L'Ukraine frappe un terminal pétrolier en Crimée, la Russie capture un village
L'armée ukrainienne a affirmé lundi avoir frappé pendant la nuit "le plus gros" terminal pétrolier de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, alors que la Russie a revendiqué la prise d'un nouveau village dans l'est de l'Ukraine.
L'Ukraine est à la peine sur le front Est depuis plus d'un an et voit notamment les forces russes se rapprocher de Pokrovsk, ville clé pour la logistique de l'armée ukrainienne.
Les forces de Moscou continuent de grignoter du terrain presque quotidiennement face à des Ukrainiens moins bien armés et moins nombreux.
"Grâce à l'action résolue des unités du groupe Centre, le village de Grodivka a été libéré", a revendiqué lundi le ministère russe de la Défense.
Cette localité est située à une dizaine de kilomètres à l'est de Pokrovsk, important noeud qui relie plusieurs forteresses ukrainiennes du Donbass, l'est industriel du pays.
L'armée ukrainienne a de son côté affirmé avoir frappé le terminal à Féodossia (est de la Crimée), le "plus gros" de la péninsule annexée et qui approvisionne notamment l'armée russe, selon Kiev.
Les autorités russes ont confirmé un incendie sur le site pétrolier, sans en nommer la cause.
Des vidéos en ligne montrent au moins deux grosses colonnes de fumée noire s'élever dans le ciel.
L'Ukraine a multiplié les attaques sur des sites énergétiques russes ces derniers mois pour perturber la logistique des forces armées de Moscou qui occupent près de 20% du territoire ukrainien.
- Carburant et énergie -
"Les forces de la défense ont effectué cette nuit une frappe réussie sur un terminal pétrolier maritime de l'ennemi", entraînant un incendie, a affirmé l'état-major de l'armée ukrainienne sur les réseaux sociaux.
L'attaque a été effectuée à l'aide "de missiles", a ajouté l'armée.
L'Ukraine avait déjà utilisé des missiles à longue portée notamment pour frapper l'état-major de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol (est de la Crimée) en septembre 2023.
Cependant, ces derniers mois, les attaques ukrainiennes avaient été réalisées essentiellement à l'aide de drones de combat, Kiev déplorant le manque de missiles et mettant en cause le retard des livraisons occidentales.
Les autorités d'occupation russe ont indiqué qu'"une partie" de la ville de Féodossia visée était privée d'électricité et que la circulation de trains de banlieue y était suspendue.
Depuis le début de son invasion, la Russie a multiplié les campagnes de frappes contre le réseau énergétique ukrainien laissant périodiquement des millions d'Ukrainiens sans électricité.
Certains experts ukrainiens prédisent une nouvelle intensification des frappes russes sur les infrastructures civiles, notamment énergétiques ces prochaines semaines, à l'approche de l'hiver et de la présidentielle américaine de novembre.
- Kiev visée par des missiles hypersoniques -
De nouvelles attaques nocturnes russes ont tué deux frères dans la région frontalière de Soumy (nord-est) et une femme de 61 ans à Kherson (sud), ont annoncé les autorités ukrainiennes.
Le chef de la municipalité de Kherson, pendant la journée, a lui affirmé qu'une nouvelle frappe sur la ville avait fait une vingtaine de blessés.
Kiev, la capitale, a également été visée pendant la nuit, ont indiqué les autorités, tout en assurant que celles-ci n'avaient pas fait de victimes ni de dégâts majeurs.
L'armée russe a d'abord lancé des dizaines de drones explosifs en direction de plusieurs régions ukrainiennes dont la capitale. Kiev a ensuite été visée dans la matinée par deux missiles hypersoniques Kinjal, qui ont été abattus par la défense aérienne, selon l'armée de l'air.
Un troisième missile Kinjal a touché, selon l'armée, une zone "proche" de la base aérienne de Starokostiantyniv, dans la région de Khmelnytsky (ouest).
Celle-ci est située à des centaines kilomètres de la ligne de front et est très souvent visée par des attaques russes, Moscou espérant détruire des chasseurs F-16 que l'Ukraine a commencé enfin à recevoir de ses alliés à l'été et dont les sites de stationnement sont gardés secrets.
Sur un autre front, celui de la guerre numérique, le groupe russe VGTRK, diffuseur des chaînes de télévision publiques de Russie et des événements du Kremlin, a dit avoir été visé par une attaque informatique "sans précédent" revendiquée par Kiev.
Selon VGTRK, cette attaque a eu un résultat limité. "Tout fonctionne normalement, il n'y pas de menace significative", a assuré le groupe.
B.Vidal--ESF