Municipales au Brésil: début du vote, suspense à Sao Paulo
Les Brésiliens ont commencé à voter dimanche pour élire leurs maires et conseillers municipaux, avec une issue incertaine à Sao Paulo, où un outsider populiste est un des favoris pour gouverner la plus grande ville d'Amérique Latine.
Les bureaux de vote ont ouvert à 8h00 (11h00 GMT) dans plus de 5.500 communes, où près de 156 millions d'électeurs sont appelés aux urnes.
Cette élection est un test majeur pour les principales forces politiques du pays, deux ans après la présidentielle de 2022, remportée de justesse par Luiz Inacio Lula da Silva face à son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), à l'issue de l'élection la plus polarisée de l'histoire récente du pays.
À Sao Paulo, le duel attendu entre le maire sortant Ricardo Nunes, allié de M. Bolsonaro, et Guilherme Boulos, soutenu par Lula, s'est transformé en une lutte à trois pour deux places au second tour, avec l'irruption de l'outsider Pablo Marçal.
Selon le dernier sondage publié samedi par l'Institut de référence Datafolha, M. Boulos arrive en tête des intentions, de vote du premier tour, avec 29%, et M. Nunes et M. Marçal sont à égalité, à 26%.
Influenceur ultra-conservateur suivi par 5,6 millions d'abonnés sur Instagram, ancien "coach" en développement personnel, Pablo Marçal, 37 ans, a défrayé la chronique durant toute la campagne, avec son style provocateur qui a séduit de nombreux sympathisants de Jair Bolsonaro.
Durant un débat télévisé, il a été attaqué à coups de chaise par un rival excédé, une des images les plus marquantes de la campagne.
Pablo Marçal a été accusé à plusieurs reprises de désinformation. Samedi, un juge a ordonné la suspension pour 48 heures de son profil Instagram après la publication d'un supposé rapport médical attestant que son rival Guilherme Boulos aurait consommé de la cocaïne.
Une expertise de la police de Sao Paulo consultée par l'AFP a montré qu'il s'agissait d'un faux document.
- "Reflet de notre société" -
"Je suis contre le système politique, et Marçal, il dénonce ce système. Je ne sais pas si ça va vraiment changer quelque chose à l'avenir, mais il faut bien commencer un jour", dit l'informaticien Edson Borges Lopes, informaticien de 61 ans, juste avant de voter dans une école du quartier de Jardim Paulista.
"Ici à Sao Paulo l'ambiance était très lourde, la campagne était très agressive, il y a même eu des épisodes de violence. C'est le reflet de notre société", déclare pour sa part une autre électrice, Andrea Nobis, 64 ans.
Samedi, Guilherme Boulos, qui avait été battu au second tour de l'élection municipale à Sao Paulo en 2020, a participé à un cortège aux côtés du président Lula sur l'Avenue Paulista, artère emblématique de la mégapole de 12 millions d'habitants.
"Boulos est un vrai pari personnel de Lula (...) S'il est élu maire de la plus grande ville du pays, ce sera une grande victoire pour le président", dit à l'AFP Mayra Goulart, politologue de l'Université fédérale de Rio de Janeiro.
Jair Bolsonaro, pour sa part, était dans un quartier populaire du nord de Rio de Janeiro avec Alexandre Ramagem, qui tentera d'éviter une élection dès le premier tour du centriste Eduardo Paes, maire sortant soutenu par Lula.
Ancien chef des renseignements sous le mandat de l'ex-président d'extrême droite, M. Ramagem est au cœur d'un scandale d'espionnage illégal présumé de responsables politiques et d'autres personnalités publiques.
- Second tour le 27 octobre -
Les derniers sondages prévoient que l'issue du scrutin dans 11 des 26 capitales d'États brésiliens pourrait se décider dès le premier tour.
Pour les villes où aucun candidat n'obtient la majorité des voix dès dimanche, un second tour aura lieu le 27 octobre.
"Ces élections municipales sont importantes dans l'optique de la présidentielle de 2026, car il est important de disposer de soutiens parmi les élus locaux, qui sont en contact direct avec les électeurs", estime Mayra Goulart.
Mais cette présidentielle de 2026 est encore lointaine et pleine d'incertitudes. Lula laisse planer le doute sur une éventuelle tentative de réélection et Jair Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030 pour des attaques sans preuve contre le système électoral, même s'il espère encore faire annuler cette condamnation.
Plus de 23.000 militaires ont été mobilisés dans tout le pays pour apporter leur soutien logistique mais aussi renforcer la sécurité des municipales face à l'influence grandissante du crime organisé dans les élections brésiliennes, selon les autorités.
S.Lopez--ESF