Le Hezbollah menace Israël de nouvelles attaques, après celle meurtrière sur une base militaire
Le Hezbollah libanais a menacé lundi Israël de nouvelles attaques en cas de poursuite de son offensive au Liban, au lendemain d'une frappe de drone ayant tué quatre soldats israéliens sur une base militaire au sud de la ville de Haïfa.
Il s'agit de la frappe la plus meurtrière en Israël depuis que le mouvement chiite armé et Israël sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre. Le chef d'Etat major israélien Herzi Halevi a parlé d'une attaque "douloureuse".
Soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, le Hezbollah a averti que cette attaque était un "avant-goût" de ce qui attend Israël si ce pays poursuit ses opérations militaires au Liban.
L'armée israélienne a fait état de quatre soldats tués et de sept militaires blessés sur un camp d'entraînement à Binyamina, au sud de Haïfa, grande ville du nord d'Israël.
Selon United Hatzalah, une organisation de secouristes bénévoles, l'attaque a blessé plus de 60 personnes.
Le Hezbollah a indiqué que ses combattants avaient tiré "une escadrille de drones explosifs" sur un camp d'entraînement.
Il a parlé d'une "opération complexe", disant avoir lancé simultanément des dizaines de missiles dans les régions de Nahariya et Acre dans le but de "distraire les systèmes de défense aérienne israéliens".
- "Violations choquantes" -
Les drones sont parvenus à "contourner" les radars israéliens et "atteindre leur cible", selon le mouvement.
Dans le sud du Liban, où Israël a lancé une offensive terrestre le 30 septembre, le Hezbollah a affirmé que ses combattants avaient tiré tôt lundi des obus sur des troupes israéliennes qui tentaient une "infiltration" dans le secteur frontalier.
Il avait dit dimanche combattre "à l'arme automatique" et avec des "roquettes" des soldats israéliens dans au moins quatre villages.
L'armée israélienne a fait état dimanche de "combats face à face", et dit avoir capturé un combattant du Hezbollah dans un tunnel dans le sud du Liban.
Après avoir affaibli le Hamas palestinien à Gaza, Israël a déplacé le front de la guerre au Liban, disant vouloir permettre le retour dans le nord du pays de quelque 60.000 habitants, déplacés par les tirs de roquettes menés depuis un an par le Hezbollah en soutien au Hamas.
Le ministère de la Santé libanais a fait état dimanche de 51 personnes tuées la veille dans des frappes israéliennes au Liban, portant à plus de 1.300 le nombre de morts dans le pays depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés depuis cette date.
Selon l'agence de presse officielle libanaise ANI, l'aviation israélienne a intensifié dimanche ses frappes sur des villages du sud du Liban.
La force de paix de l'ONU au Liban, Finul, a pour sa part dénoncé des "violations choquantes" israéliennes contre ses positions dans le sud du pays, après avoir fustigé vendredi des tirs israéliens "répétés" les visant, provoquant un tollé diplomatique.
Elle a fait état d'une entrée "en force" dimanche matin de deux chars israéliens dans une de ses positions. L'armée israélienne a indiqué qu'un de ses chars "qui tentait d'évacuer des soldats blessés" avait "percuté un poste de la Finul".
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait auparavant exhorté l'ONU à retirer "tout de suite" la Finul des zones de combats.
Des "attaques" contre des Casques bleus peuvent être constitutives de "crimes de guerre", a mis en garde dimanche le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
La guerre au Liban et celle de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, se doublent d'une escalade entre l'Iran et Israël, qui menace de riposter à une attaque iranienne de missiles le 1er octobre.
Le Pentagone a annoncé dimanche le déploiement en Israël d'un système américain de défense antimissiles à haute altitude THAAD, en soutien contre Téhéran.
- "Totalement prêt" -
L'Iran est "totalement prêt à faire face à une situation de guerre", a averti son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi.
Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, la Défense civile locale a indiqué dimanche soir qu'un bombardement israélien sur une école transformée en centre d'hébergement pour les Palestiniens déplacés avait tué au moins 15 personnes, "dont des enfants" et "des familles entières" dans le camp de Nuseirat (centre). L'attaque a aussi fait "50 blessés", selon cette organisation.
L'armée israélienne a dit qu'elle "examinait les informations" à ce sujet.
Elle accuse régulièrement le Hamas de se cacher dans des bâtiments scolaires où des milliers de Gazaouis ont cherché refuge, une accusation niée par le mouvement islamiste palestinien.
Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé tôt lundi avoir effectué une frappe visant un "centre de commandement et de contrôle, qui se trouvait à l'intérieur d'un complexe qui servait auparavant d'hôpital des Martyrs d'al-Aqsa" dans la ville de Deir el-Balah (centre).
Le porte-parole de la Défense civile a fait état de quatre morts et de nombreux blessés,en précisant que c'était la septième fois qu'une attaque touchait des "tentes pour les personnes déplacées à l'intérieur" de cet hôpital.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Au moins 42.227 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
F.González--ESF