Plus de 40.000 morts à Gaza, discussions cruciales au Qatar en vue d'une trêve
Des discussions cruciales ont débuté jeudi au Qatar en vue d'une trêve entre Israël et le Hamas à Gaza, la pression s'intensifiant pour éviter une extension de cette guerre qui a fait plus de 40.000 morts dans le territoire palestinien selon le mouvement islamiste.
A Washington, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby a évoqué un "début prometteur" des discussions, ajoutant s'attendre à ce qu'elles continuent vendredi. "Il reste beaucoup à faire (...) Nous ne prévoyons pas de sortir des négociations aujourd'hui avec un accord", a-t-il dit.
Après des mois de pourparlers infructueux, les nouvelles discussions se tiennent, à l'appel des médiateurs -Qatar, Etats-Unis et Egypte- pour tenter de mettre fin à une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Le président américain Joe Biden a estimé qu'un cessez-le-feu pourrait permettre d'éviter une attaque de l'Iran qui a menacé Israël d'un "châtiment sévère" en riposte à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet.
Les pourparlers de Doha se basent sur un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden qui prévoit dans une première phase une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, et de la libération d'otages -emmenés à Gaza lors de l'attaque du 7 octobre- contre des prisonniers palestiniens.
Le Hamas refuse d'y participer et réclame l'application du plan Biden.
- "Une étape sombre" -
M. Netanyahu a souvent répété qu'il poursuivrait la guerre à Gaza jusqu'à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël voisin ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1.198 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 déclarées mortes par l'armée.
En riposte, l'armée israélienne a mené une campagne de bombardements aériens intenses suivie d'une offensive terrestre qui ont fait au moins 40.005 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.
La guerre a plongé le territoire palestinien, assiégé par Israël depuis le 9 octobre, dans un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.
Commentant le nouveau bilan de morts palestiniens, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a déclaré: "la journée d'aujourd'hui marque une étape sombre pour le monde entier".
"La plupart des morts sont des femmes et des enfants", a-t-il ajouté. "Cette situation inimaginable est due en grande partie aux manquements récurrents des forces de défense israéliennes aux règles de la guerre."
- Abbas veut aller à Gaza -
Jeudi, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza se sont poursuivis, faisant un mort à Khan Younès (sud) et cinq morts à Gaza-ville (nord), selon des secouristes.
L'armée israélienne a indiqué avoir démantelé 30 sites abritant des infrastructures du Hamas et éliminé une vingtaine de combattants à Rafah (sud).
Devant le Parlement turc, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé son intention de se rendre dans la bande de Gaza. "J'irai. Même si cela doit me coûter la vie."
Un cessez-le-feu à Gaza pourrait aussi mettre fin aux échanges de tirs meurtriers entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas et de l'Iran.
Le Hezbollah a dit jeudi avoir tiré des roquettes sur un kibboutz du nord d'Israël, en riposte à une frappe israélienne qui a tué mercredi un de ses combattants dans le sud du Liban.
Selon l'armée, la plupart des 20 projectiles tirés du Liban ont été interceptés.
Les tensions régionales ont redoublé après l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth.
L'Iran ainsi que le Hamas, le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis ont menacé de riposter à l'assassinat de Haniyeh et Chokr.
P.Colon--ESF