Le chef de la sécurité du Hezbollah visé par les meurtrières frappes israéliennes sur Beyrouth
Le chef du redouté appareil sécuritaire du Hezbollah était, selon une source proche de la formation, la cible des frappes aériennes israéliennes menées jeudi sur Beyrouth, les plus meurtrières contre la capitale libanaise depuis le début le 23 septembre de la guerre ouverte entre le mouvement pro-iranien et Israël.
Ces frappes, qui ont fait 22 morts et 117 blessés, selon le ministère de la Santé, sont intervenues au moment où Israël, en guerre sur plusieurs fronts pour la première fois depuis des décennies, s'apprête à partir de vendredi soir à célébrer la fête de Kippour, la plus importante du calendrier juif.
Le raid visait "le chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah Wafic Safa", a indiqué à l'AFP une source proche de la formation pro-iranienne, sans plus d'informations sur son sort. Objet de sanctions du Trésor américain, il a coordonné plusieurs échanges de prisonniers avec Israël par le passé.
Dans la matinée, des habitants de Basta, un des deux quartiers, densément peuplé, touchés par les frappes, venaient inspecter les dégâts, certains en larmes.
C'est la troisième fois que l'armée israélienne vise directement la capitale, Israël concentrant ses frappes sur la banlieue sud, un bastion du Hezbollah, depuis le 23 septembre.
Selon la source proche du Hezbollah, cela montre qu'Israël "est passé à une nouvelle étape, en ciblant les responsables politiques" du mouvement.
Les Etats-Unis soutiennent les efforts déployés par le Liban pour "s'affirmer" face au Hezbollah, a de son côté déclaré vendredi le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait appelé le pays voisin à s'en "libérer", sous peine de subir le même sort que Gaza, où son armée poursuit une guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque du Hamas sur son sol, le 7 octobre 2023.
- Nouveaux tirs israéliens sur la Finul -
Vendredi, le Liban a dénoncé de nouveaux tirs israéliens sur une position des Casques bleus dans le sud du Liban, au lendemain d'un tollé diplomatique après que des tirs similaires ont blessé deux Indonésiens.
Les tirs israéliens contre les Casques bleus constituent "une violation du droit humanitaire international", a fustigé le chef de l'ONU, Antonio Guterres vendredi.
L'armée israélienne, qui mène depuis le 30 octobre des incursions terrestres contre le Hezbollah dans la région, a affirmé avoir tiré jeudi "à côté" du QG de la Finul, insistant avoir prévenu son personnel de se protéger.
Depuis octobre 2023, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont près de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. L'ONu a chiffré à 600.000 le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du Liban.
Malgré les coups portés à sa direction, le Hezbollah affirme résister à l'armée israélienne, et poursuit ses tirs contre le pays. Vendredi, il a annoncé avoir "lancé une escadrille de drones d'attaques sur une base aérienne à Haïfa"n dans le nord d'Israël.
Un ouvrier agricole thaïlandais a été tué par un missile antichar dans le nord d'Israël, ont annoncé les secours israéliens, l'armée faisant elle état de deux civils blessés.
Dans ce contexte, M. Blinken a dit vendredi que les Etats-Unis espèrerent toujours empêcher "un conflit plus large" au Moyen-Orient, au moment où Israël prépare, selon son ministre de la Défense, Yoav Gallant, une riposte "mortelle, précise et surprenante" à l'attaque de missiles lancée par Téhéran contre le territoire israélien le 1er octobre
L'Iran a réaffirmé vendredi être prêt à "défendre sa souveraineté" contre Israël, qu'il affirme avoir frappé pour venger l'assassinat à Téhéran du chef du Hamas, ainsi que ceux du chef du Hezbollah libanais et d'un général des Gardiens de la Révolution iraniens dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
- "Inquiétudes" américaines sur l'aide à Gaza -
Israël a concentré ses forces sur le front libanais, après un an de tirs incessants du Hezbollah qui ont ont déplacé 60.000 habitants du nord d'Israël.
Mais invoquant une tentative du Hamas de reconstituer ses capacités dans le nord de de la Bande de Gaza, elle y encercle depuis dimanche Jabalia, pilonnant le secteur.
Selon le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, au moins 140 personnes y sont mortes depuis le début de l'opération, et au moins 400.000 personnes sont prises en étau dans la zone, selon l'ONU.
Les Etats-Unis ont fait part à leur allié israélien de leurs "réelles inquiétudes" sur le manque d'aide humanitaire dans le secteur, selon M. Blinken.
Jeudi, 28 Gazaouis ont été tués dans une frappe israélienne sur une école à Deir el-Balah (centre) abritant des déplacés, selon le Croissant-Rouge palestinien.
L'armée israélienne a évoqué une frappe aérienne "précise" sur des "terroristes".
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque du Hamas contre Israël qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Les combats et bombardements ont dévasté des secteurs entiers du petit territoire assiégé et déplacé la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.
Au moins 42.065 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
M.Echeverria--ESF