Bangladesh : les étudiants menacent de reprendre les manifestions, l'internet rétabli
Un groupe d'étudiants du Bangladesh a menacé de reprendre les manifestations, après plusieurs jours de troubles meurtriers, si ses dirigeants emprisonnés ne sont pas libérés dimanche, les autorités ayant rétabli de leur côté l'internet mobile.
Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre et la répression meurtrière des autorités ont fait au moins 205 morts dans le pays d'Asie du Sud la semaine dernière, selon un décompte de l'AFP à partir des données de la police et des hôpitaux.
La police a arrêté des milliers de manifestants, dont plusieurs leaders étudiants après des protestations contre les quotas d'embauche dans la fonction publique.
Après un moratoire d'une semaine du mouvement face aux violences, les membres d'Étudiants contre la discrimination, l'organisation à l'initiative des protestations, ont déclaré dimanche qu'ils reprendraient les manifestations lundi si leurs dirigeants ne sont pas libérés.
Le chef du groupe, Nahid Islam, et d'autres personnes "doivent être libérés et les poursuites engagées contre eux abandonnées", a déclaré Abdul Hannan Masud aux journalistes lors d'une conférence de presse en ligne samedi soir.
M. Masud, qui n'a pas révélé d'où il s'exprimait car il se cache des autorités, a également demandé que des "actions visibles" soient prises contre les ministres du gouvernement et les officiers de police responsables de la mort des manifestants.
- Leaders étudiants arrêtés à l'hôpital-
"Dans le cas contraire, les Etudiants contre la discrimination seront contraints de lancer des manifestations dures à partir de lundi", a-t-il déclaré.
Trois dirigeants du groupe étudiant, Asif Mahmud, Nahid Islam et Abu Baker Majumdern, ont été sortis de force vendredi de l'hôpital où ils avaient été admis et emmenés par un groupe de policiers en civil.
Le ministre de l'Intérieur, Asaduzzaman Khan, a indiqué vendredi soir qu'ils avaient été transférés pour "leur propre sécurité", mais n'a pas confirmé s'ils avaient été arrêtés.
La police a affirmé dimanche à l'AFP que deux autres personnes avaient été mises en détention tandis qu'un activiste d'Étudiants contre la discrimination a affirmé qu'une troisième personne avait aussi été emmenée.
La semaine dernière a été marquée par l'incendie de bâtiments gouvernementaux et de postes de police à Dacca, ainsi que par de violents affrontements de rue entre manifestants et police anti-émeute ailleurs dans le pays.
Le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina a déployé des troupes, instauré une coupure d'internet à l'échelle nationale et un couvre-feu pour rétablir l'ordre.
Le couvre-feu restait en vigueur dimanche, mais il a été progressivement assoupli au cours de la semaine, signe que le gouvernement considère que l'ordre a été en grande partie rétabli.
- " au moins 9.000 arrestations" -
Le ministre des Télécommunications Zunaid Ahmed Palak a annoncé dimanche le rétablissement de l'internet mobile dans l'après midi, après plus d'une semaine de blocage imposé à l'échelle nationale. Les connexions pour l'internet fixe avaient été rétablies mardi.
Une petite manifestation à Dacca dimanche, réclamant la démission de la Première ministre a été raidement dispersée par la police.
Selon Prothom Alo, le plus grand quotidien du Bangladesh, au moins 9.000 personnes ont été arrêtées dans tout le pays depuis le début des troubles.
Il s'agit de l'un des pires soulèvements qu'a connus le Bangladesh depuis que Sheikh Hasina est redevenue, en 2009, Première ministre (après avoir exercé ces fonctions de 1996 à 2001).
La contestation a commencé après la réintroduction en juin d'un régime réservant à certains candidats plus de la moitié des emplois de la fonction publique, dont près d'un tiers aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance du Bangladesh.
Dans ce pays d'Asie du Sud comptant quelque 18 millions de jeunes sans travail, selon les chiffres officiels, ce système a suscité la colère des diplômés, confrontés à une crise aiguë de l'emploi. Selon ses détracteurs, ces quotas visent à réserver des emplois publics aux proches de la Ligue Awami, le parti de la Première ministre.
La Cour suprême a réduit dimanche le nombre des postes ainsi réservés, mais les manifestants veulent que ce système soit aboli.
D.Cano--ESF