Les défenseurs de Marioupol sur le fil, 60 disparus dans une frappe sur une école
Les derniers combattants retranchés à Marioupol redoutent samedi un assaut final à la veille de la commémoration à Moscou de la victoire contre l'Allemagne nazie, au moment où les frappes russes s'intensifient sur l'Est de l'Ukraine avec soixante personnes portées disparues dans le bombardement d'une école.
Ces personnes se réfugiaient dans la région de Lougansk dans l'est de l'Ukraine, a indiqué dimanche le gouverneur régional Serguiï Gaïdaï. Le village de "Bilogorivka a subi une frappe aérienne. Les bombes ont atteint l'école et, malheureusement, elle a été complètement détruite", a déclaré le gouverneur sur son compte Telegram.
"Il y avait au total 90 personnes. 27 ont été sauvées (...) Soixante personnes qui se trouvaient dans l'école sont très probablement mortes", a-t-il précisé.
"L'ennemi ne cesse pas ses opérations offensives dans la zone opérationnelle orientale afin d'établir un contrôle total sur le territoire des régions de Donetsk, Lougansk et Kherson, et de maintenir le couloir terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée" depuis 2014, a indiqué l'état-major ukrainien dimanche matin.
Il a précisé que dans la région de Donetsk, les troupes russes avaient poursuivi leurs opérations offensives autour de Lyman, Popasnyansky, Severodonetsk et Avdiivka. Et que la situation était "tendue" du côté de la
- Zelensky au G7 -
Côté russe, le ministère de la Défense revendique dans son briefing dimanche la destruction du "poste de commandement d'une brigade mécanisée", dans la région de Kharkov (est), de même que "le centre de communication de l'aérodrome militaire de Chervonoglinskoye près du village d'Artsyz".
Les autorités ukrainiennes mettent en garde depuis plusieurs jours contre une intensification possible des attaques russes à l'approche de la commémoration du 9 mai.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit participer dimanche à une réunion vituelle des dirigeants du G7, dont l'Allemagne assure cette année la présidence. Cette troisième réunion depuis le début de l'année sera consacrée abordera la situation en Ukraine.
Le président américain Joe Biden avait évoqué cette réunion quelques jours plus tôt, à propos de possibles sanctions supplémentaires contre la Russie.
"Nous sommes toujours ouverts à des sanctions supplémentaires", a-t-il déclaré mercredi, ajoutant qu'il discuterait avec les membres du G7 de "ce que nous ferons et ne ferons pas".
-Civils évacués-
A Marioupol, après moult appels et vaines tentatives ces dernières semaines, "nous avons évacué les civils d'Azovstal", a lancé le président Zelensky samedi soir dans son message quotidien, citant le nombre de 300 personnes exfiltrées. "Nous préparons désormais la seconde phase (...): les blessés et le personnel médical".
Des centaines de civils avaient également trouvé refuge dans les galeries de l'aciérie d'Azovstal, qui abrite les derniers défenseurs de Marioupol.
Moscou avait annoncé mercredi un cessez-le feu unilatéral de trois jours à partir de jeudi matin pour permettre aux civils d'Azovstal de pouvoir partir.
Mais les autorités ukrainiennes ont maintenu que les Russes avaient de nouveau attaqué cette usine pendant cette période.
"L'ordre du président (ukrainien) a été exécuté: toutes les femmes, tous les enfants et toutes les personnes âgées ont été évacués d'Azovstal", avait annoncé plus tôt samedi la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
Selon Kiev, ces opérations ont permis au total à près de 500 personnes de fuir en une semaine, sous l'égide de l'ONU et du Comité international de la Croix-Rouge.
Et, "bien sûr, nous oeuvrons aussi à évacuer nos militaires. Tous ces héros défendant Marioupol", a poursuivi le président, sans donner de chiffre. "C'est extrêmement difficile. Mais c'est très important".
L'Ukraine a demandé samedi soir à Médecins sans frontières (MSF) d'organiser une mission pour évacuer et soigner les soldats retranchés dans l'aciérie.
-"Jusqu'au bout"-
Selon Ievguenia Tytarenko, infirmière militaire, dont le mari, infirmier et membre du régiment Azov, et ses collègues occupent toujours l'usine, "de nombreux soldats se trouvent dans un état grave. Ils sont blessés et n'ont pas de médicaments". "La nourriture et l'eau manquent aussi", dit-elle.
"Je me battrai jusqu'au bout", lui a écrit son mari Mykhaïlo, dans un SMS que l'AFP a pu consulter. Ils se sont mariés deux jours avant l'invasion russe.
"Nos unités dans la zone de l'usine d'Azovstal continuent d'être bloquées", a relevé l'état-major ukrainien dans son bulletin matinal dimanche, évoquant des "opérations d'assaut russes" avec "le soutien de l'artillerie et des tirs de chars".
Marioupol, une cité portuaire du sud-est qui comptait près de 500.000 habitants avant la guerre, a été presque entièrement rayée de la carte par deux mois de bombardements russes.
"L'ennemi cherche à achever les défenseurs d'Azovstal, il essaie de faire cela avant le 9 mai pour faire un cadeau (au président russe) Vladimir Poutine", a mis en garde vendredi Oleksiï Arestovytch, un conseiller du président ukrainien.
Dimanche, le président russe Vladimir Poutine a assuré que "comme en 1945, la victoire sera à nous", multipliant les comparaisons entre la Seconde Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses voeux du 8 mai.
Vladimir Poutine, qui pense ne pouvoir "se permettre de perdre" en Ukraine, est "convaincu que redoubler d'efforts lui permettra de progresser", a estimé samedi Bill Burns, directeur de l'agence de renseignement américaine CIA.
Il n'existe cependant aucune "preuve concrète" que la Russie, qui a placé en état d'alerte ses forces de dissuasion peu après le début de son intervention militaire, "prépare le déploiement ou même l'utilisation potentielle d'armes nucléaires tactiques" dans ce conflit, a-t-il souligné.
-Contre-offensive ukrainienne-
Les Russes avaient obtenu entre vendredi et samedi des gains territoriaux limités aux alentours de Severodonetsk, l'une des principales localités du Donbass encore aux mains des Ukrainiens, mais cela ne devrait pas aboutir à un encerclement complet, notait samedi l'Institut américain d'étude de la guerre (ISW).
La Russie n'a jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson.
A Kharkiv, la contre-offensive ukrainienne pour mettre la deuxième ville d'Ukraine hors de portée de l'artillerie ennemie a même pris de l'ampleur, avec la prise de plusieurs positions russes, toujours d'après l'ISW.
"Les forces ukrainiennes regagnent du terrain le long d'un large arc autour de Kharkiv et ne se concentrent plus sur une poussée limitée, faisant preuve d'une capacité à lancer des opérations offensives à plus grande échelle que jusqu'à présent dans cette guerre", a expliqué cet institut.
Au point que l'armée russe a dû faire sauter trois ponts routiers "pour ralentir la contre-offensive" dans cette région, selon le ministère ukrainien de la Défense.
La marine ukrainienne a assuré avoir détruit à une centaine de kilomètres au large d'Odessa, non loin de la minuscule île aux Serpents, le navire de débarquement russe Serna au moyen d'un drone de combat mis au point en Turquie.
Une information non confirmée par la Russie, qui a déclaré en revanche avoir coulé "le bateau d'assaut ukrainien +Stanislav+".
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P.Avalos--ESF