La gauche met "solennellement" en garde Macron contre le maintien d'Attal à Matignon
Le Nouveau Front populaire (NFP) a mis "solennellement" en garde mardi Emmanuel Macron contre le maintien de Gabriel Attal à Matignon, lui reprochant de "bloquer" la nomination d'un Premier ministre issu de ses rangs, une posture dénoncée par le camp présidentiel qui prône le "réalisme" et une coalition plus large.
Dans un communiqué commun, la gauche a voulu mettre la pression sur le chef de l'Etat, qui n'a pas appelé le NFP, arrivé en tête des élections législatives dimanche. Elle a jugé que s'il "persistait", ce serait "une trahison de l'esprit de notre Constitution et un coup de force démocratique".
Le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a quant à lui accusé Emmanuel Macron de "bloquer la situation aujourd'hui pour garder le pouvoir le plus longtemps possible".
Le patron du PS Olivier Faure, arrivé avec les élus socialistes, dont l'ancien président François Hollande, s'est ainsi dit "prêt à assumer" la fonction de Premier ministre "dans le dialogue avec (ses) partenaires" du NFP, une mise en garde face aux velléités de Jean-Luc Mélenchon d'envoyer un Insoumis à Matignon.
Les composantes de la gauche continuent de plaider pour un gouvernement issu du NFP, promettant de proposer un nom de Premier ministre et une équipe d'ici "la fin de semaine", selon plusieurs dirigeants.
Les conciliabules se multiplient donc et une stratégie semble se dégager dans leurs rangs: un exécutif restreint à la gauche mais "une assise plus large à l'Assemblée", a détaillé l'ex-président des députés socialistes Boris Vallaud sur France Inter.
"Je ne veux pas travailler dans un gouvernement où il y aurait des macronistes", a prolongé l'écologiste Sandrine Rousseau à son arrivée au Palais Bourbon.
- Rapports de force internes -
Emmanuel Macron, qui reçu mardi soir le président du Sénat Gérard Larcher, reste en retrait depuis dimanche. Il a seulement maintenu Gabriel Attal à son poste de Premier ministre "pour le moment" - et se rend mercredi à Washington pour deux jours de sommet de l'Otan, tandis que le camp macroniste rejette les revendications de la gauche.
"Je ne conteste pas la possibilité pour la gauche républicaine de gouverner ou de participer à un gouvernement. Mais à 100 sièges de la majorité absolue (...) il faut être réaliste", a affirmé le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, dans une tribune au Monde. Le néo-député préfèrerait une "majorité de projets", mais sans LFI ni Jean-Luc Mélenchon.
Avant son départ pour la capitale américaine, Emmanuel Macron a reçu mardi soir le président du Sénat Gérard Larcher.
A gauche, les rapports de force internes seront particulièrement décisifs dans les négociations, Insoumis comme socialistes tentant âprement de gonfler leurs rangs pour peser dans la désignation du Premier ministre potentiel.
Mardi, Boris Vallaud (PS) a évoqué un contingent de 65 à 70 députés socialistes, quand Mathilde Panot (LFI) a assuré que LFI pourrait avoir un groupe "autour de 80 députés".
Autre dossier en passe de s'ouvrir, celui des postes-clés de l'Assemblée et de la présidence, que Yaël Braun-Pivet espère conserver. Sandrine Rousseau aussi s'est dite intéressée mardi, tout en appelant comme l'ensemble de la gauche à exclure le RN de toutes les fonctions exécutives en établissant un "cordon sanitaire".
- Le RN visé par la justice -
Au sein de la macronie, certains regardent à droite, à l'image du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. D'autres, au MoDem notamment, aimeraient ranimer le coeur social-démocrate qui avait porté Emmanuel Macron vers le pouvoir en 2017.
De là à imaginer une grande coalition qui exclurait LFI et le Rassemblement national, et qui irait du PS aux LR ?
Cela paraît également compliqué, car une large partie de la droite a déjà exclu cette hypothèse, en défendant une ligne autonome sous un nouveau nom différent de "LR".
En attendant, Gabriel Attal entend se montrer à la manoeuvre. Il a réuni mardi matin les députés Renaissance, et convie à Matignon tous les parlementaires de la majorité en fin d'après-midi.
Une autre prise de parole sera scrutée: l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui nourrit des ambitions pour 2027, s'exprimera sur TF1 à 20H00, et donnera peut-être quelques indications sur la stratégie de son groupe Horizons (autour de 25 élus).
Du côté du Rassemblement national, la déception a laissé place aux premiers règlements de compte.
Le directeur général du parti Gilles Pennelle, artisan du fameux "plan Matignon", censé prévoir toute la logistique en cas d'élections législatives anticipées, a démissionné après le revers du parti dimanche.
Le RN est aussi confronté à un nouveau déboire avec l'annonce par le parquet de Paris d'une information judiciaire sur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022.
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P.Avalos--ESF