Casques bleus blessés au Liban: Israël dit avoir tiré vers une "menace"
L'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tiré en direction d'une "menace" près d'une position de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) dans le sud du Liban où deux Casques bleus ont été blessés, un incident qui a suscité des critiques internationales.
Menant depuis fin septembre une vaste offensive aérienne et terrestre contre le mouvement pro-iranien Hezbollah, allié du Hamas palestinien, elle l'a accusé de mettre en danger "délibérément" les soldats de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), dont quatre ont été blessés en deux jours.
Alors qu'Israël s'apprête à célébrer Kippour, importante fête juive, les sirènes d'alerte antiaérienne ont retenti en fin d'après-midi dans plusieurs dizaines de localités du nord-ouest du pays, l'armée israélienne faisant état "d'environ 80 projectiles" tirés à partir du Liban.
La Finul a rapporté que leur quartier général, à Ras al-Naqoura, avait subi vendredi "des explosions pour la deuxième fois en 48 heures" et "deux Casques bleus sri-lankais ont été blessés", après deux soldats indonésiens jeudi.
- "Examen approfondi" -
L'armée israélienne a "exprimé sa vive préoccupation à propos d'incidents de ce genre" et a dit "mener un examen approfondi au plus haut niveau du commandement pour établir les détails de ce qui s'est passé".
Elle a assuré avoir tiré en direction d'une "menace" proche de la position de la Finul et accusé le Hezbollah de mettre en danger "délibérément" les Casques bleus.
Le président français Emmanuel Macron a jugé "tout à fait inacceptable" que les Casques bleus de l'ONU soient "visés délibérément par les forces armées israéliennes" et prévenu que la France "ne tolérera pas" de nouveaux tirs, lors d'un lors d'un sommet à Chypre des dirigeants des pays méditerranéens de l'UE.
Il a en outre estimé que "cesser les exportations d'armes" utilisées à Gaza et au Liban était "l'unique levier" pour mettre fin aux conflits qui y font rage.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui a appelé vendredi la communauté internationale à ne plus livrer d'armes à Israël, a demandé la "fin de tout type de violence" contre la Finul, alors que son homologue italienne Giorgia Meloni a jugé que ces tirs n'étaient "pas acceptables".
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lui qualifié de son côté les tirs israéliens de "violation du droit humanitaire international".
Depuis octobre 2023, lorsque le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en appui au Hamas, plus de 2.100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1.200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés à l'intérieur du Liban, qu'ont fui environ 400.000 personnes, la plupart en Syrie.
A la frontière israélienne, l'armée libanaise a rapporté la mort de deux soldats, portant à quatre le nombre de militaires libanais tués depuis le début de l'intensification des bombardements israéliens sur le Liban.
Au lendemain des frappes israéliennes les plus meurtrières sur Beyrouth depuis trois semaines de guerre entre l'armée israélienne et le Hezbollah, le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé vendredi l'ONU à adopter une résolution pour un "cessez-le-feu total et immédiat".
Ces frappes, qui ont fait 22 morts et 117 blessés, selon le ministère libanais de la Santé, visait "le chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah Wafic Safa", a indiqué à l'AFP une source proche de cette formation.
C'est la troisième fois que l'armée israélienne vise directement la capitale, Israël concentrant ses frappes sur la banlieue sud, un bastion du Hezbollah, depuis le 23 septembre.
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait appelé le Liban à se "libérer" du Hezbollah, sous peine de subir le même sort que Gaza, où son armée poursuit une guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque du Hamas sur son sol, le 7 octobre 2023.
L'ONU a appelé vendredi les dirigeants d'Israël et du Hezbollah à mettre fin à leur "posture belliqueuse", mettant en garde contre une "escalade progressive" menaçant "des millions de personnes dans la région".
Les Etats-Unis ont pour leur part dit espérer encore empêcher "un conflit plus large", au moment où Israël prépare une riposte à l'attaque de missiles iranienne du 1er octobre et l'Iran a répété vendredi être prêt à se défendre contre Israël.
- Gaza "comme au Japon il y a 80 ans" -
Après un an de combats dans la bande de Gaza contre le Hamas, Israël a concentré l'essentiel de ses opérations sur le front libanais.
Mais l'armée israélienne, qui a annoncé vendredi la mort d'un soldat dans le territoire palestinien, pilonne depuis dimanche le nord de la bande de Gaza et encercle la ville de Jabalia, où elle accuse le Hamas de reconstituer ses forces.
La situation dans le territoire palestinien assiégé "est comme au Japon il y a 80 ans", dévasté par les bombes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a déclaré vendredi le co-président de Nihon Hidankyo, l'organisation des survivants de Nagasaki et d'Hiroshima, lauréate du Nobel de la Paix.
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Au moins 42.126 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU. La quasi-totalité des 2,4 millions de Gazaouis a aussi été déplacée.
D.Cano--ESF