Israël continue de pilonner la banlieue sud de Beyrouth
L'armée israélienne continue de pilonner intensément tôt samedi la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où un raid d'une violence inouïe avait déjà visé vendredi en personne, selon les médias israéliens, le chef du mouvement armé pro-iranien Hassan Nasrallah.
La chaîne locale al-Manar, affiliée au Hezbollah, a rapporté "des raids sionistes successifs" ciblant au moins cinq quartiers de la banlieue sud. Des photographes de l'AFP ont vu des incendies déclenchés par les bombardements.
Des centaines de familles entassées dans des voitures ont fui le secteur en catastrophe, à la suite d'un appel de l'armée israélienne à évacuer.
Des embouteillages se sont formés en pleine nuit dans les rues de la capitale, d'ordinaire désertes à cette heure et plongées dans l'obscurité faute de courant. Sur la place des Martyrs ou sur la corniche du bord de mer, hommes, femmes et enfants étaient assis à même le sol, l'air déboussolé.
Le mouvement islamiste a démenti des "allégations" d'Israël sur la présence de dépôts d'armes dans les immeubles d'habitation.
Israël avait indiqué plus tôt avoir bombardé dans ce secteur le "quartier général" du Hezbollah.
- Nasrallah visé -
Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, était visé par cette frappe, selon plusieurs télévisions israéliennes. Une source proche de la formation islamiste a indiqué qu'il était indemne. Mais plus de neuf heures après la frappe, le Hezbollah n'avait fait aucune annonce officielle.
Le raid, d'une violence inouïe, a eu lieu à 15H30 GMT dans un quartier densément peuplé. Il a fait au moins six morts et 91 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.
Selon une source proche du Hezbollah, six immeubles ont été totalement détruits, soulevés par d'énormes explosions qui ont provoqué d'épaisses colonnes de fumée et creusé de larges cratères, semant la panique parmi les habitants.
"Oh mon Dieu, quelles frappes ! J'ai cru que l'immeuble allait s'écrouler sur moi (...) Je n'ai pas les mots pour décrire ce sentiment", s'est exclamée Abir Hammoud, une enseignante d'une quarantaine d'années.
L'armée israélienne a en outre affirmé samedi sur Telegram avoir tué dans une autre attaque aérienne le commandant d'une unité de missiles du mouvement, Mohammed Ali Ismaïl, ainsi que son adjoint Hossein Ahmed Ismaïl, dans le sud du Liban. "D'autres commandants du Hezbollah et terroristes ont été éliminés en même temps qu'eux", a-t-elle ajouté.
L'armée israélienne avait indiqué plus tôt dans la nuit que son aviation survolait les environs de l'aéroport de la capitale, pour empêcher l'Iran d'y faire atterrir des cargaisons d'armes destinées au Hezbollah. Elle a aussi dit mener des frappes contre des cibles du Hezbollah dans la région de Tyr (sud) et dans celle de la Bekaa, un autre fief du mouvement chiite situé dans l'est du Liban.
- "Pas d'autre choix" -
"Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", avait affirmé à l'ONU le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Ces opérations se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", a ajouté M. Netanyahu, douchant les espoirs d'une trêve proposée mercredi par la France et les Etats-Unis.
Depuis lundi, ces bombardements ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé.
L'armée israélienne a également dit se préparer à une possible incursion terrestre, qui serait "aussi courte" que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité.
L'armée israélienne a entrepris ses frappes après près d'un an d'échanges de tirs avec le Hezbollah, qui a ouvert un front contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 sur le sol israélien par son allié du Hamas.
Le Hezbollah a juré de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".
- "Rythme effrayant" -
Plus de 1.500 personnes ont depuis été tuées au Liban, selon Beyrouth, un bilan plus lourd que celui des 33 jours de guerre entre Israël et la formation libanaise en 2006.
L'Unicef s'est alarmée du "rythme effrayant" auquel les enfants sont tués depuis l'intensification des bombardements israéliens cette semaine.
Plus tôt dans la journée, le Hezbollah a tiré des roquettes visant notamment la baie d'Haïfa -- la grande ville du nord d'Israël -- qui abrite de nombreuses industries de défense.
Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne près de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana.
En une semaine, 118.000 personnes ont été jetées sur les routes au Liban, selon l'ONU.
A Gaza, "nous nous battrons jusqu'à obtenir une victoire, une victoire totale" si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé M. Netanyahu à la tribune de l'ONU.
Le Hamas a accusé en retour le dirigeant israélien de poursuivre "cycle de crimes pour inclure (le) Liban". Il a aussi "condamné fermement" la frappe israélienne sur le QG du Hezbollah.
Dans le petit territoire palestinien assiégé, Israël poursuit son offensive, lancée en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive y a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, provoquant un désastre humanitaire.
R.Salamanca--ESF