L'Iran accuse Israël de vouloir "étendre la guerre" au Moyen-Orient
L'Iran a accusé jeudi Israël de vouloir "étendre la guerre" au Moyen-Orient et promis une riposte coûteuse après l'assassinat du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, pendant que les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter une escalade militaire dans la région.
Israël a commis une "erreur stratégique" qui va lui "coûter cher" en tuant le chef politique du Hamas, à Téhéran le 31 juillet, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri, dans un entretien avec l'AFP à Jeddah, en Arabie saoudite.
Bien qu'Israël n'ait pas commenté la mort de Haniyeh, M. Bagheri a accusé ce pays de vouloir "étendre la tension, la guerre et le conflit à d'autres pays", tout en affirmant qu'il n'était pas en mesure de "déclencher une guerre" contre l'Iran. "Ils n'en ont ni la capacité ni la force", a-t-il ajouté.
L'Iran, de même que le Hamas et le Hezbollah, a accusé Israël d'avoir tué Haniyeh.
Mardi, le Hamas a défié Israël en portant à sa tête Yahya Sinouar, accusé par les autorités israéliennes d'être d'un des cerveaux de l'attaque lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Depuis cette date, toutes les tentatives de médiation ont échoué et la guerre, qui a fait selon le Hamas près de 40.000 morts dans le petit territoire palestinien assiégé, a ravivé les tensions au Moyen-Orient, entre d'une part l'Iran et les groupes armés qu'il soutient, dont le Hezbollah et les Houthis du Yémen, et Israël de l'autre.
Le chef des rebelles houthis a réitéré jeudi ses menaces de riposte à une attaque israélienne contre un port contrôlé par son groupe.
Face aux risques d'une extension de la guerre, la communauté internationale tente de trouver des voies d'apaisement et de relancer les négociations en vue d'un cessez-le-feu associé à la libération des otages retenus à Gaza.
Les contacts se multiplient notamment entre les pays médiateurs dans le conflit à Gaza, Etats-Unis, Qatar et Egypte.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dont le pays est le principal allié d'Israël, a demandé mardi à l'Iran et à Israël d'éviter une "escalade" militaire.
- "Rester prudent" -
"Les contacts internationaux se poursuivent pour une désescalade (...) mais il faut rester prudent même si la tension a relativement diminué au cours des deux derniers jours", a déclaré jeudi à l'AFP une source ministérielle à Beyrouth.
Le Liban, survolé plusieurs fois ces jours-ci par des avions militaires israéliens à basse altitude, reste sur le qui-vive de même qu'Israël et notamment le nord du pays, frontalier du sud du Liban. Les échanges de tirs, le long de cette frontière, entre l'armée israélienne et le Hezbollah sont devenus presque quotidiens depuis le début de la guerre à Gaza.
En Israël, plusieurs journaux semblaient croire à une riposte plus modérée de l'Iran, après les appels à la vengeance qui ont suivi l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh. "Les Etats-Unis espèrent avoir dissuadé une frappe iranienne majeure sur Israël tandis que le Hezbollah reste un électron libre", écrivait le quotidien Haaretz.
"Le sentiment qui domine est que le Hezbollah est déterminé à attaquer Israël, tandis que l'Iran a commencé à s'interroger sur la sagesse de cette ligne de conduite", a souligné le principal quotidien israélien, Yedioth Ahronoth.
Le Times of Israel a cité des responsables américains disant croire que l'Iran allait bien riposter, mais de manière plus mesurée et pas dans l'immédiat.
Israël de son côté a promis "d'éliminer" Yahya Sinouar, jusqu'à présent chef du Hamas dans la bande de Gaza, qui n'est pas apparu en public depuis le 7 octobre.
- Nouvel appel à évacuer -
Après dix mois de guerre, l'armée israélienne poursuit son offensive contre le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza et considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, notamment dans des zones dont elle avait affirmé avoir pris le contrôle.
Jeudi, l'armée a une nouvelle fois appelé la population à évacuer plusieurs secteurs de Khan Younès, la grande ville du sud du territoire détruite par plusieurs mois de combats.
Cet appel concerne des quartiers d'où "des roquettes ont été tirées", selon l'armée.
La Défense civile a indiqué que cinq corps ont été retrouvés dans une maison bombardée à Khan Younès.
L'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
En représailles, Israël a lancé dans la bande de Gaza une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.699 morts, dont au moins 22 en 24 heures, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants morts.
L'offensive a plongé le territoire dans un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi qu'elle allait y envoyer plus d'un million de vaccins contre la polio, alors qu'une souche du virus a été détectée dans des échantillons d'eaux usées.
M.Vargas--ESF