A la tribune de l'ONU, Biden met en garde contre une "guerre généralisée" au Liban
Une "guerre généralisée" au Liban n'est dans l'intérêt de personne, a plaidé mardi le président américain Joe Biden à la tribune de l'ONU, pendant qu'Israël poursuivait ses frappes sur le pays désormais "au bord du gouffre" selon le chef de l'ONU.
"Une guerre généralisée n'est dans l'intérêt de personne. Même s'il y a une escalade de la situation, une solution diplomatique est toujours possible", a insisté le président américain, qui a délivré à New York son dernier discours lors de cette grand-messe annuelle de l'ONU assombrie par les craintes d'une guerre régionale au Proche-Orient.
Après deux journées de "Sommet de l'avenir" consacrées aux grands défis de l'humanité pour les générations qui viennent, plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement vont se succéder à la tribune pendant toute la semaine alors que les conflits font rage à travers la planète, en particulier au Liban et dans la bande de Gaza.
Il faut "finaliser maintenant" un accord de cessez-le-feu à Gaza, a d'ailleurs insisté Joe Biden. Les Etats-Unis mènent avec le Qatar et l'Egypte des négociations avec Israël et le Hamas pour un accord visant à faire taire les armes et une libération des otages.
- Liban "au bord du gouffre" -
"Gaza est un cauchemar permanent qui menace d'emporter toute la région dans le chaos", a lui aussi affirmé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sous les yeux du président palestinien Mahmoud Abbas, qui pour la première fois siégeait par ordre alphabétique au milieu des autres dirigeants grâce à de nouveaux droits accordés à l'"Etat observateur" de Palestine.
"A commencer par le Liban. Le peuple libanais, le peuple israélien et les peuples du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un autre Gaza", a-t-il ajouté. "Nous devrions tous être alarmés par cette escalade. Le Liban est au bord du gouffre".
Dénonçant les "applaudissements" de l'Assemblée pour les Palestiniens mais le "silence" sur les otages israéliens, l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, a fustigé "une mascarade annuelle d'hypocrisie".
Près d'un an après le début de la guerre dans le petit territoire palestinien déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le conflit menace de s'étendre au Proche-Orient.
Des frappes israéliennes contre le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, ont fait plus de 500 morts lundi au Liban, qui a vécu sa journée la plus meurtrière en près d'un an d'échanges de tirs entre les deux parties en marge de la guerre à Gaza.
"Nous continuerons de frapper le Hezbollah", a promis mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays soutient le Hezbollah et le Hamas et qui fera lui son premier discours à l'ONU, a accusé lundi Israël de chercher à "élargir" le conflit au Moyen-Orient. Il a également qualifié mardi d'"insensée et incompréhensible" l'"inaction" des Nations unies envers Israël en référence à Gaza et aux frappes sur le Liban.
"Ce ne sont pas seulement les enfants, c'est aussi le système de l'ONU qui meurt à Gaza", a déclaré mardi le président turc Recep Tayyip Erdogan.
- "Cortège de misères humaines" -
"Nous sommes au bord d'une guerre totale" au Liban, a lui aussi averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, tandis que la France a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité durant cette semaine diplomatique déjà surchargée.
Mardi, à la demande des Ukrainiens qui, selon des sources diplomatiques, craignaient cette année que "leur" guerre ne soit éclipsée, le Conseil se réunira sur l'Ukraine en présence du président Volodymyr Zelensky, star de l'édition 2023.
Le dirigeant ukrainien, qui doit s'exprimer mercredi à l'Assemblée, a appelé lundi "tous les pays à continuer à soutenir nos efforts conjoints pour un avenir pacifique".
Le président russe Vladimir "Poutine a déjà volé tellement de choses, mais il ne volera pas l'avenir du monde", a-t-il déclaré, alors qu'il doit présenter cette semaine à son homologue américain son "plan pour la victoire".
Autres têtes d'affiche du défilé de dirigeants à la tribune cette semaine: Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Mais "la vraie diplomatie pour réduire les tensions aura lieu en coulisses", souligne Richard Gowan, de l'International Crisis Group, évoquant peut-être une possibilité pour les diplomates occidentaux et arabes de discussions avec les Iraniens pour "empêcher la situation régionale de devenir hors de contrôle".
U.Alonso--ESF