Israël annonce un "nouveau cadre" pour des pourparlers sur la libération des otages à Gaza
Israël a annoncé lundi avoir discuté avec les négociateurs étrangers réunis au Qatar d'un nouveau cadre pour des pourparlers sur la libération des otages retenus à Gaza, au moment où la guerre fait rage contre le Hamas dans le territoire palestinien et contre le Hezbollah au Liban.
Le chef du Mossad, le renseignement extérieur israélien, David Barnea, a rencontré au Qatar le chef de la CIA Bill Burns et le Premier ministre qatari pour discuter de ce "nouveau cadre", a annoncé le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Les discussions "se poursuivront dans les prochains jours entre les médiateurs et le Hamas" autour de ce projet qui "intègre de précédentes propositions et prend en compte les événements récents dans la région", a indiqué le bureau du Premier ministre.
La veille, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays est l'un des médiateurs avec les Etats-Unis et le Qatar, avait proposé un cessez-le-feu de deux jours "durant lequel quatre otages israéliens retenus à Gaza seraient échangés contre des prisonniers" palestiniens détenus par Israël.
Benjamin Netanyahu "n'a pas reçu" cette proposition, a déclaré dans la soirée son porte-parole. "Si cette proposition avait été faite, le Premier ministre l'aurait immédiatement acceptée", a-t-il ajouté.
- Un "désatre" -
Ajoutant à la crise humanitaire dans le territoire assiégé, le Parlement israélien a voté lundi, malgré les objections des Etats-Unis et de l'ONU, un projet de loi interdisant les activités en Israël de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa.
Israël a accusé certains employés de l'agence d'avoir participé à l'attaque menée sur son sol le 7 octobre 2023 par le Hamas, qui a déclenché la guerre à Gaza.
L'agence a dénoncé un vote "scandaleux" visant "le principal acteur des opérations humanitaires à Gaza", selon sa porte-parole, Juliette Touma. Si cette interdiction est mise en oeuvre, "c'est un désastre, notamment en raison de l'impact qu'elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza", a-t-elle dit.
Le Hamas a dénoncé une "agression sioniste" contre les Palestiniens.
Le président américain Joe Biden a affirmé lundi que ses équipes faisaient le point sur les efforts en cours en vue d'un cessez-le-feu. "Nous devons arrêter cette guerre. Elle doit s'arrêter, elle doit s'arrêter, elle doit s'arrêter", a-t-il répété.
Malgré les pressions internationales, Israël poursuit son offensive contre le Hamas et contre le Hezbollah, deux mouvements islamistes soutenus par l'Iran, après avoir mené samedi des frappes contre des cibles militaires en territoire iranien.
L'Iran cherche à fabriquer "des stocks de bombes nucléaires dans le but de détruire Israël" et "pourrait menacer le monde entier", a affirmé lundi Benjamin Netanyahu.
Les frappes de samedi ont "changé l'équilibre des forces" entre les deux pays, a déclaré son ministre de la Défense, Yoav Gallant, estimant que "l'ennemi a été affaibli, tant dans sa capacité à construire des missiles que dans sa capacité à se défendre".
L'Iran a menacé Israël lundi de conséquences "inimaginables" après ces frappes menées en riposte à des tirs de missiles iraniens le 1er octobre sur Israël.
- Frappes sur le Liban -
Au Liban, Israël poursuit sa campagne de frappes aériennes lancée le 23 septembre, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du pays contre le Hezbollah, allié du Hamas.
Lundi, l'aviation israélienne a bombardé la ville méditerranéenne de Tyr, dans le sud du Liban, faisant sept morts, tandis que des frappes sur plusieurs localités de l'est du pays ont fait 60 morts, selon les autorités libanaises.
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier de son territoire, afin de permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza il y a plus d'un an.
Plus de 1.600 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Le mouvement islamiste chiite a notamment revendiqué des tirs de roquettes sur la base navale de Stella Maris, près de Haïfa, le grand port du nord d'Israël.
Selon l'armée israélienne, environ 115 "projectiles" ont été tirés lundi par le Hezbollah vers Israël.
- "De la nourriture et de l'eau" -
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a annoncé avoir tué "des dizaines de terroristes" dans le camp de réfugiés palestiniens de Jabalia, un secteur du nord du territoire où elle mène depuis le 6 octobre une offensive en affirmant que des combattants du Hamas tentent de s'y regrouper.
"Nos forces se trouvent au centre du camp" et "nous devons le nettoyer", a déclaré un responsable militaire israélien, précisant que cela prendrait "plusieurs semaines".
L'offensive israélienne à Gaza a tué au moins 43.020 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
La guerre a aussi provoqué le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire.
Walid Abou Shawish, un homme de 40 ans qui a fui le nord pour se réfugier à Khan Younès, dans le sud, a raconté à l'AFP avoir "tout vendu pour acheter une tente" à sa famille de neuf personnes. "Je n'ai plus de revenus, j'ai tout dépensé pour avoir de la nourriture et de l'eau potable", a-t-il confié.
En Israël, l'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
L.M. Del Campo--ESF