Plus de 90 morts dans un raid israélien sur une école à Gaza selon des secouristes
La Défense civile à Gaza a annoncé samedi la mort de 93 Palestiniens dont des enfants dans une frappe israélienne sur une école abritant des déplacés, une attaque qui a suscité des condamnations internationales après dix mois de guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.
L'armée israélienne a indiqué que l'école ciblée à Gaza-ville (nord) était utilisée par le Hamas et le Jihad islamique, deux groupes armés palestiniens, pour "perpétrer des attentats terroristes".
Ce raid, dont le bilan ne peut être vérifié de source indépendante, est l'un des plus meurtriers depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre, menée depuis la bande de Gaza voisine.
Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a indiqué que "trois missiles avaient visé deux étages de l'école et la mosquée (adjacente), causant la mort de 93 personnes, dont 11 enfants et six femmes".
"Des dizaines de personnes ont été blessées et "il y a des morceaux de corps non identifiés et des personnes disparues", a-t-il ajouté.
Des secouristes ont ramassé des corps dans un bâtiment détruit, selon des images de l'AFP montrant également des proches en pleurs près de corps d'enfants enveloppés dans des draps blancs.
- "Intolérable" -
"Les gens faisaient la prière de l'aube" au moment du raid, a déclaré un secouriste. "Les corps étaient empilés les uns sur les autres."
Réveillé par les explosions, Sakr, un habitant de Gaza, a accouru sur place. "J'ai vu des corps d'enfants dans la rue", a-t-il affirmé.
"Israël commet un génocide des Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois, une zone de sécurité à la fois", a accusé la rapporteure spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens, Fransesca Albanese, mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, mais ne s'exprimant pas au nom de l'organisation.
Plusieurs pays ainsi que l'Union européenne ont condamné cette attaque, notamment la France, le Royaume-Uni, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis.
"Au moins dix écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n'y a pas de justification à ces massacres", a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell.
La France a fustigé un "nombre de victimes civiles intolérable". "Le respect du droit international humanitaire s'impose à Israël."
Ennemi juré d'Israël et allié du Hamas, l'Iran a dénoncé un "crime de guerre".
Une autre frappe israélienne a ciblé samedi le camp de réfugiés de Nousseirat (centre) tuant plusieurs personnes, dont les corps ont été transportés dans un hôpital de Deir el-Balah. Là, des proches se sont rassemblés pour prier près des corps étendus au sol.
- 39.790 morts à Gaza selon le Hamas -
Après dix mois de guerre, l'armée israélienne continue de bombarder le territoire palestinien assiégé, où la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés, et de combattre et pourchasser les membres du Hamas.
Israël a juré de détruire ce mouvement, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, après l'attaque du 7 octobre.
Celle-ci a entraîné la mort de 1.198 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive d'envergure israélienne de représailles à Gaza a fait jusqu'à présent 39.790 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.
Elle a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien menacé de famine selon l'ONU.
- Négociations le 15 août? -
La frappe contre l'école à Gaza est survenue au lendemain de l'annonce par Israël de son accord pour reprendre le 15 août des discussions indirectes sur une trêve associée à la libération des otages.
Le Hamas n'a pas donné encore sa réponse.
Jeudi, les pays médiateurs -Qatar, Etats-Unis et Egypte- ont appelé à la reprise à cette date des discussions qui ont échoué ces derniers mois, alors que la communauté internationale craint une escalade militaire entre l'Iran et ses alliés, d'une part, et Israël, de l'autre.
Les craintes ont redoublé après l'assassinat le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, attribué à Israël, et la mort le 30 juillet du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, tué dans une frappe près de Beyrouth revendiquée par Israël.
L'Iran et ses alliés -le Hezbollah, le Hamas et les rebelles yéménites houthis- ont menacé Israël d'une "sévère riposte".
R.Abreu--ESF