Tentative d'assassinat présumée contre Morales: le gouvernement bolivien dénonce une "mise en scène"
Le gouvernement bolivien a accusé lundi l'ex-président Evo Morales d'avoir "mis en scène" la tentative d'assassinat dont il affirme avoir été victime, assurant que l'incident s'était produit alors qu'il tentait d'échapper à un contrôle.
"M. Morales, personne ne croit à votre mise en scène, mais vous allez devoir répondre devant la justice bolivienne de tentative de meurtre" contre un membre des forces de l'ordre, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Eduardo del Castillo, lors d'une conférence de presse.
L'ancien président (2006-2019) a dénoncé dimanche dans une vidéo avoir été victime d'une attaque par balles à bord du véhicule dans lequel il circulait dans la région de Chapare, dans le centre du pays: "Des agents d'élite de l'État bolivien ont tenté de m'assassiner", a-t-il dénoncé.
Malgré un jugement le disqualifiant, M. Morales veut se présenter à l'élection présidentielle d'août 2025 contre son ex-allié et désormais rival Luis Arce, à la tête du pays.
Selon l'ancien chef d'Etat, sa voiture a reçu 14 impacts de balle et son chauffeur a été blessé, alors qu'il se rendait à son émission hebdomadaire sur la radio Kawsachun Coca, à Cochabamba, son fief.
Dans une vidéo diffusée par la radio, on voit trois trous dans le pare-brise d'une camionnette dont M. Morales occupe le siège passager. Le chauffeur a du sang sur la tête et une femme lui dit de "se dépêcher".
Mais le ministre de l'Intérieur a donné une toute autre version de l'incident. Il a expliqué que dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue dans le Chapare, l'une des principales zones de production de coca du pays, des points de contrôle avaient été mis en place.
Selon lui, la police postée sur l'un d'eux a fait signe à l'un des véhicules du cortège de M. Morales de ralentir, mais le conducteur a ignoré l'ordre.
- "Ils ont accéléré" -
"Au lieu de ralentir, ils ont accéléré, sorti des armes à feu (...) et tiré", a déclaré M. Del Castillo, précisant qu'un membre des forces de l'ordre avait été blessé, percuté par l'un des véhicules.
Insistant sur sa version des faits, Evo Morales a cependant exigé lundi le limogeage des ministres de l'Intérieur et de la Défense.
"Si Luis Arce n'a pas donné l'ordre de nous tuer, il devrait immédiatement révoquer et poursuivre ses ministres de la Défense et du Gouvernement (Intérieur), Edmundo Novillo et Eduardo Del Castillo", a-t-il écrit sur X.
Le président Arce a condamné dimanche l'attaque et dit sur X avoir ordonné "une enquête immédiate et approfondie pour clarifier l'incident".
Son vice-ministre en charge de la Sécurité, Roberto Rios, avait déjà précisé que les autorités envisageaient la possibilité qu'il s'agisse d'un "auto-attentat".
L'ancien chef d'État veut se présenter à la présidentielle de 2025 malgré un jugement le disqualifiant, mais aussi alors qu'il fait l'objet d'une enquête pour "viol, trafic et traite d'êtres humains", en raison d'une relation qu'il aurait eue avec une adolescente de 15 ans, avec laquelle il aurait eu une fille en 2016.
Ses avocats affirment que l'affaire a déjà été examinée et classée en 2020. L'ancien dirigeant se dit victime d'une "persécution judiciaire" orchestrée par le gouvernement de Luis Arce, son ex-ministre de l'Économie.
En soutien, depuis le 14 octobre, les partisans du premier indigène à avoir dirigé la Bolivie bloquent les principales routes du pays. Des affrontements avec les forces de l'ordre ont fait 14 blessés parmi les policiers et 44 civils ont été arrêtés, selon le gouvernement.
Au total, plus de 20 barrages ont été signalés, la plupart dans l'État de Cochabamba. Ces blocages routiers ont accentué les pénuries de carburant et entraîné de longues files de véhicules dans les villes. Les prix des produits de base ont en outre grimpé en flèche sur les marchés.
O.L.Jiminez--ESF