L'Ukraine mobilise face aux avancées russes et aux renforts nord-coréens
L'Ukraine a annoncé mardi une nouvelle mobilisation de 160.000 hommes, confrontée à des avancées russes qui s'accélèrent, alors que les Etats-Unis ont confirmé mardi pour la première fois la présence d'un "petit nombre" de soldats nord-coréens dans la région russe de Koursk, frontalière avec l'Ukraine.
A la prise de la ville orientale de Selydové par la Russie vient ainsi s'ajouter la confirmation par Washington d'un déploiement de troupes nord-coréennes à la frontière de l'Ukraine.
Il existe des "indices selon lesquels un petit nombre se trouvent déjà dans la région de Koursk, avec quelque deux mille supplémentaires" sur le point d'arriver, a déclaré le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, lors d'un point presse.
"Nous sommes préoccupés à l'idée qu'ils comptent employer ces forces au combat contre les Ukrainiens, ou qu'a minima ils soutiennent les opérations de combat contre les Ukrainiens dans la région de Koursk", a ajouté le porte-parole.
- 10.000 soldats nord-coréens déjà en Russie -
Selon le Pentagone, un total de 10.000 soldats nord-coréens se trouvent en Russie.
Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, avait déjà déclaré lundi "confirmer que des troupes nord-coréennes ont été envoyées en Russie et que des unités militaires nord-coréennes ont été déployées dans la région de Koursk", dénonçant une "escalade significative" et une "expansion dangereuse" de la guerre.
Mais ce déploiement prouve également le "désarroi croissant" du président russe Vladimir Poutine, a ajouté le chef de l'Alliance atlantique.
La Russie a conduit mardi de nouveaux exercices militaires nucléaires sous la supervision de Vladimir Poutine, qui avait évoqué récemment encore la possibilité de recourir à ces armes dans le cadre du conflit en Ukraine et avec les Occidentaux.
Face à une armée ukrainienne moins bien équipée et manquant d'hommes, les forces russes, malgré d'importantes pertes, multiplient les succès ces dernières semaines.
Elles ont revendiqué mardi la conquête de Selydové, qui comptait quelque 20.000 habitants avant la guerre, une progression importante à proximité de Pokrovsk, carrefour logistique dans la région ukrainienne de Donetsk, dans l'est du pays.
La conquête des régions orientales de l'Ukraine a été définie comme la "priorité" par Vladimir Poutine dans cette invasion lancée en février 2022 par l'armée russe qui avait alors échoué à prendre Kiev, la capitale, et avait ensuite été repoussée vers l'est.
Le ministère russe de la Défense a aussi annoncé la prise de trois localités de la zone: Guirnyk, Katerynivka et Bogoyavlenka.
La Russie a repris l'initiative depuis environ un an face à des troupes ukrainiennes handicapées par le manque d'hommes, de matériel et les tergiversations occidentales sur l'emploi et l'ampleur de l'aide militaire fournie.
Pour la contrer, Kiev va mobiliser au moins 160.000 soldats supplémentaires, a indiqué devant les députés Oleksandre Lytvynenko, le secrétaire du Conseil de la sécurité et de la défense nationale ukrainien.
Selon lui, cela permettra de regarnir les rangs de l'armée à hauteur de 85% alors que depuis le début de l'invasion, "un total de 1,050 million de citoyens ont été enrôlés".
Cette mobilisation doit s'étaler sur les trois prochains mois, a précisé à l'AFP une source au sein du secteur de sécurité.
- La guerre "s'internationalise" -
En août, l'Ukraine a essayé de contraindre la Russie à détourner une partie de ses forces de la région de Donetsk, en attaquant et en occupant une partie de la région frontalière russe de Koursk, plus au nord.
Mais ce pari semble avoir échoué et, désormais, selon les Occidentaux, Kiev et Séoul, la Russie a reçu le renfort de milliers de soldats nord-coréens, Moscou ayant conclu une alliance de plus en plus étroite avec Pyongyang.
Ce sujet a été au coeur de l'entretien téléphonique mardi entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol. "Nous sommes arrivés à la même conclusion: cette guerre s'internationalise", a déclaré sur Telegram M. Zelensky, qui est en déplacement en Islande.
Le Pentagone a affirmé lundi que la Corée du Nord avait envoyé environ 10.000 militaires s'entraîner dans l'est de la Russie, ce qui aura "probablement" pour conséquence "un renforcement des troupes russes près de l'Ukraine dans les prochaines semaines".
Une délégation de la Corée du Sud - un important producteur d'armements - doit se rendre en Ukraine cette semaine, selon des médias, dans le but d'"intensifier l'échange" entre Kiev et Séoul, selon M. Zelensky.
- Frappes sur des villes ukrainiennes -
La cheffe de la diplomatie nord-coréenne Choe Son Hui était pour sa part mardi à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe, et est attendue à Moscou mercredi, selon les agences de presse russes.
Et la Russie a envoyé encore un message à ses adversaires en annonçant mardi soir avoir procédé à de nouveaux exercices militaires nucléaires.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "pleinement rempli" ses objectifs notamment avec "des tirs de missiles balistiques et de croisière".
L'armée russe continue parallèlement de pilonner des zones civiles en Ukraine.
Une attaque aérienne russe à Kharkiv, la deuxième ville de ce pays, située dans le nord-est, a provoqué la mort d'au moins quatre personnes mardi matin, a déploré son maire.
Dans la cité méridionale de Kherson, deux personnes ont été tuées, a annoncé la municipalité, et une autre personne a été tuée dans la région voisine d'Odessa.
Kiev, la capitale, a également été visée pendant la nuit par une attaque de drones explosifs, mais tous ont été abattus, ont affirmé les autorités.
J.Suarez--ESF