L'Iran capable de produire des matières fissiles en vue d'une bombe en "une ou deux semaines", selon Blinken
L'Iran a réduit à "une ou deux semaines" le délai nécessaire pour produire des matières fissiles en vue d'une arme nucléaire, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, réitérant l'engagement des Etats-Unis à empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.
"La situation actuelle n'est pas bonne", a confié M. Blinken lors d'un forum sur la sécurité à Aspen, dans le Colorado (ouest).
"L'Iran, en raison de la fin de l'accord nucléaire, au lieu d'être à au moins un an d'avoir la capacité de produire des matières fissiles pour une arme nucléaire, est maintenant probablement à une ou deux semaines de pouvoir le faire", a affirmé le secrétaire d'Etat.
"Ils n'ont pas développé une arme", a cependant indiqué M. Blinken, ce qui prendrait nécessairement plus de temps, "mais c'est quelque chose que nous surveillons de très près, bien sûr".
"Ce que nous avons vu ces dernières semaines et ces derniers mois, c'est l'Iran qui va de l'avant avec ce programme" nucléaire, a encore déploré le chef de la diplomatie américaine.
Une cascade est une série de centrifugeuses et machines utilisées dans le processus d'enrichissement de l'uranium.
Selon l'AIEA, l'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium jusqu'au niveau élevé de 60% - tout près de la qualité militaire - tout en continuant à accumuler d'importants stocks d'uranium.
- Sceptique -
M. Blinken a réitéré que les Etats-Unis privilégaient "la voie diplomatique" pour empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.
Téhéran nie toute volonté d'en fabriquer une.
Il a durement critiqué, à cet égard, la décision de la précédente administration, sous Donald Trump, de s'être retiré en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu trois ans auparavant. Cet accord visait justement à restreindre l'activité nucléaire de l'Iran en échange d'un allègement des sanctions. Washington avait dans la foulée rétabli de lourdes sanctions sur la République islamique.
Jeudi, l'ancien président républicain et de nouveau candidat à la Maison Blanche, avait au contraire accusé l'administration Biden de permettre à l'Iran d'avancer sur son programme nucléaire.
"L'Iran est très proche de se doter d'une arme nucléaire, ce qui ne se serait jamais passé" s'il avait été président, a-t-il dit à la convention républicaine.
L'Iran rompt progressivement avec les engagements pris dans le cadre de l'accord nucléaire de 2015.
Le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri, a cependant déclaré cette semaine à CNN que Téhéran restait attaché à l'accord, connu sous le nom de son acronyme en anglais JCPOA.
"Nous sommes toujours membres du JCPOA (...) et l'objectif que nous poursuivons est donc la relance de l'accord de 2015", a-t-il dit.
Par ailleurs, interrogé vendredi sur ce qu'attendaient les Etats-Unis du président réformateur élu Massoud Pezeshkian, M. Blinken s'est dit sceptique.
"La réalité est que le leader suprême (l'ayatollah Ali Khamenei) continue de décider de tout, et nous n'avons donc pas de grandes attentes, mais nous verrons ce que lui et son équipe feront une fois qu'ils seront en fonction", a-t-il affirmé.
A.García--ESF