El Siglo Futuro - RDC contre M23: des enfants déchiquetés, une population paniquée

Madrid -
RDC contre M23: des enfants déchiquetés, une population paniquée
RDC contre M23: des enfants déchiquetés, une population paniquée / Photo: © AFP

RDC contre M23: des enfants déchiquetés, une population paniquée

Germain, 6 ans, et Isaac, 7 ans, étaient copains. Une bombe est tombée dans la cour de leur école, dans l'est de la RD Congo, pendant des combats entre l'armée et les rebelles du M23. Ils sont morts déchiquetés, victimes d'un conflit qui sème panique et terreur dans la région.

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Les deux enfants allaient à l'école Saint-Gilbert à Biruma, à environ 50 km au nord de Goma, à mi-chemin entre le chef-lieu du Nord-Kivu et Bunagana, un centre d'échanges commerciaux situé à la frontière ougandaise, dont se sont emparés lundi les rebelles du M23 ("Mouvement du 23 mars").

Pour le bombardement de l'école de Germain et Isaac, vendredi dernier, dans le territoire de Rutshuru, l'armée congolaise a accusé le Rwanda d'être responsable de ce qu'elle a qualifié de "crime de guerre". Pour la prise de Bunagana, elle a accusé le Rwanda d'"invasion" du territoire congolais, affirmant encore une fois que l'armée de Kigali combattait aux côtés des rebelles. Ce que le Rwanda dément.

Mardi soir, le gouvernement congolais a haussé le ton, "condamnant la participation des autorités rwandaises dans le soutien, le financement et l'armement de cette rébellion" et promettant de défendre "chaque centimètre" de son territoire.

"Nous sommes fatigués de la guerre, qu’ils nous donnent la paix, afin que mes huit autres enfants puissent vivre et grandir", implore Sifa, 29 ans, la mère d'Isaac, assise devant sa maison.

Son mari, Bigego, ne connaît pas son âge exact mais pense qu'il avait "peut-être 30 ans quand le M23 était ici en 2013", ce qui lui ferait aujourd'hui 40 ans.

Rébellion à dominante tutsi née en 2012, le M23 avait brièvement occupé Goma avant d'être vaincu en 2013 par les forces armées de RDC (FARDC) et les Casques bleus de l'ONU. Il a repris les armes en fin d'année dernière, reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.

Joseph Nziyunvira, le père de Germain, demande que "les pays développés aident le Congo, afin que justice soit faite et que le coupable soit puni". Il accuse le Rwanda, même si, reconnaît-il, il n'est "ni un politicien, ni un militaire". "Je suis un cultivateur", dit-il, "mais voilà, mon fils a été tué brusquement. Et nous avons encore peur, car les combats continuent".

- "Sauver ma vie" -

Non loin de sa maison, au milieu des bananiers, les tombes des deux enfant ont été creusées, des fleurs plantées. Les corps des petits garçons étaient si abimés que leurs familles ont voulu les inhumer immédiatement. "Mais on ne pouvait pas aller au cimetière, à cause des conditions de sécurité", expliquent leurs parents.

Depuis ce bombardement, la population vit dans la terreur. "Les habitants dorment à l’extérieur, pendant trois jours il n'y a pas eu école, on vit la peur au ventre", déclare Floribert Hakizumwami, chef du village.

A Katale, village voisin de Biruma, une autre école a également été bombardée, son toit de tôle transpercé, deux salles de classe complètement détruites. Là, il n'y a pas eu de victime, les bâtiments étaient vides lors du bombardement.

Sur la route de Goma, des patrouilles de l’armée se sont intensifiées, des chars sont visibles. Mais la panique demeure. Dans le territoire voisin de Nyiragongo, où des combats ont opposé fin mai l'armée au M23, la population s'enfuit, des dizaines de familles partent avec de maigres biens.

"Je n'ai pas de destination fixe, je dois juste sauver ma vie", explique Elisabeth Nsengiyunva. "Les habitants de Gasiza, tout près du parc des Virunga, nous ont dit avoir vu les rebelles, qui leur ont dit qu’ils arrivaient et allaient nous tuer tous", ajoute, paniquée, la mère de famille.

Un officier de l’armée à Kibumba, à une vingtaine de km de Goma, déplore ces mouvements de population provoqués par des rumeurs, assure-t-il, colportées sur les réseaux sociaux.

E.Campana--ESF