations.
Une fois l'enquête policière achevée, Boris Johnson devra en outre faire face aux conclusions de la haute fonctionnaire Sue Gray, qui a déjà étrillé dans un pré-rapport des "erreurs de leadership et de jugement".
Il devra aussi affronter le verdict des urnes lors d'élections locales le 5 mai.
Selon la presse, M. Johnson risque de nouvelles amendes, pour au moins cinq autres événements festifs présentés comme plus gênants pour lui.
Après l'émergence de nouveaux détails dans le Sunday Times, qui l'a décrit servant à boire et faisant un discours pour le départ de son chef de la communication le 13 novembre 2020, Downing Street a tenu à démentir.
"Si les dernières informations sont vraies, cela signifierait non seulement que le Premier ministre était présent à des fêtes, mais qu'il a été l'instigateur d'au moins l'une d'elles", a pour sa part fustigé la cheffe adjointe de l'opposition travailliste, Angela Rayner.
Selon l'avant-goût de son intervention au Parlement distillé dans les médias, Boris Johnson compte mettre en avant son rôle dans le soutien à Kiev, sa visite en Inde à la fin de la semaine, ou encore son projet controversé d'envoyer au Rwanda des demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni, pour décourager ces entrées illégales.
Il n'est pas à l'abri de devoir affronter un vote visant à saisir une commission spéciale, qui serait chargée de déterminer s'il a ou non sciemment trompé le Parlement - synonyme de démission, selon le code de conduite ministériel - dans ses différentes explications au sujet du "partygate", après avoir assuré maintes et maintes fois que toutes les règles avaient été respectées.
Le ministre Brandon Lewis a défendu Boris Johnson mardi, assurant sur SkyNews que "ce qu'il a dit au Parlement, il le pensait vrai à l'époque".
Selon une étude publiée lundi, 72% des sondés ont une appréciation négative du Premier ministre, le terme revenant le plus souvent étant celui de "menteur".
"La fureur n'a pas reculé", a tweeté le sondeur James Johnson, qui a réalisé l'étude. "Beaucoup de commentaires négatifs sont le fait de gens qui l'aimaient bien précédemment, mais qui ont changé d'avis".
O.Aceves--ESF