Les craintes d'une escalade militaire enflent au Moyen-Orient
Appels à quitter le Liban, renforcement du dispositif militaire américain au Moyen-Orient et suspension de liaisons aériennes: les inquiétudes face à une escalade militaire au Moyen-Orient enflent samedi après la multiplication des menaces de l'Iran et de ses alliés contre Israël.
L'Iran, le Hamas et le Hezbollah ont accusé Israël de la mort mercredi du chef du mouvement islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, tué dans sa résidence à Téhéran. Son assassinat est survenu quelques heures après une frappe revendiquée par Israël qui a tué le chef militaire du mouvement libanais, Fouad Chokr, mardi soir près de Beyrouth.
Les dirigeants iraniens ainsi que les mouvements islamistes libanais Hezbollah et palestinien Hamas ont juré de venger la mort de Haniyeh et Chokr, le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, menaçant Israël d'un "châtiment sévère".
En face, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays était à un "niveau très élevé" de préparation pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif".
- "Quittez maintenant" le Liban -
Au vu de "la possibilité d'une escalade régionale par l'Iran et ses partenaires", les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont annoncé vendredi "modifier (leur) dispositif militaire" pour "améliorer la protection des forces armées des Etats-Unis" et "doper le soutien à la défense d'Israël".
Davantage de navires de guerre, "porteurs de missiles balistiques de défense" et "un escadron supplémentaire d'avions de combat", vont être déployés, a indiqué le Pentagone.
Samedi, l'ambassade des Etats-Unis a exhorté ses ressortissants à quitter le Liban en prenant "n'importe quel billet d'avion disponible".
"La situation pourrait se détériorer rapidement (...) Mon message pour les ressortissants britanniques est clair: quittez maintenant" le Liban, a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Lammy.
"Bien sûr, nous avons peur", dit à Beyrouth Naji Der Kasbar, un commerçant libanais de 51 ans. "Si une guerre éclate" ce serait "un désastre pour le Liban".
- "Tel-Aviv et Haïfa" -
La guerre à Gaza a entraîné l'ouverture de fronts contre Israël par le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis qui forment avec le Hamas et des groupes irakiens ce que l'Iran appelle "l'axe de la résistance" face à Israël.
Samedi, la représentation de l'Iran auprès de l'ONU a dit s'attendre à ce que le Hezbollah frappe des zones situées en "profondeur" du territoire israélien, et "ne se limite pas aux cibles militaires", après que le chef du mouvement, Hassan Nasrallah, a parlé d'une "riposte inéluctable".
Selon les Gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique, Ismaïl Haniyeh a été tué par un "projectile de courte portée" tiré sur le bâtiment où il se trouvait après avoir assisté à la cérémonie d'investiture du président iranien.
"Le régime (...) sioniste recevra certainement la réponse à ce crime au moment et au lieu appropriés", ont-ils averti.
Tel-Aviv et Haïfa "font partie des cibles", écrit samedi le quotidien ultraconservateur iranien Kayhan, qui prédit "de douloureuses pertes humaines".
Entretemps, le cycle de violences quotidiennes se poursuit à la frontière israélo-libanaise. Le Hezbollah a annoncé samedi la mort d'un combattant tué selon une source de sécurité par un "drone israélien" dans le sud du Liban et a revendiqué des tirs de roquettes contre le nord d'Israël.
- Suspension de liaisons aériennes -
Signe de l'inquiétude croissante, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs liaisons avec l'aéroport de Beyrouth, dont l'allemande Lufthansa jusqu'au 5 août.
Air France et Transavia ont prolongé cette mesure jusqu'à mardi inclus, et Kuwait Airways va interrompre ses rotations dès lundi.
Lufthansa a aussi suspendu ses vols vers Tel-Aviv jusqu'au 8 août.
La Suède a annoncé la fermeture de son ambassade à Beyrouth et appelé ses ressortissants à quitter le pays.
- 10 morts dans un raid à Gaza -
Selon la Défense civile locale, une frappe israélienne sur un complexe scolaire abritant des déplacés a fait dix morts à Gaza-ville dans le nord du territoire palestinien assiégé, ravagé et menacé de famine selon l'ONU.
L'armée israélienne a affirmé que le complexe servait de "cachette aux terroristes du Hamas".
Le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son attaque le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes alors enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait jusqu'à présent 39.550 morts à Gaza, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, qui ne donne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
S.Martinez--ESF