Présidentielle: Macron et Le Pen sur le terrain après un débat musclé
Au lendemain d'un débat musclé, les deux finalistes de la présidentielle Emmanuel Macron et Marine Le Pen repartent sur le terrain jeudi pour mobiliser leurs troupes et tenter de convaincre les indécis pour l'avant-dernier jour de la campagne.
Les deux rivaux ont choisi de se rendre dans des régions populaires - Seine-Saint-Denis et Hauts-de-France - pour mieux répondre, à trois jours du second tour à la préoccupation numéro un des Français, le pouvoir d'achat, frappé par les répercussions de la guerre en Ukraine sur les prix de l'énergie et de l'alimentation.
Un thème sur lequel ils se sont affrontés lors du débat de près de trois heures de mercredi, le président-candidat défendant le "bouclier" actuel et son projet de "chèque alimentaire", la seconde prônant une baisse de la TVA.
Dans la dernière ligne droite, le président-candidat creuse l'écart dans les sondages, en étant donné vainqueur dans une fourchette allant de 54 à 56,5% des intentions. Un écart moindre qu'en 2017 toutefois, le candidat "ni de droite ni de gauche" avait alors remporté la bataille avec 66,1% des voix.
Le débat a-t-il fait bouger les lignes? Premiers éléments de réponse avec les enquêtes d'opinion jeudi et vendredi avant le verdict de dimanche soir, alors que le président candidat, particulièrement pugnace, a semblé prendre l'avantage.
Près de 15,6 millions de téléspectateurs ont regardé ce duel télévisé, un score inférieur à 2017 (16,5 millions), selon Médiamétrie.
- Mélenchon "à Matignon" -
Emmanuel Macron se rendra à Saint-Denis en début d'après-midi pour un déplacement consacré à la problématique des "logements insalubres et de la rénovation urbaine" dans le département le plus pauvre de la métropole, avant d'être l'invité du journal du 20h00 de France 2.
Il tiendra son dernier rassemblement de campagne vendredi à Figeac (Lot) dans un département qui avait voté massivement pour lui en 2017.
La Seine-Saint-Denis, qui a enregistré le 10 avril le taux d'abstention le plus élevé de France métropolitaine, a placé le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon largement en tête (49,09%) devant Emmanuel Macron (20,27%).
Les électeurs du leader LFI, arrivé en troisième position avec près de 22% au plan national, sont particulièrement courtisés par les deux finalistes.
Le président sortant est "beaucoup plus proche" des électeurs de Jean-Luc Mélenchon que Marine Le Pen, "qui est diamétralement opposée à eux", a insisté sur BFMTV Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement et soutien du candidat Macron.
Le leader insoumis, qui a appelé à ne pas donner "une voix à Mme Le Pen", espère pour sa part un "troisième tour" aux législatives qui le propulserait "Premier ministre". "Vous auriez voulu Mélenchon à l'Elysée ? Envoyez-le à Matignon!", a encore répété au Figaro Adrien Quatennens, numéro 2 de LFI.
La candidate d'extrême droite, apparue à plusieurs reprises sur la défensive lors du débat, est pour sa part attendue dans les Hauts-de-France, où elle est arrivée en tête du premier tour dans les cinq départements, distançant largement Emmanuel Macron.
Après un arrêt à la mi-journée à Roye (Somme), commune de près de 6.000 habitants, elle tiendra en début de soirée son dernier meeting de campagne à Arras, la préfecture du Pas-de-Calais. Un département qui a largement voté pour elle au premier tour même si c'est le président sortant qui a décroché la première place dans le chef-lieu.
Dans la deuxième région la plus pauvre de France métropolitaine, elle déclinera notamment ses propositions sur le pouvoir d'achat, dont elle a fait l'axe prioritaire de sa campagne.
Selon un sondage Ipsos/Sopra Steria réalisé auprès quelque 12.000 personnes, le pouvoir d'achat arrive largement en tête (65%) pour ceux qui voteraient pour Marine Le Pen, suivi de l'immigration (53%) et la délinquance (32%).
- "Cocasse" -
Première position aussi pour le pouvoir d'achat chez les électeurs qui voteraient Emmanuel Macron mais un cran en dessous (49%), quasiment à égalité avec la guerre en Ukraine (44%) et devant l'environnement (36%).
"Reste qu'il n'y a pas un électorat mélenchoniste mais deux", selon cette vaste enquête, "ceux qui votent pour Macron sont plus féminins, plus jeunes, moins populaires, plus diplômés, plus urbains et nettement plus à gauche que ceux qui votent pour Le Pen".
Divisée, l'extrême droite, qui a réuni un tiers des voix au premier tour, l'est également. L'appel d'Eric Zemmour en faveur d'une "grande coalition des droites et de tous les patriotes" pour les législatives de juin a été froidement accueilli par le Rassemblement national.
"C’est assez cocasse de voir des gens qui ont pu s’éloigner de notre famille politique, qui ont pu porter des critiques parfois très sévères, venir nous solliciter pour avoir un soutien aux élections législatives", a taclé le président du RN Jordan Bardella sur BFMTV.
L.Cabrera--ESF