Les discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza prévues jeudi à Doha
Les discussions en vue d'une trêve dans la bande de Gaza se tiendront jeudi au Qatar, ont indiqué mercredi trois sources proches des négociations, à l'heure où le territoire palestinien, plongé dans la guerre depuis plus de dix mois, subit des bombardements intensifs de l'armée israélienne.
Un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui s'affrontent dans la petite langue de terre côtière depuis l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, est réclamé avec force par la communauté internationale.
M. Biden a assuré qu'il "n'abandonnait pas" cet objectif, bien que les négociations pour une trêve deviennent "difficiles".
Il n'y a "plus de temps à perdre", a affirmé mercredi à Beyrouth l'émissaire américain Amos Hochstein, un cessez-le-feu pouvant aussi mettre fin aux échanges de tirs entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas et de Téhéran.
Ces nouvelles discussions, menées à l'appel des pays médiateurs, Qatar, Etats-Unis et Egypte, se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, dont la première phase prévoit une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, et de la libération d'otages - enlevés lors de l'attaque du Hamas - contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Elles se tiendront en présence du directeur de la CIA William Burns, selon une source américaine proche des négociations, ainsi que des chefs du Mossad, le service de renseignement israélien, et du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, selon le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
La participation du Hamas reste incertaine. Un cadre du mouvement a affirmé mercredi que "les négociations avec les médiateurs se poursuivaient et se sont même intensifiées", réaffirmant que le Hamas "veut l'application du plan Biden et pas négocier pour négocier".
L'armée israélienne poursuit pendant ce temps son offensive à Gaza. La Défense civile du territoire a fait état de bombardements sur les villes de Gaza et Beit Lahya (nord), de Deir al-Balah (centre), ainsi que de Khan Younès et Rafah (sud).
- "Alerte élevée" -
Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées et 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.
L'offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 39.965 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.
Les médiateurs n'ont jusque-là arraché qu'une seule et unique trêve d'une semaine en novembre. Elle avait permis la libération d'une centaine d'otages et de 240 Palestiniens.
En Israël, plusieurs citoyens se disent pessimistes quant à un potentiel cessez-le-feu. Avigail Ginzburg, une hôtesse de l'air de 22 ans, se dit en outre "très stressée" face au risque d'une attaque iranienne et ses retombées sur les négociations.
L'Iran a rejeté mardi un appel de plusieurs pays occidentaux à renoncer à attaquer Israël. Ses alliés au Liban, en Irak et au Yémen menacent aussi de riposter à l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Le président israélien Isaac Herzog a lui affirmé que son pays restait "en alerte élevée".
- "Destruction -
"Nous espérons que demain les négociations seront positives, que la guerre prendra fin", confie pour sa part à l'AFP Ibrahim Khader, un Palestinien, depuis Deir al-Balah. "La guerre est une destruction et personne n'en sort victorieux", dit-il.
L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir mené plus de 40 frappes aériennes sur des "infrastructures terroristes" à Gaza.
La Défense civile a annoncé avoir sorti quatre corps d'une même famille des décombres d'un appartement bombardé dans un immense complexe résidentiel près de Khan Younès.
A Nousseirat (centre), des Palestiniens ont raconté qu'un bombardement avait provoqué "une explosion terrible" en pleine nuit. Jihad Al-Sharif a affirmé que sa famille avait retrouvé des restes d'enfants en pleine rue.
La guerre a plongé la bande de Gaza, assiégée par Israël, dans un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.
Depuis le 1er août, "environ un tiers des missions humanitaires à l'intérieur de Gaza ont été refusées par les autorités israéliennes", a déclaré mercredi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU.
Le gouvernement américain a en outre approuvé mardi la vente d'armement pour plus de 20 milliards de dollars à Israël. Le Hamas l'a accusé en retour d'être "complice" d'une guerre "génocidaire".
L.Balcazar--ESF