Brésil : Lula et Bolsonaro jaugent leurs forces au 2e tour des municipales
Les habitants de 51 villes brésiliennes ont commencé à voter dimanche pour le second tour des municipales, un test pour les principaux leaders du pays, le président de gauche Lula et son prédécesseur d'extrême droite Jair Bolsonaro, avant la présidentielle de 2026.
Les bureaux de vote ont ouvert à 8h00, heure de Brasilia, (11h00 GMT) et fermeront à 17h00 (20h00 GMT).
Le premier tour, le 6 octobre, a été amplement favorable à la droite, même si la gauche entretient l'espoir de l'emporter dans des villes importantes.
"Le principal enjeu de ce second tour est la redistribution des cartes du pouvoir entre les principaux partis de droite et de centre-droit du Brésil", qui sont déjà largement majoritaires au Parlement, explique à l'AFP Geraldo Monteiro, professeur en sciences politiques à l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro (UERJ).
A Sao Paulo, la plus grande métropole d'Amérique Latine, le maire sortant Ricardo Nunes, soutenu par Jair Bolsonaro (2019-2022), est favori face à Guilherme Boulos, le candidat adoubé par Luiz Inacio Lula da Silva.
Le dernier sondage de l'institut Datafolha, publié samedi soir, crédite M. Nunes de 57% des intentions de vote, contre 43% pour son adversaire de gauche dans la mégalopole de plus de 12 millions d'habitants.
"Je vote Nunes car il faut lui donner l'opportunité de continuer ce qu'il est en train de faire", dit à l'AFP Hilda Manzatto Muniz, retraitée de 72 ans, avant de voter à Sao Paulo.
"Je vote Boulos pour le changement, car si on vote pour les mêmes, les choses vont rester en l'état pendant quatre ans de plus", le durée du mandat des maires au Brésil, déclare pour sa part Carlos Eduardo Lisboa, agent de sécurité de 45 ans.
Contrairement au premier tour, Lula n'a pas pu faire campagne aux côtés de M. Boulos à la veille du scrutin car il est demeuré à Brasilia pour des raisons de santé.
Le chef de l'Etat, qui fête ses 79 ans dimanche, a souffert d'un accident domestique il y a une semaine, s'étant cogné à l'arrière de la tête lors d'une chute dans les toilettes.
- Suspense dans neuf capitales d'Etats -
Le second tour concerne seulement les villes de plus de 100.000 habitants où aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue des voix il y a trois semaines. Près de 34 millions d'habitants sont appelés aux urnes.
A Rio de Janeiro, le centriste Eduardo Paes, soutenu par Lula, avait été réélu pour un quatrième mandat dès le premier tour.
Mais dans 15 autres capitales d'Etats brésiliens, le résultat final ne sera connu que ce dimanche, et les sondages prévoient un scrutin serré dans neuf d'entre elles.
A Fortaleza (nord-est) et à Cuiaba (centre-ouest), le second tour est un duel entre des candidats du PT de Lula et le Parti Libéral (PL) de Jair Bolsonaro.
Dans la ville amazonienne de Belem (nord) qui accueillera la conférence de l'ONU sur le climat COP30 en 2025, le centriste Igor Normando est opposé au bolsonariste Eder Mauro, climato-sceptique notoire.
Le PL avait été un des grands vainqueurs le 6 octobre, élisant deux maires dès le premier tour et plaçant neuf candidats au second dans les capitales d'Etats.
- Leadership contesté -
Mais cela ne signifie pas pour autant que M. Bolsonaro fait l'unanimité dans le camp conservateur.
Certaines personnalités lui ont reproché son manque d'implication dans la campagne pour Ricardo Nunes à Sao Paulo, comme l'influent pasteur évangélique Silas Malafaia, qui a qualifié l'ex-président d'extrême droite de "lâche" et de "leader à la noix".
L'électorat bolsonariste était divisé, certains préférant le profil provocateur de l'influenceur ultra-conservateur Pablo Marçal, qui a manqué de peu la qualification au second tour.
L'arrivée de M. Nunes en tête du premier tour est surtout attribuée au soutien appuyé du gouverneur de Sao Paulo Tarcisio de Freitas, ancien ministre de Jair Bolsonaro pressenti pour représenter la droite à la présidentielle de 2026.
M. Bolsonaro est inéligible jusqu'en 2030 pour des attaques sans preuve contre le système électoral, même s'il espère encore faire annuler cette condamnation.
Lula, quant à lui, laisse encore planer le doute sur une éventuelle tentative de réélection pour un quatrième mandat.
L.Cabrera--ESF