Bangladesh: nouvelles manifestations malgré la libération des leaders du mouvement étudiant
De nouvelles manifestations ont eu lieu au Bangladesh après les prières du vendredi afin de réclamer justice pour les victimes de troubles et de la répression policière, la libération des leaders du mouvement n'ayant pas suffi à calmer la colère.
Les manifestations d'étudiants contre les quotas d'emplois dans la fonction publique ont abouti à des heurts meurtriers dans le pays, où au moins 206 personnes ont été tuées le mois dernier, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données policières et hospitalières.
La répression exercée par les forces de sécurité a nourri le ressentiment dans le pays et suscité de vives critiques à l’étranger.
Au lendemain de la libération de six membres du groupe ayant organisé les premières manifestations, ses dirigeants ont exhorté leurs compatriotes à reprendre la rue. "Nous voulons que justice soit rendue pour les meurtres de nos sœurs et de nos frères", a déclaré, dans un communiqué, l'organisation Students against discrimination (Etudiants contre les discriminations).
Des milliers de jeunes hommes dans la capitale Dacca et dans la ville portuaire de Chittagong ont répondu à l’appel, après la prière de midi dans ce pays à majorité musulmane, bravant les pluies torrentielles de la mousson.
"Pourquoi nos frères sont-ils dans la tombe et les tueurs en dehors ?", a scandé la foule devant la plus grande mosquée du pays, dans le centre de Dacca, mégapole peuplée de 20 millions d’habitants.
Parmi les leaders arrêtés puis relâchés figurait le dirigeant de la coalition, Nahid Islam. Le 26 juillet, ce dernier et deux autres dirigeants du mouvement étudiant avaient été sortis de force d'un hôpital de Dacca où ils avaient été admis, par des détectives en civil, et amenés dans un lieu inconnu.
Leur remise en liberté a montré que le gouvernement espérait "désamorcer les tensions" avec les manifestants, a estimé jeudi auprès de l’AFP le chercheur de l'Université d’Oslo Mubashar Hasan.
Les manifestations avaient commencé début de juillet, en réaction à la réintroduction d’un système de quotas - que la justice a réduit depuis - qui réservait plus de la moitié des emplois de la fonction publique à certains groupes.
Dans un pays qui compte quelque 18 millions de jeunes sans emploi selon les chiffres officiels, ce système des quotas a été rejeté par les diplômés. Pour ses détracteurs, il vise à réserver des postes au sein de la fonction publique aux proches de la Ligue Awami, le parti de la Première ministre, Sheikh Hasina.
Le 30 juillet, le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell avait dénoncé "l'usage excessif de la force" contre les manifestants au Bangladesh, en demandant que "les responsabilités" soient "clairement établies".
M.F.Ortiz--ESF