El Siglo Futuro - L'Iran affirme vouloir se défendre après les frappes d'Israël sur son sol

Madrid -
L'Iran affirme vouloir se défendre après les frappes d'Israël sur son sol

L'Iran affirme vouloir se défendre après les frappes d'Israël sur son sol

L'Iran a affirmé samedi son droit à se défendre après des frappes contre ses sites militaires menées par Israël, dernier épisode en date des hostilités entre les deux pays ennemis qui accentue les craintes d'une escalade militaire au Moyen-Orient.

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Pour la première fois, Israël a annoncé publiquement avoir attaqué l'Iran en lançant samedi avant l'aube des frappes aériennes contre des installations de fabrication de missiles dans ce pays. L'Iran a fait état de "dégâts limités" et deux militaires tués.

Israël a ensuite menacé l'Iran de lui faire "payer un prix élevé" s'il ripostait, alors que la communauté internationale a appelé à la retenue face au risque d'embrasement.

Les raids israéliens sont une riposte à une attaque aux missiles de l'Iran contre le territoire israélien le 1er octobre, un engrenage de violences lié aux guerres menées par Israël contre deux mouvements islamistes soutenus militairement par l'Iran: le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.

"L'Iran a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d'agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense (...)", a affirmé la diplomatie iranienne.

La détermination de l'Iran à se défendre "n'a pas de limites", a ensuite prévenu le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

- "Réponse achevée" -

Dans la nuit, les journalistes de l'AFP ont entendu des détonations accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel vues depuis le centre de Téhéran.

Selon la télévision d'Etat, "le système de défense aérienne" iranien a été activé.

L'attaque israélienne a ciblé "des sites militaires dans les provinces de Téhéran, du Khouzestan (sud-ouest) et d'Ilam (ouest)", a indiqué l'armée iranienne.

En Israël, l'armée a dit avoir "frappé des sites de fabrication de missiles (...) que l'Iran tire sur l'Etat d'Israël depuis un an", ainsi que "des batteries de missiles sol-air et d'autres systèmes aériens (...)".

"Le régime iranien et ses relais dans la région ont attaqué sans relâche Israël depuis le 7 octobre (2023) sur plusieurs fronts (...)", a-t-elle ajouté, en allusion au Hamas, au Hezbollah et aux rebelles yéménites houthis.

Avec ces frappes, l'armée israélienne a dit avoir "achevé la réponse aux attaques de l'Iran contre Israël".

Le 1er octobre, l'Iran a tiré quelque 200 missiles sur Israël pour venger selon lui la mort, le 27 septembre, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et d'un général iranien, tués dans des frappes israéliennes près de Beyrouth, et celle le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque imputée à Israël.

- "Coup médiatique" -

Le 13 avril, menant pour la première fois une attaque directe contre Israël, l'Iran a lancé des missiles et des drones en direction du territoire israélien en riposte à une frappe attribuée à Israël qui a détruit le consulat iranien à Damas. Selon des médias américains, l'armée israélienne a riposté le 19 avril avec des frappes sur le centre de l'Iran, une attaque non confirmée par Israël.

Malgré les inquiétudes d'une escalade, la vie a continué son cours normal à Téhéran et Tel-Aviv.

"Je ne pense pas qu'il y aura la guerre en Iran", a affirmé Sepideh, 30 ans, qui s'est rendue au travail normalement à Téhéran.

"En général, on est inquiets mais pas plus que ça", a réagi Yaniv Chen, 42 ans, sur une plage de Tel-Aviv.

Selon des experts, l'objectif de l'attaque était de démontrer les capacités offensives israéliennes tout en évitant l'escalade.

Selon Joost Hiltermann, le directeur du programme Moyen-Orient de l'International Crisis Group, les Etats-Unis ont voulu que ces représailles soient "proportionnées, afin que l'Iran n'ait pas besoin de répondre".

De même, Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), estime que sous la pression des Etats-Unis, Israël a mené une opération "limitée dans ses objectifs" pour réduire les risques d'une "explosion dans la région". Israël a "réalisé un coup médiatique et politique et non militaire".

Les Etats-Unis ont d'ailleurs qualifié les frappes israéliennes de "manoeuvres d'autodéfense" et sommé Téhéran de "cesser ses attaques contre Israël pour que ce cycle de violence puisse se terminer sans nouvelle escalade".

- Négociations attendues à Doha -

Sur le front libanais, l'armée israélienne a fait état de "80 projectiles" tirés par le Hezbollah depuis le Liban.

Elle a annoncé avoir frappé 70 cibles du Hezbollah au Liban, alors qu'elle poursuit son opération terrestre lancée le 30 septembre dans le sud du pays, où elle cherche à neutraliser les combattants du Hezbollah pour faire cesser les tirs de roquettes et permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 déplacés.

Après un an d'une offensive dévastatrice et meurtrière dans la bande de Gaza où elle a affaibli le Hamas, l'armée israélienne a déplacé le coeur de ses opérations au Liban en bombardant intensément les fiefs du Hezbollah à partir du 23 septembre.

Sur le front de Gaza, l'armée israélienne poursuit son offensive aérienne et terrestre, à l'heure où des négociations sont attendues dimanche à Doha entre Israéliens, Américains et Qatariotes pour évoquer la possibilité d'une trêve associée à une libérations d'otages enlevés le 7 octobre 2023 et toujours retenus dans le territoire palestinien.

A.Abarca--ESF