La sécurité au coeur de la convention démocrate à Chicago
Entre possibles manifestations massives propalestiniennes et risques d'attentat, les enjeux sécuritaires entourant la convention démocrate que Chicago se prépare à accueillir sont multiples et les services de sécurité s'activent pour éviter qu'une menace ne trouble la fête.
Plus de 50.000 militants y sont attendus de lundi à jeudi pour célébrer l'investiture de Kamala Harris comme candidate des démocrates pour l'élection présidentielle de novembre.
Cette 26e édition devrait être l'un des événements les plus sécurisés jamais tenus dans la troisième plus grande ville des Etats-Unis, habituée des grandes fêtes politiques.
Le FBI, la police fédérale américaine, l'unité d'élite du Secret Service et la police locale ont passé un an à élaborer l'important dispositif de sécurité qui entoure l'immense centre omnisports dans lequel se tiendra la grand-messe démocrate.
Tout le gratin du parti sera de la fête, à commencer par le président Joe Biden, mais aussi diverses personnalités, dont plusieurs stars d'Hollywood.
Selon Lucas Rothaar, responsable du FBI à Chicago, il n'y a pas d'inquiétude particulière à avoir, mais l'événement se tiendra dans un "environnement de menaces élevées".
"Nous sommes conscients des vastes menaces qui pèsent sur notre pays, qu'il s'agisse de criminalité violente, de terrorisme international, de terrorisme intérieur (...) et d'une multitude d'autres menaces", a-t-il déclaré lors d'un point presse.
Quelque 2.500 policiers locaux - épaulés par des centaines de renforts venus d'ailleurs - seront affectés à la sécurité de l'événement.
La tentative d'assassinat qui a visé le 13 juillet le candidat républicain Donald Trump en plein meeting de campagne a suscité de vives critiques sur les mesures prises pour assurer de la sécurité des personnalités politiques, dans un contexte de forte polarisation.
- Convention de 1968 -
Si les motivations du tireur - tué par le Secret Service - restent floues, les renseignements américains craignent d'éventuels "actes violents de représailles" au cours de la convention démocrate, selon un rapport consulté par plusieurs médias américains.
L'une des menaces les plus sérieuses pourrait venir d'"individus isolés" motivés par des croyances antigouvernementales, des griefs politiques ou des positions idéologiques, selon ce document.
Le dispositif de sécurité prévoit également le risque de violences plus généralisées, liées notamment à la tenue de manifestations prévues ou spontanées.
Plusieurs rassemblements, notamment pour protester contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza soutenue par l'administration Biden, ont déjà été annoncés par des organisations militantes.
La convention démocrate de 1968, également organisée à Chicago, avait été secouée par la sanglante répression policière de manifestations d'opposants à la guerre du Vietnam. Et la crainte de violences plane sur l'édition 2024.
- Arrestations -
Si Kamala Harris a adopté un ton plus dur à l'égard d'Israël et promis de ne pas rester "silencieuse" face aux souffrances des civils à Gaza, la vice-présidente continue de faire face à des critiques sur le sujet et a vu plusieurs de ses meetings de campagne perturbés par des manifestants propalestiniens.
La campagne "Abandon Biden", créée pour sanctionner dans les urnes le soutien de Joe Biden à Israël, a prévu de tenir sa propre convention à Chicago dimanche et lundi, et a promis une action "contre l'administration Biden-Harris en réponse à son incapacité à protéger les Palestiniens innocents".
Des organisations locales prévoient la tenue de rassemblements pouvant réunir jusqu'à 25.000 personnes, selon des médias locaux.
En prévision de possibles manifestations violentes et de multiples interpellations, les emplois du temps de dizaines de juges ont été libérés et un tribunal temporaire sera ouvert.
L'état-major démocrate est lui en contact avec des responsables d'organisations propalestiniennes pour éviter d'éventuels heurts.
La municipalité de Chicago a indiqué qu'elle ferait en sorte que les manifestations puissent se tenir à "portée de vue et d'oreille" du centre omnisports où se déroulera la convention.
Les forces de l'ordre s'attacheront à protéger la liberté d'expression des manifestants, a assuré Larry Snelling, un responsable de la police de la ville.
Mais, "ce que nous ne tolérerons pas, c'est de vandaliser notre ville. Ce que nous ne tolérerons pas, c'est la violence. Si nous voyons cela, nous y mettrons fin rapidement".
L.Balcazar--ESF