Gouvernement: les discussions patinent à gauche, Macron regrette la désunion dans son camp
Bras de fer à gauche, désunion en macronie: alors que les désaccords persistent entre Insoumis et socialistes pour s'accorder sur un Premier ministre, Emmanuel Macron a déploré vendredi le "spectacle désastreux" donné ces derniers jours par son camp, qui a peiné à s'unir derrière Gabriel Attal.
Les leaders du Nouveau Front populaire, qui en sont à leur cinquième jour de tractations, ne se hasardent plus à promettre un nom pour Matignon d'ici la fin de semaine.
"Je préfère ne pas fixer de deadline" (échéance, ndlr), a admis Manuel Bompard sur TF1, "il peut y avoir plus de temps nécessaire pour la discussion".
En attendant, "ce n'est pas parce que la question du Premier ministre n'est pas tranchée que rien n'avance", a assuré Marine Tondelier sur BFMTV/RMC. "C'est normal que ça prenne un peu de temps", a ajouté la cheffe des écologistes.
- "Ça coince" -
Quelles sont les options ? Les Insoumis en proposent quatre: Manuel Bompard; la coprésidente de l'Institut La Boétie et députée du Val-de-Marne, Clémence Guetté; la présidente du groupe à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot; et surtout le fondateur du mouvement, Jean-Luc Mélenchon, très contesté au sein des autres formations de gauche.
Les socialistes, eux, défendent la candidature de leur premier secrétaire Olivier Faure, hypothèse également soutenue par les communistes. Mais ces derniers poussent aussi un autre nom, celui de Huguette Bello, présidente de La Réunion proche de LFI.
Mais Huguette Bello, "c'est une proposition sérieuse pour des gens qui ne veulent pas gouverner", réagit un socialiste. "Le vrai sujet va devenir Faure ou Mélenchon", résume la même source.
LFI et PS irréconciliables ? "Dire qu'il y aura un Premier ministre Insoumis, ça veut dire renoncer à gouverner. Dire +c'est Olivier Faure+, c'est mettre Emmanuel Macron dans l'embarras", se défend un élu socialiste.
Quant aux Ecologistes, "ils ne veulent pas prendre position, c'est difficile en interne pour eux. Il faut qu'ils se décident, la clé est chez eux", ajoute-t-il.
Le Nouveau Front populaire, arrivé en tête des législatives, persiste à s'estimer vainqueur, bien qu'avec 195 députés il lui manque une centaine de sièges pour atteindre la majorité absolue.
Cette situation l'expose à un risque immédiat de censure s'il parvient à former un gouvernement. La patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, a d'ailleurs prévenu que son parti "censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles".
Menace également proférée par plusieurs responsables du bloc central, à commencer par Gabriel Attal, qui s'est engagé vendredi à "protéger les Français de tout gouvernement qui compterait des ministres issus du RN ou de LFI", dans sa profession de foi pour la présidence du groupe Renaissance à l'Assemblée.
- Darmanin agacé -
Seul candidat à l'élection prévue samedi malgré des ambitions un temps attribuées à Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, il propose de renommer le groupe "Ensemble pour la République", dans une volonté de le rendre "incontournable" pour dégager des "majorités de projets et d'idées".
Ces dernières heures, le camp présidentiel tente de s'unir derrière son chef de campagne, mais il cache péniblement certaines dissensions sur la stratégie politique, entre mains tendues à droite ou à gauche.
Lors d'une réunion de ses ténors à l'Elysée, Emmanuel Macron a d'ailleurs déploré le "spectacle désastreux" donné par son camp ces derniers jours, selon des participants. Le président a exhorté ses troupes à privilégier "la Nation plutôt que les ambitions prématurées", a fait savoir un proche.
Car tout le monde n'est pas sagement rentré dans le rang. Outre le départ d'un macroniste historique, Sacha Houlié, qui ne siègera pas dans le groupe Renaissance, Gérald Darmanin paraît lui aussi agacé par la tournure des événements.
Le ministre de l'Intérieur a affirmé que cette élections ne règlerait ni "la ligne politique" ni "le fonctionnement du parti". "L'unité (comme la vie de couple) ne se décrète pas: elle se construit chaque jour", a-t-il grincé dans un message aux députés Renaissance, appelant à un "examen critique".
Le chef de l'Etat continue de plaider pour que "les forces républicaines" puissent "bâtir des compromis", quitte à leur laisser "un peu de temps", voire enjamber les Jeux olympiques.
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A.Abascal--ESF