Face aux émeutes, le gouvernement britannique mobilise policiers et places de prison
Dans un Royaume-Uni secoué par des violences imputées à l'extrême droite, le gouvernement a annoncé mardi la mobilisation de 6.000 policiers spécialisés et plus de 500 places de prison disponibles pour y écrouer des émeutiers.
La soirée de lundi a encore été émaillée d'incidents violents, une semaine après que trois fillettes ont été tuées dans une attaque au couteau dans le nord-ouest de l'Angleterre.
A Belfast (Irlande du Nord), un homme d'une trentaine d'années a été grièvement blessé après une agression considérée par les enquêteurs comme motivée par la haine, selon la police, qui n'a pas précisé le profil de la victime.
Un supermarché, appartenant à un ressortissant étranger selon le média irlandais RTE et déjà ciblé pendant le week-end a fait l'objet d'une tentative d'incendie.
Plusieurs heures durant, les forces de l'ordre ont été la cible de cocktails Molotov et de jets de briques ou de morceaux de béton, selon la police nord-irlandaise, dont un 4X4 Land Rover a été incendié après avoir été aspergé d'essence, sans toutefois faire de blessés.
Un adolescent de 15 ans soupçonné d'avoir pris part aux incidents a été interpellé et placé en garde à vue, selon la police.
- Rumeurs -
A Plymouth (sud-ouest de l'Angleterre), six personnes ont été interpellées et plusieurs policiers légèrement blessés selon la police.
Des images en direct de la chaîne Sky News montraient notamment un face-à-face tendu entre extrême droite et contre-manifestants, séparés par des policiers de part et d'autre d'une route, ponctués de jets de projectiles.
La chaîne a en outre rapporté qu'un homme muni d'un couteau a tenté de crever un pneu d'un de ses véhicules à Birmingham (centre), où s'est rassemblée une foule d'hommes de confession musulmane se disant prêts à défendre la rue après des rumeurs sur la tenue d'un rassemblement d'extrême droite.
Les premières violences ont débuté sur fond de rumeurs en partie démenties sur le profil du suspect, présenté à tort comme un demandeur d'asile de confession musulmane. Le jeune homme de 17 ans est en fait né à Cardiff, au Pays de Galles, et selon les médias britanniques, sa famille est d'origine rwandaise.
Le Premier ministre travailliste Keir Starmer a promis des condamnations "rapides" pour les émeutiers, et dénoncé la "haine d'extrême droite".
"Nous ferons en sorte que tous ceux qui seront condamnés à des peines de prison ferme pour les émeutes et désordres auront une place en prison qui les attende", a assuré mardi matin sur la BBC la secrétaire d'Etat à la Justice Heidi Alexander.
Le gouvernement a fait en sorte que soient libérées des places qui auraient été disponibles "plus tard dans le mois", a-t-elle expliqué, évoquant le chiffre de 567 places.
Sur Times Radio, la secrétaire d'Etat à la Justice a en outre affirmé la mobilisation de 6.000 policiers spécialisés dans le maintien de l'ordre, précisant une annonce faite lundi par Keir Starmer.
- Appel à la responsabilité -
Durant le week-end, des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile ou réputés le faire ont été pris pour cible, ainsi que des mosquées.
A Burnley (nord-ouest de l'Angleterre), une enquête pour acte raciste a été ouverte après que des tombes ont été vandalisées dans le carré musulman.
Le gouvernement a insisté sur la responsabilité des réseaux sociaux, alors que le patron de la plateforme X, Elon Musk, se trouve sous le feu des critiques pour avoir écrit qu'une "guerre civile est inévitable", des propos "injustifiables" et "profondément irresponsables" selon la secrétaire d'Etat à la Justice.
"On voit des policiers être sérieusement blessés, des bâtiments incendiés, je pense vraiment que tous ceux qui ont une plateforme devraient exercer leur pouvoir de manière responsable", a insisté Heidi Alexander.
Le pays n'avait pas connu une telle flambée depuis 2011, après la mort d'un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres.
D.Torres--ESF