Première frappe israélienne sur le cœur de Beyrouth, un groupe palestinien visé
L'armée israélienne a mené lundi une frappe aérienne dans le cœur de Beyrouth, pour la première fois depuis le début de l'escalade militaire entre Israël et le Hezbollah libanais, tuant trois membres d'un groupe armé palestinien.
Le Hamas palestinien, allié du Hezbollah lui aussi soutenu par l'Iran, a par ailleurs annoncé que son chef au Liban avait été tué lundi dans une frappe dans le sud du pays, où l'armée israélienne mène d'intenses bombardements contre le groupe islamiste libanais depuis une semaine.
Au total, plus de mille personnes ont été tuées au Liban, selon les autorités libanaises, depuis le début de l'escalade militaire entre Israël et le Hezbollah à la mi-septembre.
Lundi débutent trois jours de deuil national au Liban.
Si ces derniers jours, l'armée israélienne a pilonné à plusieurs reprises la banlieue sud de la capitale, fief du mouvement islamiste libanais, elle a visé lundi le centre de Beyrouth pour la première fois depuis que le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, au lendemain de l'attaque sans précédent menée par le Hamas palestinien le 7 octobre 2023.
Selon une source de sécurité libanaise, "au moins quatre personnes ont été tuées dans une frappe de drone israélienne visant un appartement appartenant à la Jamaa Islamiya à Beyrouth intra-muros".
Ce groupe islamiste libanais sunnite appuie le Hezbollah dans ses opérations menées sur le nord d'Israël "en soutien" au Hamas.
Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), une organisation palestinienne laïque de gauche qualifiée de terroriste par Israël et l'Union européenne, a annoncé la mort de trois de ses membres dans la frappe.
Des vidéos relayées par les télévisions montrent l'étage partiellement rasé de l'immeuble visé.
Ce raid intervient alors que l'armée israélienne mène pour le huitième jour consécutif des frappes aériennes massives contre les fiefs du Hezbollah à travers le Liban.
L'une d'elles a tué Fatah Charif Abou al-Amine, le chef du Hamas au Liban, dans le camp de réfugiés palestiniens d'al-Bass, dans le sud du Liban, selon le mouvement palestinien.
- Un million de déplacés -
Israël avait annoncé à la mi-septembre déplacer le "centre de gravité" de ses opérations, concentrées principalement jusque là sur la bande de Gaza, vers le nord du pays et la frontière libanaise, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants qui ont fui depuis un an les tirs de roquettes du Hezbollah.
Lundi avant l'aube, l'armée a annoncé avoir frappé des dizaines de cibles du Hezbollah dans la région de la Békaa, dans l'est du Liban, parmi lesquelles "des dizaines de lanceurs et de bâtiments où étaient stockées des armes".
Elle a indiqué avoir "réussi à intercepter une cible aérienne suspecte qui est entrée depuis le Liban en territoire israélien" lundi matin.
Sur un autre front, Israël a mené dimanche des raids contre des cibles des rebelles houthis au Yémen, faisant quatre morts, au lendemain d'un tir revendiqué par ces insurgés pro-iraniens vers l'aéroport de Tel-Aviv.
"Aucun endroit n'est trop éloigné" pour Israël, a averti le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
Selon le Premier ministre libanais, Najib Mikati, près d'un million de personnes pourraient avoir été déplacées par les bombardements israéliens, soit le plus grand déplacement de population de l'histoire du pays selon lui.
Cette situation fait craindre un embrasement régional.
Une guerre totale au Moyen-Orient "doit être évitée", a exhorté le président américain Joe Biden, après avoir qualifié la mort de Nasrallah de "mesure de justice".
- "Grande préoccupation" -
L'Arabie saoudite, très influente au Liban, a appelé lundi au respect de la "souveraineté et de l'intégrité territoriale" de ce pays, exprimant sa "grande préoccupation" face à l'intensification du conflit entre le Hezbollah et Israël, alors que se poursuit l'offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Dans le territoire palestinien, bombardé sans répit depuis un an en riposte à l'attaque du 7 octobre, le nombre de frappes aériennes israéliennes a cependant baissé de manière significative ces derniers jours, selon des journalistes de l'AFP, qui ont signalé trois ou quatre frappes pendant la nuit de dimanche à lundi.
Le décès de Hassan Nasrallah, considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés.
Lors de son opération baptisée "Ordre nouveau", l'armée israélienne a dit avoir tué avec Hassan Nasrallah "plus de 20 autres terroristes de différents grades, présents dans le quartier général souterrain (du Hezbollah) situé sous des bâtiments civils et qui dirigeaient les opérations terroristes contre Israël".
Israël a affirmé que la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah avaient été tués ces derniers mois lors de ses opérations.
Malgré les coups incessants portés par Israël, le mouvement poursuit ses tirs de roquettes vers le nord d'Israël.
"Nous avons peur qu'il y ait une escalade totale", a témoigné Matan Sofer, un habitant de la localité israélienne de Rosh Pina, à une trentaine de kilomètres de la frontière libanaise.
Le cousin de Hassan Nasrallah, Hachem Safieddine, figure éminente du parti, apparaît comme un successeur potentiel.
M.E. De La Fuente--ESF