Biden face aux doutes de son parti et lâché par George Clooney
L'une des plus grandes voix du Parti démocrate, Nancy Pelosi, a alimenté mercredi les spéculations sur la candidature de Joe Biden à la présidentielle, vouée à l'échec selon de nombreux instituts de sondage, plusieurs élus, et, désormais, George Clooney.
"J'aime Joe Biden. Mais il nous faut un autre candidat", écrit l'acteur, réalisateur et producteur dans une contribution pour le New York Times.
George Clooney, un partisan de toujours du Parti démocrate, rappelle avoir participé mi-juin à une soirée de levée de fonds pour le président américain: "C'est terrible à dire, mais le Joe Biden avec qui j'étais il y a trois semaines n'est pas le (...) Joe Biden de 2010. Même pas le Joe Biden de 2020. Il était le même homme que nous avons vu lors du débat" raté du 27 juin face à Donald Trump.
Ce soir-là, le président américain était apparu très confus et très fatigué.
La sortie de George Clooney n'a rien d'anecdotique: Joe Biden avait jusqu'ici trouvé dans le monde du cinéma un relais médiatique et financier puissant.
Sur la chaîne MSNBC, Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants restée très influente, a obstinément refusé d'apporter explicitement son soutien au président américain, qui briguera en novembre un second mandat face à son prédécesseur républicain.
"C'est au président de décider s'il va se présenter", a-t-elle déclaré sur cette chaîne prisée des démocrates. "Nous l'encourageons tous à prendre cette décision car le temps presse."
Le problème, en l’occurrence, est que le démocrate de 81 ans estime avoir pris sa décision.
- "Tourner la page" -
Joe Biden avait écrit lundi aux parlementaires de son parti pour leur signifier qu'il était "fermement décidé à rester en course" et les appeler à "se rassembler" autour de lui.
Il veut maintenant "tourner la page", selon l'expression de sa porte-parole Karine Jean-Pierre mardi.
Le démocrate, qui essaie de faire taire les doutes sur son énergie et son endurance en redoublant d'activité, a une autre journée chargée mercredi.
Il s'est brièvement exprimé pendant une réunion du principal regroupement syndical américain, l'AFL-CIO.
"Il y a toute une série de choses que nous allons réaliser avec votre aide pendant un second mandat", a-t-il dit, s'exprimant sans prompteur et sans notes.
Joe Biden va ensuite participer au sommet de l'Otan qui se tient à Washington. Il recevra les dirigeants des pays membres de l'organisation de défense pour un dîner.
A ce jour, sept élus démocrates de la Chambre des représentants sont allés jusqu'à demander publiquement à ce qu'il jette l'éponge.
Un premier élu de l'autre chambre du Congrès américain, le Sénat, les a rejoints mardi soir.
"Donald Trump est, je pense, sur la voie de la victoire et celle-ci pourrait être écrasante, avec le Sénat et la Chambre", a dit le sénateur du Colorado Michael Bennet, sur CNN.
- Sondages -
Si l'angoisse est si forte au Capitole, c'est que nombre de représentants et de sénateurs craignent que Joe Biden ne les entraîne dans sa chute lors des élections législatives de novembre, tenues en même temps que la présidentielle.
Plusieurs sondages réalisés depuis le débat viennent alimenter ces craintes, en indiquant que Donald Trump maintient voire creuse l'avantage sur son rival démocrate.
"Ce qui compte ce n'est pas ce que nous ressentons mais ce que nous disent les chiffres. C'est sur la base d'une analyse sans affect des chiffres purs et durs que nous devons décider qui nous investirons", a écrit mercredi sur X Ritchie Torres, un démocrate de New York, membre de l'influent groupe des élus afro-américains.
Une étude de l'institut Cook Political Report, s'appuyant sur 21 grandes enquêtes d'opinion, crédite le républicain de 78 ans de 47% des intentions de vote au niveau national, contre 44% à Joe Biden.
Surtout, elle montre que le président américain a perdu du soutien auprès des Afro-américains, des jeunes et des électeurs hispaniques.
Dave Wasserman, qui pilote cette synthèse de Cook Political Report, juge que "les chiffres de Biden (auprès de ces groupes) sont incompatibles avec un quelconque scénario plausible de victoire".
H.Alejo--ESF