El Siglo Futuro - Dans une colonie israélienne, l'autodéfense version krav maga après l'attaque du Hamas

Madrid -
Dans une colonie israélienne, l'autodéfense version krav maga après l'attaque du Hamas
Dans une colonie israélienne, l'autodéfense version krav maga après l'attaque du Hamas / Photo: © AFP

Dans une colonie israélienne, l'autodéfense version krav maga après l'attaque du Hamas

Dans une colonie israélienne de Cisjordanie occupée, Moshe Katz, un instructeur de krav maga, s'inspire des attaques du Hamas qui ont déclenché la guerre à Gaza, le 7 octobre, pour apprendre à ses élèves à retourner les armes contre des agresseurs.

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"Je vais d'abord te prendre en otage, puis tu me feras la même chose", explique à un disciple l'instructeur israélo-américain, en brandissant une Kalachnikov bleu en caoutchouc.

Quand arrive son tour d'incarner l'otage, M. Katz, un juif ultra-orthodoxe, demande à son partenaire de le saisir par le dos de la chemise.

"Donc maintenant, il me tient ici. Moi, je me dis que je ne vais pas être une victime, pas question", dit l'instructeur avant de saisir le canon du faux fusil et de le retourner contre l'assaillant potentiel. "C'est ton tour de mourir aujourd'hui, pas le mien!", lance-t-il

Moshé Katz, 63 ans, a converti le sous-sol de sa maison en studio pour enseigner le krav maga, ou "combat rapproché", une technique d'auto-défense pratiqué par l'armée israélienne depuis la création du pays en 1948.

Il voit dans le sentiment d'insécurité qui a saisi les Israéliens depuis le 7 octobre une occasion de partager ses connaissances sur cette technique de combat corps à corps qui s'inspire de l'aïkido, la boxe, le judo, le karaté et la lutte.

"C'est juste pour savoir qu'on peut se protéger", explique Esther Cohen, qui aide M. Katz dans ses cours.

"Il se passe des choses assez violentes", dit cette femme, arrivée au gymnase avec une arme récemment achetée glissée à la ceinture. "Je ne veux pas me sentir impuissante."

L'attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée.

- "Plus d'armes" -

En riposte, Israël a lancé une offensive dans le territoire palestinien, qui a fait jusqu'à présent plus de 38.900 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

Katz montre à ses élèves comment repousser une attaque au couteau avec des objets de cuisine et désarmer un homme armé lors d'une agression, dans sa colonie de Maale Adumim.

Toutes les colonies israéliennes dans les territoires occupés sont considérées comme illégales en vertu du droit international.

Depuis le début de la guerre de Gaza, les colonies de Cisjordanie se sont étendues, et la violence dans le territoire occupé a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies.

Au moins 576 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou colons israéliens, selon les autorités palestiniennes, et au moins 16 Israéliens, y compris des soldats, dans des attaques ou attentats palestiniens, d'après des chiffres officiels israéliens.

M. Katz affirme que certains de ses élèves ont cessé de venir en raison de la montée des violences. Le nombre de participants à ses cours bi-hebdomadaires a diminué de moitié depuis le début de la guerre, passant à moins de dix.

"J'aimerais pouvoir vous dire que les gens affluent pour apprendre le krav maga, mais ce n'est pas le cas", déplore-t-il. "Ce que j'ai vu, c'est que les gens achètent plus d'armes."

Le gouvernement a assoupli en mars la loi sur la possession privée d'armes à feu, faisant exploser les ventes.

Près de Tel-Aviv, dans la ville de Ra'anana, un autre gymnase de krav maga affirme que sa fréquentation a repris.

"Après la guerre (...) il y a eu moins d'entraînements. Ensuite, nous avons observé chez les gens une certaine volonté d'apprendre à se défendre", explique Jonathan, 22 ans, un instructeur qui refuse de donner son nom de famille.

M.Aguado--ESF