Intenses combats à Gaza et fuite d'habitants, négociations attendues à Doha
L'armée israélienne a bombardé par air et terre la ville de Gaza mardi, poussant à la fuite des milliers de Palestiniens, à l'heure où des experts de l'ONU ont accusé Israël, qui a nié, de mener une "campagne de famine intentionnelle" dans le territoire assiégé.
Cette offensive majeure israélienne dans le nord de la bande de Gaza se poursuit à la veille de nouvelles négociations attendues au Qatar pour tenter d'avancer vers un cessez-le-feu associé à une libération des otages israéliens retenus à Gaza.
Ces otages ont été enlevés lors d'une attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, à laquelle Israël a riposté en lançant une offensive de grande envergure dans la bande de Gaza où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.
Dans la ville de Gaza, les troupes israéliennes, appuyées par des chars et des bombardements aériens, ont mené une nouvelle offensive contre le mouvement islamiste, considéré comme organisation terroriste par Israël, l'Union européenne et les Etats-Unis.
Il s'agit des combats "les plus intenses depuis des mois", a affirmé le Hamas, qu'Israël a promis de détruire après l'attaque du 7 octobre.
Le 27 juin, l'armée a lancé une opération terrestre à Choujaïya, dans l'est de Gaza-ville, avant de l'étendre lundi aux quartiers du centre, où "des dizaines de milliers de personnes", selon l'ONU, ont été appelées à évacuer par l'armée.
A pied, à bord de voitures ou de camionnettes, des Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants ont pris la fuite en emportant quelques affaires.
"Nous avons été déplacés à Daraj (quartier de Gaza). Ensuite, nous avons été déplacés à l'hôpital al-Chifa. Puis dans les sièges de ministères, et maintenant nous avons fui le quartier al-Tuffah (à Gaza)! Où sommes-nous censés aller?", s'écrie Oum Nimr al-Jamal, qui s'est réfugiée dans un appartement vide de Gaza.
"Nous sommes partis en courant pour sauver notre vie, sans rien emporter", a-t-elle ajouté. "Mes enfants sont malades. Ils ont tous de la fièvre et un a la jaunisse."
- "Campagne de famine" -
Le bureau des droits de l'homme de l'ONU s'est dit "consterné" par les ordres d'évacuation israéliens, qui poussent des déplacés à rejoindre des secteurs visés à leur tour et "où des civils se font tuer".
L'armée a dit "poursuivre son opération antiterroriste" à Gaza. Des habitants y ont signalé des tirs d'hélicoptères, "des explosions et de nombreuses fusillades" dans plusieurs quartiers.
"Nous avons à nouveau environ 350.000 personnes sur les routes. Et depuis le début de la guerre, presque tous les habitants de Gaza ont été déplacés une fois, deux fois, trois fois, quatre fois ou cinq fois, ce qui montre qu'il n'y a absolument aucun endroit sûr" dans le territoire, a déclaré à Amman le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
A Genève, dix experts indépendants de l'ONU ont accusé Israël de mener une "campagne de famine" à Gaza, qui selon eux entraîne la mort d'enfants. "La campagne de famine intentionnelle et ciblée d'Israël contre le peuple palestinien est une forme de violence génocidaire et a entraîné une famine dans toute la bande de Gaza."
Des accusations balayées par la mission israélienne auprès de l'ONU à Genève, accusant les experts d'être "coutumiers tant de la désinformation que du soutien à la propagande du Hamas".
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l'armée israélienne.
En riposte, Israël a mené une offensive d'envergure à Gaza qui a fait jusqu'à présent 38.243 morts, en majorité des civils, dont au moins 50 ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
- "Destructeur du Liban" -
Après des mois de négociations sans résultat sur un cessez-le-feu, une source proche des discussions a indiqué que les chefs de la CIA et des services de renseignement israélien étaient attendus mercredi à Doha.
Israël et le Hamas ont continué de faire état de divergences après que le mouvement palestinien a dit selon un responsable ne plus réclamer un cessez-le-feu permanent avant toute négociation sur une libération d'otages.
Le Hamas doit participer aux prochaines négociations, a dit un responsable du groupe.
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé que "tout accord devrait permettre à Israël de se battre jusqu'à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints", dont la destruction du Hamas.
Concernant les échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah libanais, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a averti son chef Hassan Nasrallah. "Nasrallah, si vous ne cessez pas les menaces et la violence (...) vous serez considéré comme le destructeur du Liban."
M.Rubio--ESF