Heurts au Royaume-Uni: Starmer promet de mettre fin aux violences de l'extrême droite
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a promis jeudi de mettre fin aux violences, attisées selon lui par la "haine d'extrême droite", qui se sont multipliées ces derniers jours en réaction à la mort de trois fillettes dans une attaque au couteau.
"Ce ne sont pas des manifestations, ce n'est pas légitime", a lancé le Premier ministre, affichant sa fermeté lors d'une conférence de presse après avoir réuni les responsables de la police pour leur apporter le soutien du gouvernement.
"C'est de la délinquance, des désordres violents", et "nous y mettrons fin", a-t-il promis au lendemain de heurts qui à Londres ont donné lieu à une centaine d'interpellations de manifestants anti-immigration.
Pour ce faire, le dirigeant travailliste, qui a dénoncé des violences "clairement" alimentées par la "haine d'extrême droite", a annoncé la création d'une nouvelle structure au sein de la police pour permettre aux forces de l'ordre d'être plus réactives face à des fauteurs de troubles très mobiles sur le territoire.
Keir Starmer, au pouvoir depuis près d'un mois, a en outre insisté sur la responsabilité des réseaux sociaux, vecteurs de rumeurs infondées sur le profil du suspect de l'attaque qui a coûté la vie à trois fillettes lundi lors d'un cours de danse à Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
"Laissez-moi dire aux grandes entreprises des réseaux sociaux, et à ceux qui les dirigent: les violents désordres sont clairement attisés en ligne, et c'est aussi un délit. Ca se produit chez vous, et la loi doit s'appliquer partout".
Face aux responsables policiers, le chef du gouvernement travailliste s'en est pris aux "bandes de voyous" qui dans les rues de Southport ont attaqué "les mêmes policiers qui sont intervenus après l'horrible attaque contre ces filles".
- Mosquée attaquée -
Le suspect, Axel Rudakubana, 17 ans, dont l'identité a finalement été révélée jeudi en milieu de journée, a été maintenu en détention à l'issue d'une brève comparution devant la justice à Liverpool.
Il est inculpé pour le meurtre des trois fillettes et dix tentatives de meurtre. Huit autres enfants et deux adultes ont également été blessés lors de l'attaque. Deux des enfants blessés ont pu quitter l'hôpital, a annoncé jeudi l'établissement.
Cette agression au couteau, dans un contexte de hausse des violences à l'arme blanche au Royaume-Uni, puis des rumeurs sur le suspect ont attisé une colère qui s'est traduite par endroits par des violences.
Après une soirée de heurts à Southport mardi, durant laquelle des manifestants, décrits par la police comme des soutiens du mouvement d'extrême droite English Defence League (EDL), s'en sont pris à une mosquée et ont blessé plus de 50 policiers, les tensions se sont étendues mercredi.
- "Trop, c'est trop" -
A Londres, plusieurs centaines de personnes, drapeaux anglais en main, ont manifesté devant Downing Street, la résidence officielle du Premier ministre.
Certains criaient des slogans comme "trop c'est trop !" ou "arrêtez les bateaux !", en référence aux canots pneumatiques sur lesquels des migrants traversent la Manche pour venir au Royaume-Uni.
D'autres ont scandé le nom du fondateur et ancien dirigeant de l'EDL Tommy Robinson, figure toujours influente de la droite dure britannique, ainsi que celui du député Nigel Farage, chef du parti anti-immigration Reform UK.
Un des manifestants a affirmé à l'AFP que l'agression de Southport était "la goutte qui a fait déborder le vase": "Nous en avons assez".
La police a indiqué avoir arrêté 111 personnes.
Le maire de Londres Sadiq Khan a condamné jeudi sur X des violences "inacceptables" menées par des personnes "semant la division".
Des manifestations ont eu lieu dans d'autres villes, comme à Hartlepool (nord-est) où des individus ont mis le feu à une voiture de police et ont jeté des projectiles sur les policiers, "dont plusieurs ont été légèrement blessés", selon la police, qui estime que la manifestation "est liée a l'incident de Southport". Huit personnes ont été arrêtées.
Des rassemblements se sont également produits à Manchester, où une quarantaine de personnes se sont rassemblées devant un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile, selon la presse locale, ou encore à Aldershot (sud de l'Angleterre), là encore devant un hôtel.
M.F.Ortiz--ESF