Emeutes au Royaume-Uni: sévères condamnations pour des publications en ligne
Après les casseurs, la justice britannique a commencé vendredi à condamner sévèrement ceux qui sont accusés d'avoir attisé en ligne les émeutes d'extrême droite de ces derniers jours au Royaume-Uni, où les autorités restent en état d'alerte avant le week-end.
A part des incidents résiduels en Irlande du Nord jeudi soir, le reste du pays n'a pas connu de nouvelle éruption de violence depuis mardi, les autorités mettant cette accalmie sur le compte de la rapidité et de la fermeté de la réponse judiciaire.
Près de 500 personnes ont été arrêtées, environ 150 ont été inculpées et la justice a déjà délivré des dizaines de condamnations à l'encontre d'émeutiers et désormais d'internautes.
Jordan Parlour, 28 ans a été condamné à 20 mois de prison, dont au moins la moitié devront être purgés en détention, pour incitation à la haine raciale en raison de messages sur Facebook appelant à s'en prendre à un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile.
Sa condamnation est la première du genre depuis le début des violences racistes intervenues depuis le meurtre de trois fillettes le 29 juillet, sur fond de rumeurs en ligne sur le profil du suspect. Dénoncé par Elon Musk comme rappelant "l'Union soviétique", son cas a été mis en avant par les autorités comme un symbole de leur détermination à inclure internautes et plateformes numériques dans leur réponse judiciaire aux événements.
Quelques instants plus tard, un homme de 26 ans, père de trois enfants, a été condamné encore plus sévèrement à trois ans et deux mois de prison ferme pour avoir appelé, lui aussi sur les réseaux sociaux, à incendier des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile.
Dans la rue, après des rassemblements antiracistes réunissant des milliers de personnes mercredi soir dans plusieurs villes, plus d'un millier de manifestants, parfois munis de pancartes "les fascistes dehors", ont dénoncé les violences vendredi à Belfast.
Face à eux, une centaine de protestataires anti-immigration s'étaient réunies mais les deux manifestations se sont dispersées sans incident, a constaté un journaliste de l'AFP.
Lors d'appels téléphoniques avec le Premier ministre Keir Starmer et des responsables policiers, depuis l'Ecosse où il est en vacances, Charles III a remercié vendredi les forces de l'ordre pour leur action face "aux agressions et à la délinquance d'un petit nombre".
Le souverain, dont le silence sur le sujet suscitait des critiques, "espère que les valeurs partagées de respect et de compréhension mutuels continueront de renforcer et d'unifier la nation", a précisé un porte-parole du palais de Buckingham.
- "Zone de non droit" -
Le gouvernement dit rester vigilant à l'approche du week-end, inquiet notamment de la reprise du championnat national de football, alors que l'extrême droite a des liens historiques avec les sphères de hooligans.
En déplacement dans un centre de commandement de la police londonienne, vendredi matin, Keir Starmer a appelé la police à rester "en état d'alerte".
Le Premier ministre, à qui le président français Emmanuel Macron a apporté son "plein soutien", s'est dit "absolument convaincu" que la "rapide" réponse policière et judiciaire a "eu un réel effet" sur l'accalmie de ces derniers jours. D'autant que les chaînes d'information retransmettent en direct certaines audiences des tribunaux durant lesquelles des émeutiers se voient notifier leur peine.
Les violences avaient éclaté après la propagation de rumeurs sur internet affirmant que le suspect de l'attaque au couteau de Southport était un demandeur d'asile musulman. L'adolescent de 17 ans, inculpé et écroué, est en fait né au Pays de Galles, selon la police. Des médias ont indiqué que ses parents étaient originaires du Rwanda.
Les réseaux sociaux "ne sont pas une zone de non droit", a insisté Keir Starmer vendredi, promettant que le gouvernement allait "se pencher" sur le sujet, après avoir déjà mis en garde ces derniers jours les réseaux sociaux et leurs dirigeants.
Certains, comme le maire de Londres Sadiq Khan, appellent le gouvernement à réexaminer une nouvelle loi sur la sécurité en ligne votée l'an dernier mais qui n'est pas encore totalement entrée en vigueur.
X.Cabello--ESF