Les principaux échanges de prisonniers entre Russie et Occidentaux
L'échange de 24 prisonniers et de deux mineurs entre la Russie, les Etats-Unis et des pays européens, intervenu jeudi et "historique" selon la Maison Blanche, est l'une des plus grandes opérations de ce type depuis la fin de la Guerre froide
Rappel des principaux échanges de détenus entre Moscou et les Occidentaux.
- Décembre 2022 : la basketteuse Brittney Griner -
La star américaine du basket Brittney Griner, condamnée en août 2022 à neuf ans de prison pour avoir amené en Russie, où elle devait jouer pour quelques mois, un liquide de vapoteuse contenant du cannabis, est échangée quatre mois plus tard à l'aéroport d'Abou Dhabi contre le marchand d'armes russe Viktor Bout, qui purgeait aux Etats-Unis une peine de 25 ans de prison.
Quelques jours plus tard, un important échange de prisonniers entre l'Ukraine et la Russie a également concerné un citoyen américain, Suedi Murekezi. Ce dernier avait été arrêté en juin 2022 dans l'est de l'Ukraine par les forces russes et inculpé pour avoir "participé à des manifestations pro-ukrainiennes et antirusses".
- Avril 2022 : l'ex-Marine Trevor Reed -
En avril 2022, l'ex-Marine Trevor Reed, condamné à neuf ans de prison en Russie pour des violences, est échangé avec un pilote russe, Konstantin Iarochenko, incarcéré aux Etats-Unis depuis 2010 pour trafic de drogue en lien avec la guérilla colombienne des Farc. L'opération se déroule sur un aéroport en Turquie.
Agé d'une trentaine d'années, M. Reed, condamné pour avoir agressé en état d'ébriété deux policiers, ce qu'il niait, dénonçait une affaire "politique". Il avait fait une grève de la faim en novembre 2021 pour protester contre les conditions de sa détention.
- 2010 : échange historique à Vienne -
Le 9 juillet 2010, l'aéroport de Vienne-Schwechat est le théâtre du plus grand échange d'espions depuis la disparition du Rideau de fer.
Un avion officiel russe se pose sur le tarmac, rejoint quelques instants plus tard par un appareil américain. Un minibus noir aux vitres teintées assure rapidement la navette entre les deux aéronefs, qui redécollent sans tarder.
A bord de l'un, dix agents russes expulsés des Etats-Unis, dont la jeune Anna Chapman, une femme d'affaires russe installée à New York qui collectait des informations pour le compte de la Russie dans le cadre d'un réseau d'"agents illégaux". Sa double vie a fasciné les médias.
Dans l'autre ont pris place quatre Russes arrivés de Moscou, dont trois avaient été condamnés pour espionnage au profit de pays occidentaux.
Parmi eux, un certain Sergueï Skripal, dont l'empoisonnement en 2018 dans le sud de l'Angleterre, où il s'était réfugié, déclenchera une crise diplomatique majeure avec la Russie.
Plusieurs pays occidentaux ont accusé le gouvernement russe d'avoir été à l'origine de la tentative d'assassinat de l'ex-agent double, ce que le Kremlin a toujours démenti.
- Pendant la Guerre froide, le Pont des espions -
Jusqu'à la fin de la Guerre froide en 1991, les échanges de prisonniers - surtout d'espions - étaient fréquents entre Moscou et Occidentaux. Ceux entre Américains et Soviétiques avaient lieu en particulier sur le pont en fer de Glienicke, qui reliait la zone américaine de Berlin-Ouest à la ville est-allemande de Potsdam, en enjambant une rivière, la Havel.
Sa légende commença à s'écrire en 1962, quand le pilote d'un avion espion américain abattu au-dessus de l'URSS, Francis Gary Powers, y fut échangé contre un colonel du KGB, Rudolf Abel, détenu aux Etats-Unis pour espionnage.
L'histoire a été portée à l'écran en 2015 par Steven Spielberg dans "Le pont des espions".
En juin 1985, sur ce même pont, est réalisé ce qu'un officiel américain a décrit comme "le plus grand échange d'espions" : quatre Européens de l'Est détenus aux Etats-Unis pour espionnage sont échangés contre 25 agents (avec leur famille) travaillant pour le compte de pays occidentaux et détenus en Pologne et en Allemagne de l'est.
Mais l'opération la plus retentissante intervenue sur ce pont est, le 11 février 1986, un échange d'agents dont profita le dissident soviétique Nathan Chtcharanski, condamné en 1977 pour trahison et espionnage et libéré après des années de goulag.
M.Hernández--ESF